Présentant son Livre blanc, Pékin considère que les Etats-Unis portent « l’entière responsabilité » de l’échec des discussions commerciales bilatérales.
Menaces d’embargo sur certains métaux, « liste noire » d’entreprises étrangères, hausse des droits de douane et rhétorique guerrière : en quelques jours, Pékin est passé résolument à la contre-offensive. Et la Chine a encore haussé le ton, dimanche 2 juin, en rejetant la responsabilité de l’échec des discussions sur Washington et en rappelant qu’elle « ne transigerait pas sur les principes fondamentaux ». « La guerre commerciale ne rend pas sa grandeur à l’Amérique », a déclaré depuis Pékin le vice-ministre de l’information, Guo Weimin, en écho au slogan de campagne de Donald Trump.
Depuis lors, les prix et les coûts de production ont augmenté aux Etats-Unis, leurs exportations vers la Chine ont baissé et la croissance mondiale est menacée, a résumé M. Guo, en présentant à la presse un Livre blanc. Ce document de 21 pages, qui résume les positions chinoises, est publié au lendemain de l’entrée en vigueur de nouveaux droits de douane punitifs sur 60 milliards de dollars de produits américains importés chaque année en Chine, en réponse aux dernières sanctions américaines prises début mai sur 200 milliards de dollars de produits chinois.
Un mois après l’échec à Washington des discussions commerciales, M. Guo a estimé pour sa part que les Etats-Unis portaient « l’entière responsabilité » de ce revers pour avoir à plusieurs reprises modifié leurs exigences. Alors que le gouvernement chinois avait affirmé que les discussions reprendraient à Pékin à une date indéterminée, il n’en a pas été question lors de la conférence de presse de dimanche. M. Guo a dit ne pas avoir d’informations sur une possible rencontre bilatérale entre M. Trump et son homologue chinois, Xi Jinping, fin juin à Tokyo en marge du sommet du G20.
Même si « la coopération est le seul choix possible » avec Washington, « la Chine ne transigera pas sur les principes fondamentaux », assure le Livre blanc, qui juge « totalement infondées » les accusations de vol de propriété intellectuelle formulées par l’administration Trump. Presque au même moment, depuis Singapour, le ministre chinois de la défense assurait que la deuxième puissance économique mondiale répondrait aux assauts de Washington. « Si les Etats-Unis veulent parler, nous allons maintenir la porte ouverte. S’ils veulent l’affrontement, nous sommes prêts », a résumé le général Wei Fenghe lors d’un forum international.
L’affrontement commercial se double d’un conflit technologique. Le mois dernier, Washington a placé le géant chinois des télécoms Huawei, soupçonné d’espionnage, sur une liste noire des entreprises auxquelles il est interdit de céder de la technologie américaine.
Le coup est considéré comme très dur pour Huawei, qui a besoin des puces électroniques américaines pour équiper ses téléphones portables. Pékin a répliqué vendredi en annonçant la création d’une « liste noire » d’entreprises étrangères « non fiables ». Le gouvernement chinois a aussi laissé entendre qu’il pourrait bloquer ses exportations de « terres rares », des métaux dont l’industrie américaine a besoin dans de nombreux secteurs de pointe.
A propos de Huawei, le ministre chinois de la défense a estimé que ce n’était pas une entreprise militaire. « Ne pensez pas que, puisque le patron de Huawei a servi dans l’armée, alors l’entreprise qu’il a bâtie fait partie de l’armée », a déclaré le général Wei Fenghe.
Afp