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Trump vend des armes à l’Arabie saoudite en contournant un congrès réticent

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L’administration américaine de Donald Trump a annoncé vendredi de nouvelles ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, en invoquant la menace imputée à l’Iran pour contourner un Congrès de plus en plus hostile à l’attitude de Ryad.

Les parlementaires démocrates, qui ont dévoilé ce tour de passe-passe avant même le département d’Etat qui n’a pas encore communiqué à ce sujet, sont immédiatement montés au créneau pour dénoncer une décision « sans précédent » et « inacceptable ». Le Congrès américain avait approuvé début avril une résolution exhortant le président des Etats-Unis à cesser toute assistance à la coalition menée par l’armée saoudienne qui intervient depuis 2015 dans la guerre au Yémen contre les rebelles Houthis soutenus par Téhéran, ennemi commun de Ryad et Washington. Donald Trump a mis son veto à ce texte, mais il est fort probable que les élus se seraient opposés à toute nouvelle vente d’armes à l’Arabie saoudite — ils ont déjà bloqué de tels contrats récemment en brandissant la menace d’un feu rouge.

La procédure habituelle veut que les ventes d’armes ne se concrétisent que si le Congrès ne s’y oppose pas dans un délai de 90 jours après leur notification par le département d’Etat.

Le gouvernement a « invoqué une obscure disposition » législative sur les exportations de munitions à guidage de précision pour passer outre l’avis du Congrès, évoquant « des années de comportement néfaste de la part de l’Iran mais sans expliquer clairement ce qui constitue aujourd’hui une urgence », a déclaré le sénateur démocrate Bob Menendez dans un communiqué, sans préciser la nature exacte ni le montant de ces contrats. Plusieurs autres sénateurs démocrates ont protesté, Bob Casey évoquant un « mépris total pour le Congrès » et Chris Van Hollen un « abus de pouvoir ».

La décision gouvernementale les hérisse pour plusieurs raisons. D’abord, le contexte d’escalade des tensions avec l’Iran en cours depuis début mai.

Evoquant des menaces d’attaques « imminentes » de la part de Téhéran ou de ses alliés régionaux contre les intérêts américains, Washington a multiplié les déploiements militaires, dépêchant dans le Golfe un porte-avions, des bombardiers B-52, un navire de guerre et des missiles Patriot. Le président Trump a aussi annoncé vendredi l’envoi de 1.500 soldats supplémentaires au Moyen-Orient de manière « préventive ». Or, bon nombre d’observateurs et d’élus d’opposition soupçonnent les plus va-t-en-guerre dans l’entourage présidentiel d’exagérer les risques pour renforcer la pression sur la République islamique, voire pour provoquer une confrontation ou même un conflit.

La situation au Yémen, où la coalition saoudienne est accusée de faire de nombreuses victimes civiles dans ses frappes, est également évoquée. « J’ai empêché l’administration Trump de vendre des dizaines de milliers de bombes à guidage de précision à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis tant qu’elle ne sera pas en mesure de prouver que l’assistance américaine et les ventes d’armes améliorent » leur « respect des droits humains au Yémen et sont conformes aux intérêts de sécurité nationale des Etats-Unis », a souligné le sénateur Menendez. « Les Saoudiens ont créé l’un des pires désastres humanitaires au monde au Yémen », a renchéri sa collègue Dianne Feinstein. « La guerre menée par l’Arabie au Yémen n’est pas une urgence, c’est un crime contre l’humanité », a-t-elle tonné.

Le débat sur les ventes d’armes au royaume saoudien fait aussi rage en Europe, où la France a refusé de les suspendre contrairement à l’Allemagne qui les a officiellement gelées.

Enfin, le Congrès, démocrates et républicains confondus, est plus généralement remonté contre Ryad depuis l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en octobre dans le consulat de son pays à Istanbul, un meurtre dont le Sénat américain a unanimement attribué la responsabilité au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. « Au lieu de résister à ceux qui ont assassiné Jamal Khashoggi et travaillent contre les intérêts américains, l’administration Trump a décidé de contourner le Congrès et peut-être aussi la loi », a regretté Bob Menendez.

Le locataire de la Maison Blanche a fait clairement savoir qu’il ne remettrait pas en cause l’alliance avec l’Arabie saoudite, notamment pour ne pas perdre de juteux contrats d’armement.

Afp

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