Le Mausolée royal de Maurétanie (de Tipasa), classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, a été rouvert au public dans la soirée de vendredi après 27 ans de fermeture (1992) pour raisons sécuritaires liées à sa protection contre d’éventuels attentats terroristes.
La décision de réouverture « à titre exceptionnel » du Mausolée royal de Maurétanie dans la soirée de vendredi a été prise par la Direction technique de protection des biens culturels, relevant de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés (OGEBC), dans l’attente de la finalisation d’une étude technique attestant de l’absence d’un risque quelconque sur le monument lié à la présence des visiteurs.
Une soirée artistique a été animée sur place par l’association culturelle de chant Andalou ‘El Manara’.
Accompagnés de spécialistes en archéologie, les nombreux visiteurs du Mausolée royal de Maurétanie, -sis sur les hauteurs de Sidi Rached, avec vue plongeante sur la côte du Chenoua- venus à l’invitation de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés, n’ont pas caché leur « admiration et stupéfaction mêlées de fierté et d’orgueil » à la découverte de « ce site d’exception » comme ils l’ont qualifié dans leurs déclarations à l’APS, « construit depuis la nuit des temps, selon des techniques architecturales de haut niveau, qui n’ont pas encore livré leurs secrets, jusqu’à nos jours », a observé le directeur de l’exploitation à l’Office, Youcef Lalmas.
Parallèlement à une soirée andalouse de haute facture, animée par la troupe de l’association « El Manara », les visiteurs du Mausolée royal de Maurétanie ont été invités à la découverte de ses différents passages séparés d’une galerie menant à la chambre funéraire, supposée être la sépulture de la reine égyptienne Cléopâtre, épouse de Juba II, roi de la Mauritanie césarienne.
La décision de réouverture du Mausolée royal aux visiteurs est « historique et courageuse », a estimé, pour sa part, le directeur de l’OGEBC, Nasroune Bouhil, soulignant qu’elle vise « la valorisation et promotion du patrimoine archéologique national ».
Les visites sur site sont encadrées par la Direction technique de protection des biens culturels de l’Office, en charge de la protection de ce type de monuments archéologiques.
Ainsi, les invités à cette première soirée familiale, organisée en ce mois sacré du Ramadhan, ont eu droit à des visites guidées, à l’intérieur du mausolée, par groupes d’une quinzaine de personnes, a précisé M. Nasroune, soulignant la possibilité d’organisation de soirées similaires à l’avenir « à condition qu’elles ne constituent pas un risque sur le site », a-t-il relevé.
Interrogé sur l’inhumation supposée ou pas de la reine Cléopâtre dans le Mausolée, Youcef Lalmas a souligné que les recherches à ce sujet « n’ont pas encore confirmé cette hypothèse ». « Une chose est sûre cependant, la reine Cléopâtre a bien visité le Mausolée qui abritait, à l’époque, des rites à l’honneur des morts de la famille royale », a assuré le responsable.
« Les historiens s’accordent, en outre, sur le fait que le mausolée a été bien construit pour servir de sépulture aux membres de la famille royale », a-t-il ajouté.
M. Lalmas a, par ailleurs, exprimé son rejet catégorique de l’appellation de « pyramides algériennes » donnée par certains médias à ce mausolée, estimant que ce titre « réduit la valeur historique et archéologique du monument ». « Il n’y a aucun lieu de comparaison avec les pyramides d’Egypte, tant au volet des techniques de construction, que de l’époque de sa réalisation », a-t-il assuré.
Le Mausolée royal de Maurétanie est situé à près de 70 km à l’Ouest de la capitale algérienne, avant d’arriver à la ville de Tipasa, sur la route menant à Cherchell.
Ce monument, construit en pierre, est de forme circulaire, avec une base de 185,5 mètres et un diamètre de 60,9 mètres, sur une hauteur de 32,4 mètres. La base de la structure était autrefois ornée de 60 colonnes ioniques et quatre portes arrières. Les visiteurs ont accès au mausolée à travers une petite porte à sa base, située dans sa partie Est.
Au centre de la tombe se trouvent deux chambres voûtées accessibles par un escalier en colimaçon. Ces chambres sont divisées par un court passage et séparées de la galerie par des portes en pierre mobiles.
Le tombeau est parfaitement visible de la plaine de la Mitidja, au Sud d’Alger, et des hauteurs de Bouzaréah. Il constitue, également, un point de repère pour les marins et pêcheurs en mer.
D’autres mausolées de constitution similaires existent en Algérie, à l’exemple du mausolée numide de Medghacen de la ville de Batna, ou le mausolée ouvert de Tlemcen.
Selon certains vieux écrits romains, la construction du Mausolée royal de Maurétanie remonterait à l’an 40 après J.C, soit à l’époque de la prise du royaume de Mauritanie par les romains.
APS