Karim Younès, ancien président de l’APN et coordonnateur du Panel des personnalités mandatées pour mener le dialogue national et la médiation en vue d’une sortie de la crise que traverse le pays, a affirmé, dans un entretien à El Watan paru ce lundi 29 juillet, que « le panel a carte blanche pour traiter de toutes les questions et tous les dossiers de l’heure », estimant que « la situation est grave ».
Répondant à la question : « Est-ce que l’offre de dialogue proposée par le pouvoir vise seulement à aller vers les élections ? Votre mission est-elle de se pencher uniquement sur la préparation de la prochaine présidentielle ? » Karim Younès a affirmé que « Non. Le panel a carte blanche pour traiter de toutes les questions et tous les dossiers de l’heure, la situation est grave. Le panel établira un calendrier de rencontres avec l’ensemble des acteurs politiques issus des partis et de la société civile. Il aura pour mission de recueillir toutes les propositions de sortie de crise et de les évaluer par rapport aux exigences du mouvement citoyen. »
« Ensemble, nous essayerons d’étudier les points de convergence afin de faire un premier pas vers le dénouement progressif et pacifique de la crise. Nous allons faire une synthèse de ces propositions. Personne ne sera exclu. Il s’agit d’être utile pour l’avenir de la République. Le dialogue prendra fin avec la programmation de la Conférence nationale, d’où émanera la commission de préparation, d’organisation et de contrôle des élections, ainsi que la feuille de route du processus politique devant aboutir au changement du mode de gouvernance du pays », a-t-il expliqué.
« Si les engagements pris par la Présidence ne connaissent pas un début d’exécution, le panel pourrait aller jusqu’à son auto-dissolution »
Sur la non satisfaction des conditions posées avant l’entame du processus du dialogue, notamment, la libération des détenus du Hirak, la libération du champs médiatique, et la levée du siège sur la capitale, le départ du gouvernement…etc, Karim Younès a indiqué que, lors de leur rencontre jeudi dernier à la présidence de la république avec le chef d’Etat intérim Abdelkader Bensalah, ce dernier « a promis de prendre en charge ces revendications, mais vous comprendrez qu’il est difficile d’y donner suite en moins de 24 heures, puisque la marche citoyenne a eu lieu le lendemain », ajoutant que « nous attendons des réponses concrètes pour la semaine en cours, faute de quoi il ne sera pas possible d’entamer notre mission. »
« Cette semaine sera décisive. Si les engagements pris par la Présidence ne connaissent pas un début d’exécution, le panel se réunira et examinera l’éventualité de la suspension de ses travaux et pourrait même aller jusqu’à son auto-dissolution », a-t-il affirmé.
Sur la composante du panel qui a suscité une polémique et des interrogations, particulièrement, les trois nouvelles personnalités, Lazhari Bouzid, Abdelwahab Bendjelloul et Benaïssa Azzedine, Karim Younès a déclaré que « personne n’a été imposé ». Il a précisé que « le choix des membres du panel s’est fait par les initiateurs du projet, en concertation avec les parties concernées par la finalité de la mission confiée à cette instance. Cette dernière reste ouverte et pourra être renforcée en fonction de l’avancée du processus de médiation et de dialogue et de ses exigences organisationnelles. »
Karim Younès a rappelé que son rôle est de coordonner l’équipe composant le panel et non de décider seul du choix de ses membres. « J’espère que les personnes contactées et ayant affiché leur disponibilité à contribuer à cette mission pourront nous rejoindre selon les besoins fonctionnels de l’instance », a-t-il dit.
Sur le rejet du panel exprimé par le Hirak lors du 23e vendredi des marches contre le système, l’ancien président de l’APN a estimé que « le rejet de toute initiative soupçonnée d’être pilotée par le pouvoir est chose normale en raison de la rupture de confiance entre ce dernier et les citoyens. » Selon lui, « certains médias et acteurs politiques ne contribuent malheureusement pas à laisser un peu d’espoir aux Algériens, en accordant un petit sursis au panel avant de le juger. »
« Il nous appartient maintenant de regagner la confiance citoyenne à travers des faits concrets de crédibilité de la mission, en attendant du pouvoir de concrétiser les mesures urgentes demandées par le mouvement citoyen », a-t-il conclu.