Dans cet entretien, l’expert financier, MBerkouk donne son avis sur la situation économique et financière du pays depuis le 22 février. Il s’exprime notamment sur les dernières arrestations des hommes d’affaires et des responsables estimant que leurs conséquences en matière économique et d’emploi dépendent de la réalité économique.
Algérie-Eco : Comment se porte actuellement l’économie du pays face à cette situation de crise?
MBerkouk : Le modèle économique Algérien n’est pas solide depuis la libération du Pays et la mise en place d’une Gouvernance de l Etat fondée sur la gestion et la distribution d’une rente volatile. Sa dépendance à la fluctuation des prix du pétrole la rend vulnérable a des paramètres sur lesquels le Pays n a aucune prise.
L’économie algérienne n est pas « Malade » a cause du « Hirak », elle alterne embellie financière et crise de Trésorerie au gré des variations du pétrole.
Ce qui témoigne de l absence de toute autonomie de son modèle de développement économique. A une économie en crise est venue s’ajouter une crise Politique qui est une des conséquences du rejet du modèle rentier en vigueur depuis 1962 et qui s’aggravé depuis 1999.
La crise Politique qui couvait depuis des années et qui s’est manifestée le 22/02/2019 a des conséquences sur la vie économique du Pays .Elle a bouleversé l’administration et la gestion des affaires de l’état principal ordonnateur des actes économiques essentiels du Pays en raison de la faiblesse du secteur Privé.
Elle bloque la négociation des engagements long terme, le règlement des opérations en cours, les IDE, les Transferts de devises justifiés etc….
Le Pouvoir Politique en place n’est pas seul responsable de ce blocage en raison du temps qu’il perd a adressé les revendications du Peuple, le « HIRAK » doit également hiérarchiser ses revendications pour permettre une sortie de crise sans conséquences irréversibles
La situation financière du pays inquiète aussi. Quels sont les meilleures solutions pour mener une transition économique et financière?
La résolution de la crise Politique permettra d’adresser les questions économiques et financières. Seul un Parlement « honnêtement » élu et un Gouvernement légitime sera en mesure de prendre et de justifier des mesures de redressement économiques impopulaires.
Il n y a pas de solutions miraculeuses à attendre d’un nouveau Gouvernement. La remise sur pieds de l’économie algérienne va exiger courage et patience.
L’audit des finances publiques, des entreprises étatiques, de la situation de la production pétrolière va nous donner une idée de l ampleur de la tache à accomplir par un gouvernement légitime.
Si l’avenir du pays est radieux, le court terme sera douloureux quelque soit le Gouvernement choisi. Pour cette raison, il faut cesser de perdre du temps !
Des patrons d’entreprises ont été arrêtés pour corruption, dernièrement c’est le groupe Tahkout qui a été ciblé. Quel avenir pour leurs entreprises et les postes d’emploi?
S’agissant des arrestations pour corruption et/ou malversation de décideurs privés ou publiques, leurs conséquences en matière économique et d’emploi dépend de la réalité économique et donc de la valeur ajoutée réelle de ces entreprises ou organisations au Pays.
A cet égard il faut distinguer les personnes morales qui peuvent avoir une utilité économique et sociale de leurs dirigeants qui ont un comportement condamnable. Si le modèle économique des entreprises est viable, elles survivront. S il ne reposait que sur la corruption, les emplois étaient « fictifs », c’est triste pour les employés en tant que catégorie mais salutaire pour le Pays.