L’OCDE a appelé mardi les Etats à éviter « d’urgence » une guerre commerciale, sur fond de passes d’armes entre Chine et Etats-Unis, et à unir leurs efforts pour redynamiser l’économie mondiale, qui devrait croître de 3,2% cette année, une prévision revue à la baisse par l’institution basée à Paris. « Les gouvernements doivent agir d’urgence pour redynamiser une croissance dont tout le monde bénéficierait », a indiqué l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) dans ses prévisions publiées à l’occasion de sa réunion annuelle à Paris mercredi et jeudi.
Face aux risques de guerre commerciale, l’institution a appelé les Etats à « régler les conflits (…) via une plus grande coopération internationale, tout en améliorant le cadre juridique international », dans une allusion implicite à la réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Le message de l’institution est d’autant plus urgent qu’elle alerte sur les risques pour la croissance mondiale « d’obstacles supplémentaires au commerce qui feraient du tort aux investissements, aux salariés et aux consommateurs ».
A l’image du FMI, qui a appelé en avril l’Allemagne à relancer la croissance en Europe, l’OCDE a aussi invité les pays disposant de marge de manoeuvre budgétaire à « investir dans les infrastructures », mais sans citer explicitement Berlin.
En zone euro, elle recommande notamment de « combiner des mesures structurelles et budgétaires pour relancer l’activité ». Outre la guerre commerciale, l’institution basée à Paris s’inquiète d’un éventuel « ralentissement marqué en Chine qui pourrait avoir des répercussions partout dans le monde », ainsi que l’augmentation de la dette privée.
Face à ces risques, l’OCDE a abaissé une nouvelle fois sa prévision pour la croissance mondiale à 3,2%, contre 3,3% en mars, soit 0,3 point de moins qu’à la fin de l’année dernière. En revanche, elle a maintenu le léger rebond attendu pour l’an prochain à 3,4%. Ces prévisions ne prennent pas directement en compte les récentes passes d’armes entre la Chine et les Etats-Unis autour des droits de douane et du géant technologique Huawei. « Il demeure une forte incertitude sur la durée pendant laquelle (les taxes douanières) resteront en place et sur l’évolution à venir de la relation commerciale entre les deux pays », a expliqué une source de l’institution à l’AFP.
En revanche, « l’augmentation de l’incertitude liée aux tensions commerciales dans les mois passés, y compris autour de l’éventualité de ce relèvement de droits de douane jusqu’à leur annonce, est incorporée dans les projections,’ a-t-elle souligné. « Or ce climat d’incertitude est un facteur important des effets dommageables des tensions commerciales, en particulier sur l’investissement et la confiance des entreprises », a-t-elle prévenu.
Malgré ce contexte, l’organisation a relevé ses prévisions pour les Etats-Unis à 2,8% cette année, soit 0,2 point qu’en mars, mais elle s’attend à un léger recul de la première économie mondiale à 2,3% l’an prochain. Pour la Chine, pas de changement. L’OCDE table toujours sur un ralentissement à 6,2% cette année et 6% l’an prochain.
En Europe, l’institution a maintenu sans changement sa prévision pour la zone euro à 1,2%, tout en maintenant l’Allemagne à 0,7% cette année et à 1,1% pour l’an prochain. Pour la France, elle n’a pas changé non plus sa prévision à 1,3% pour cette année et la prochaine, soit légèrement moins que la prévision du gouvernement (1,4%). Elle revoit toutefois à la hausse la tendance pour l’Italie, dont la croissance devrait être nulle cette année et non de -0,2. En 2020, ce pays devrait rebondir à 0,6% (+0,1 point). Pour le Royaume-Uni, dont l’économie fait face aux incertitudes du Brexit, l’OCDE a relevé ses prévisions de 0,8% à 1,2% cette année.
Dans les pays émergents, l’OCDE table cette année sur une croissance de 1,4% au Brésil (-0,5 point), 7,2% pour l’Inde (sans changement) et 1,2% pour l’Afrique du sud (-0,5 point).
Afp