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Transition économique : les pays d’Europe centrale, un exemple à suivre pour l’Algérie

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Depuis le 22 février 2019, l’Algérie traverse une période d’incertitude, tant au niveau politique, qu’économique. Dans un contexte où la restructuration de l’économie algérienne devient nécessaire, le Cercle d’Action et de Réflexion autour de l’Entreprise (CARE) a organisé ce mercredi une conférence, à l’hôtel Sofitel d’Alger, pour partager les enseignements de la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque en matière de réformes structurelles.

L’expérience de ces anciens pays communistes a montré que le processus de transition est long, complexe et difficile. Malgré les défis colossaux qu’impose le passage de l’économie planifiée à l’économie de marché, le processus de transition en Europe Centrale a abouti à un développement économique remarquable.

M. Árpád Kovács, économiste, a indiqué que « le secteur financier en Hongrie était dans une situation catastrophique, et de ce fait, il ne pouvait pas soutenir le processus de privatisation. La Hongrie a eu un recours massif aux investissements directs étrangers, ce qui a permis une réduction de la dette. Au cours des années 1990, le secteur privé représentait 40% de l’économie. Aujourd’hui, 90% de l’économie hongroise est entre les mains du secteur privé ».

La Pologne : un cas d’école à suivre

M. Filip Mudyna, le chef du Bureau commercial auprès de l’Ambassade de Pologne en Algérie, a indiqué que « la transition a commencé en Pologne en 1989, mais c’était une transition progressive. Certaines réformes ont été introduites d’un seul coup, comme la libéralisation du taux de change et la privatisation des entreprises. Mais d’autres réformes, comme la réforme sociale, sont intervenues plus tard, dans le processus de transition ».

Évoquant les indicateurs économiques qui démontrent les résultats de cette transition en Pologne, M. Mudyna a souligné qu’ « en 1989, la Pologne avait un PIB (mesuré par la parité du pouvoir d’achat) de 228 milliards de dollars. Après 30 années de transition, le PIB du pays s’élève à 1.193 milliards de dollars ».

Durant les 10 premières années de la transition, la Pologne avait connu une récession économique dramatique, notamment après la perte du monopole de l’Etat. Depuis 1992, la Pologne n’a pas connu de récession économique. Le pays a enregistré une croissance économique de 4,6%, alors qu’elle était de -11,6% en 1990. En 1990, le pays a enregistré une inflation de 251,1%. Elle est passée à 2,3% en 2019.

C’est dans le domaine des exportations que la Pologne se distingue le plus. En effet, le pays exportait pour une valeur de 19 milliards de dollars en 1989, pour passer à 262 milliards de dollars en 2019. La valeur des investissements directs étrangers (IDE) est de 176 milliards de dollars entre 1989 et 2019.

Il est impératif et vital de réaliser une transition économique

De son côté, M. Omar Berkouk, économiste et consultant, a indiqué que « les expériences des pays de l’Europe de l’Est, dont les économies ressemblent à celle de l’Algérie aujourd’hui est intéressante, puisque ils sont passés, au niveau de cette transition, par une période de crise ».

Il a expliqué que « l’économie de l’Algérie ressemble à celle de ces trois pays, avant la chute du Mur de Berlin. Il est donc intéressant de savoir comment ils ont réglé les problèmes liés au manque de capital, de compétences, mais surtout le caractère inéluctable d’une transition d’une économie administrée et planifiée à une économie de marché ».

Selon l’économiste, « ce qu’on peut tirer de l’expérience de ces trois pays, en dehors de la mise en place d’une véritable économie de marché, on ne peut pas créer de richesses et on ne peut pas régler les problèmes d’inflation, d’emplois et de croissance économique ».

Pour M. Berkouk, « il n’y a pas de solution préétablie pour un pays. On peut s’inspirer de ce qui a été fait, regarder les erreurs pour ne pas les reproduire, mais surtout pour gagner du temps, puisqu’ils ont tâtonné pour arriver à sortir de la crise. On pourrait emprunter certaines de leurs solutions, pour gagner du temps, d’autant plus que notre économie est fortement dépendante du pétrole ».

« Même si l’Algérie reste peu endettée envers des pays extérieurs, mais la baisse des prix du pétrole et le caractère volatile du pétrole, nous expose à des difficultés plus importantes que celles que ces trois pays ont connues, et dont la proximité avec l’Europe a permis d’avoir de l’aide », a-t-il expliqué, ajoutant que « l’Algérie n’aura pas l’aide de l’Union européenne, mais que les contrainte du FMI et de la banque mondiale, si nous ne réussissons pas notre transition ».

M. Berkouk a par ailleurs indiqué que « les solutions qu’ils ont adoptées et qu’on sera obligé d’emprunter, c’est la privatisation des entreprises publiques, des infrastructures, l’encouragement de l’investissement étranger », en citant le cas de la Pologne qu’il a qualifié de « miracle ».

L’économiste estime que « les 200 milliards de dollars de réserves de change générés par la manne pétrolière, nous ne a pas permis de sortir de la dépendance aux hydrocarbures, parce qu’on n’a pas fait les réformes de structurelles que ces trois pays ont fait. Il n’y a pas d’alternative aux réformes de structure ».

Pour M. Berkouk, « il est impératif et vital de réaliser une transition économique, puisque nos réserves de change vont s’amenuiser progressivement et vont s’épuiser en 2022, s’il n’y a pas une remontée brutale des cours du pétrole. Notre production de pétrole baisse, parce qu’on n’a pas fait les efforts d’exploration, les prix stagnent autour de 60 dollars le baril. Compte tenu de nos besoins en finances publiques, on va droit dans le mur ».

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