La Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) a annoncé samedi 20 juillet l’arrêt des exportations depuis le terminal pétrolier de Zawiya (ouest), après la suspension de la production du plus grand champ pétrolier du pays à cause du « sabotage » d’un pipeline « par un groupe non identifié ».
« La NOC déclare l’état de force majeure sur le chargement de brut au port de Zawiya à cause de la fermeture (vendredi) des vannes par un groupe non identifié » sur une section d’un pipeline reliant le champ pétrolier d’al-Charara à Zawiya, a indiqué la NOC samedi dans un communiqué publié sur son site internet.
L’état de « force majeure » est une mesure invoquée dans des circonstances exceptionnelles qui permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole.
Le champ d’al-Charara produit 315.000 barils par jour, soit près d’un tiers de la production globale libyenne, selon la NOC.
Situé dans la région d’Oubari, à environ 900 km au sud de Tripoli, il est géré par la compagnie Akakus, une joint-venture entre la NOC, l’espagnol Repsol, le français Total, l’autrichien OMV et le norvégien Statoil. « Cet acte criminel a obligé la NOC à déclarer la force majeure à Zawiya« , terminal situé à 45 kilomètres à l’ouest de Tripoli, a indiqué le patron de la compagnie, Moustafa Sanalla. « Les tentatives délibérées de sabotage des oléoducs et de la production pétrolière portent préjudice aux revenus pétroliers nationaux et à l’approvisionnement en électricité« , a-t-il déploré dans le communiqué, affirmant que les responsables seraient identifiés et poursuivis en justice.
La production des champs pétroliers de l’ouest de la Libye est régulièrement arrêtée en raison de blocages imposés par des milices faisant office de gardes des installations pétrolières, pour réclamer des rémunérations ou pour des motivations politiques.
Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est dirigée par deux entités rivales : le Gouvernement d’union nationale (GNA, basé à Tripoli) et reconnu par l’ONU, et un cabinet parallèle installé dans l’est et soutenu par le puissant maréchal Khalifa Haftar.
Début février 2019, l’Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Haftar, qui mène une offensive sur Tripoli depuis le 4 avril, s’était emparée sans combats d’al-Charara dans le cadre d’une opération militaire dans le sud du pays.
La NOC avait conditionné la reprise de la production au départ des groupes armés du champ pétrolier, ce qui a eu lieu début mars.
L’ANL contrôle les plus importants terminaux pétroliers dans l’est du pays, dont la gestion a été confiée à la NOC, qui tente tant bien que mal de garder sa neutralité entre les camps rivaux.
Afp