« Bienvenue à Osaka », a lancé Shinzo Abe, le Premier ministre du Japon, qui accueille, ce vendredi et samedi, le G20. Si ce dernier mise sur une « belle harmonie », les divergences entre les grands de ce monde demeurent. « Ensemble, j’espère que nous réaliserons à Osaka une belle harmonie », a-t-il déclaré en référence à la signification de « Reiwa », nom de cette nouvelle ère. Flanqué d’un côté du président Trump, de l’autre du président chinois Xi Jinping, les deux grands rivaux du moment, Shinzo Abe a appelé à « trouver un terrain commun plutôt que de souligner les affrontements ».« Nous avons le temps » de résoudre les tensions
A-t-il bien reçu ce message ? Le locataire de la Maison Blanche a multiplié à Osaka les amabilités et déclarations conciliantes, alors qu’il en avait étrillé certains ces derniers jours. Il a par exemple vanté les « magnifiques usines » construites par les constructeurs automobiles japonais aux Etats-Unis, après s’être moqué publiquement de la dépendance militaire du Japon envers les Etats-Unis. Donald Trump a aussi dit vouloir « bien s’entendre » avec l’Inde, dont il critique pourtant la politique commerciale. Sur l’Iran, l’un des grands sujets de crispation du moment, Donald Trump s’est aussi voulu apaisant. « Nous avons le temps » de résoudre les tensions, a-t-il dit, lui qui parlait encore il y a peu de « guerre » contre les Iraniens.
Avant la traditionnelle photo de famille, il est arrivé en grande et amicale conversation avec le Russe Vladimir Poutine, qui cherche à calmer le jeu en Iran. Puis Donald Trump a eu un échange visiblement cordial avec le prince héritier Mohammed Ben Salmane, partisan au contraire de la stratégie américaine de pression sur Téhéran. Donald Trump a aussi qualifié Angela Merkel de « femme fantastique », lors d’un tête-à-tête, lui qui avait parlé de partenaire « défaillant » à propos de l’Allemagne tout récemment.
Interrogée sur sa santé, après deux crises de tremblement en public en l’espace de quelques jours, la chancelière allemande n’a pas souhaité répondre. En fin de carrière politique, elle symbolise peut-être plus que tout autre dirigeant la volonté de coopération qui avait conduit les leaders du G20 à se réunir pour la première fois en 2008, en pleine crise financière. La montée des populismes a mis à mal cette ambition de gouvernance mondiale, en particulier sur le commerce et le climat.
Loin de tout format multilatéral, Donald Trump et le président chinois Xi Jinping auront ainsi entre les mains, lors de leur entretien prévu samedi, le sort de l’économie mondiale. Washington menace de taxer la totalité des importations chinoises, ce qui serait certainement un point de non-retour dans le conflit commercial et technologique des deux géants. « L’unilatéralisme, le protectionnisme, et les pratiques de harcèlement sont en progression, ce qui constitue une grave menace », a déploré un responsable du ministère chinois des Affaires étrangères, Dai Bing. Nombre d’analystes espèrent malgré tout une trêve à Osaka.
Autre sujet de tension: le climat. Les Etats-Unis ne veulent plus entendre parler de l’accord de Paris, et certains dirigeants comme le Brésilien Jair Bolsonaro rejette toute critique occidentale sur leur politique environnementale. « Il est clair qu’il sera difficile d’obtenir une percée » sur ce thème, a déclaré le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont également des divergences profondes sur la forme même que doit prendre l’action politique à l’ère de la mondialisation.
Vladimir Poutine a critiqué les idées progressistes des démocraties occidentales, dans une interview au Financial Times vendredi. Les progressistes « ne peuvent simplement pas dicter ce qu’ils veulent comme ils l’ont fait ces dernières décennies », a lancé l’homme fort de la Russie, saluant la politique dure de Donald Trump sur l’immigration illégale. Cette idée de progressisme « est devenue obsolète », a-t-il dit. Ce sont « l’autoritarisme, le culte de la personnalité et la loi des oligarques qui sont réellement obsolètes », a rétorqué le président du Conseil européen Donald Tusk.
Afp