Les habitants des pays en développement dépensent 500 milliards de dollars par an (soit plus de 80 dollars par personne) de leur poche pour avoir accès aux services de santé, et les plus pauvres sont ceux qui en souffrent le plus, selon un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale publié avant le Sommet du G20. Le rapport affirme que l’absence d’accès universel à des services de santé abordables et de qualité menace les progrès réalisés depuis des décennies dans le domaine de la santé, compromet les perspectives économiques à long terme des pays et les rend plus vulnérables aux risques de pandémie.
Le financement de la couverture sanitaire universelle (CSU) dans les pays en développement est une priorité pour la présidence japonaise du G20. Après avoir été examiné par les ministres des Finances du G20 au début de ce mois, le rapport de la Banque mondiale va inspirer la toute première session conjointe des ministres des Finances et de la Santé du G20 qui se tiendra le 28 juin à Osaka sous l’égide du Japon. Au niveau mondial, la santé est un secteur économique important qui représente 11 % du PIB et crée des millions d’emplois, dont beaucoup pour les femmes. « La couverture sanitaire universelle (CSU) ne concerne pas simplement la santé : il est indispensable d’y inclure la croissance, souligne le ministre japonais des Finances Taro Aso. L’adoption par le Japon, en 1961, d’un système qui fournissait des soins de santé de qualité et abordables a contribué à des décennies de progrès social et économique. Nous pensons que la CSU est indispensable pour tous les pays en développement et que le G20 a un rôle crucial à jouer pour la réaliser ».
Le rapport, intitulé High-Performance Health Financing for Universal Health Coverage, prévoit que d’ici 2030, date cible pour la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), il y aura dans les 54 pays les plus pauvres un écart de 176 milliards de dollars entre le financement nécessaire pour fournir à leurs populations des services de santé abordables de qualité et les ressources financières effectivement disponibles. En l’absence d’une action urgente, les pays en développement confrontés au vieillissement de la population et au fardeau croissant des maladies non transmissibles auront de plus en plus de mal à combler l’écart entre la demande de dépenses de santé et les ressources publiques disponibles, ce qui fera que les patients et leurs familles continueront de financer eux-mêmes ces dépenses. « La santé est un investissement essentiel en capital humain que les pays doivent effectuer pour que leurs populations réussissent à l’école et au travail, affirme Kristalina Georgieva, directrice générale de la Banque mondiale. Nous devons agir de toute urgence pour remédier au financement insuffisant, inefficace et inéquitable de la santé qui freine les populations et les pays ».
Le rapport exhorte les pays à augmenter les investissements nationaux dans la santé et à en faire une priorité pour l’ensemble du gouvernement, à améliorer la viabilité financière en amplifiant les investissements qui ont fait leurs preuves, comme ceux qui sont consacrés aux soins de santé primaires atteignant les plus pauvres, et en taxant le tabac, les boissons alcoolisées et sucrées pour augmenter leurs revenus et améliorer la santé publique. Le rapport estime que l’aide internationale consacrée à la santé devrait être accrue et axée sur les pays et les populations qui accusent le plus de retard et sur le renforcement des institutions et des capacités nationales. « L’Union africaine s’est engagée en février 2019 à accroître les investissements nationaux dans la santé sur le continent et à institutionnaliser la collaboration entre les ministres des Finances et de la Santé en Afrique », a déclaré Mohamed Maait, ministre des Finances de l’Égypte, qui assure actuellement la présidence de l’Union africaine et a été invitée à la réunion ministérielle spéciale du G20 à Osaka. « Nous nous félicitons de cette initiative du G20 et du Groupe de la Banque mondiale et avons l’intention de faire progresser ce programme au niveau régional en Afrique au cours de l’année prochaine, pendant la présidence égyptienne de l’UA. »
Même dans le meilleur des cas, avec des investissements nationaux et internationaux plus importants, plus efficaces et plus équitables, le rapport prévoit que le déficit de financement de la CSU à l’horizon 2030 ne pourra être comblé. Il demande instamment que le financement de la santé soit donc une priorité essentielle pour l’innovation au cours de la prochaine décennie afin de contribuer à résorber ce déficit.
Source WBANK