Zoubida Assoul, avocate et présidente du l’Union pour le Changement et le progrès (UCP), a mis en garde, dans un entretien publié ce dimanche 4 août 2019 dans les colonnes d’El Watan, contre l’avènement d’un « autre Bouteflika », si on change que des hommes et non les règles et la Constitution.
« Aujourd’hui encore, certains proposent de refaire la même erreur, à travers l’élection rapide d’un nouveau Président sans changer les règles des pratiques politiques et de gouvernance, et lui faire confiance qu’il concédera au changement », a-t-il soutenu.
Elle a expliqué que « ce sont ces règles-là que nous, la mouvance démocratique, voulons changer, parce que changer des hommes, sans changer les règles, la loi et la Constitution, c’est ce qui a mené à cette situation catastrophique à la fois politiquement et économiquement aussi et socialement. On ne peut pas refaire les mêmes erreurs ».
Pour Mme. Assoul , la logique consistant à dire qu’il faut aller vers des élections, amender le code électoral, mettre en place une commission électorale rapidement et élire un nouveau Président, « va ramener un autre Bouteflika ».
Interrogée sur les Forces de l’Alternative démocratique qui devra se réunir le 31 août, Mme. Assoul a savoir que « cette convention sera ouverte sur la jeunesse. Aujourd’hui, la révolution réussit parce que les jeunes, hommes et femmes, qui sont l’avenir du pays, demeurent déterminés. Cette jeunesse doit être impérativement partie prenante de cette alternative démocratique, pour elle-même, et elle doit participer à l’élaboration d’une feuille de route de sortie de crise politique que nous vivons. On a fait appel à ces catégories de citoyens qui sont déterminants dans la vision de la nouvelle Algérie de demain », selon le même média.
Évoquant le dialogue lancé par le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, Mme. Assoul estime qu’ « il faudrait que l’Etat et l’armée soient partie prenante, parce qu’on ne peut pas dialoguer entre nous-mêmes. Vu la complexité de la situation, l’armée pourrait être le facilitateur de cette transition démocratique ».
Elle a ajouté que « si on doit débattre avec les représentants de l’armée, c’est pour débattre comment changer le système en place. C’est dans l’intérêt de l’armée de se libérer et revenir à ses missions constitutionnelles. Les gens attendent une solution politique qui aura un impact direct sur la crise économique et financière du pays ».
Résoudre la crise par un dialogue global
Mme. Assoul doute par ailleurs de la sincérité des tenants du pouvoir à mener un dialogue sérieux. « Si le pouvoir était sincère, ce que nous espérons, dans les jours à venir, il doit changer sa manière de voir les choses et ne pas fixer le dialogue autour de l’élection présidentielle ».
Pour résoudre la crise à travers le dialogue, Mme Assoul appelle à « se mettre autour d’une table et mettre d’accord à la fois les partis politiques, le mouvement associatif, les représentants du peuple et les élites, sur les objectifs, à savoir changer de système de gouvernance, poser les jalons pour la construction d’un Etat de droit et des libertés, un Etat où la séparation et l’équilibre des pouvoirs et l’indépendance de la justice seront consacrés».
« Ensuite, on discutera des mécanismes et des moyens, à la fois juridiques, institutionnels et pratiques, pour réaliser ces objectifs. Enfin, définir la durée de cet assainissement, qui aura un impact sur le fonctionnement de l’Etat, le mode de gouvernance mais aussi sur la situation économique et sociale du pays », a-t-elle expliqué.
La présidente de l’UCP estime qu’ « aujourd’hui, le pays est bloqué parce qu’on n’a pas eu un pouvoir institutionnel mais un pouvoir personnel. Ce n’est pas possible de passer le pouvoir d’une personne à une autre, de garder la même Constitution ».
Elle a expliqué que « ce n’est pas ce que le peuple réclame chaque vendredi. Il refuse d’aller vers des élections avec le gouvernement Bedoui. Regardez les résultats de la gestion centralisée : il y a deux ex-Premiers ministres et des ministres en prison, et d’autres sont en attente. Il ne faut pas seulement s’attaquer aux conséquences du mode de gouvernance, mais aux causes ».