Saïd Sadi, ancien président et fondateur du parti Rassemblement pour la Culture et la démocratie (RCD) a mis en garde contre la tenue des élections présidentielles prévues pour le 04 juillet 2019, notamment dans la situation politique qui prévaut actuellement en Algérie.
Dans une contribution publiée ce dimanche sur sa page Facebook, Saïd Sadi a indiqué que des acteurs « insistent à aller d’abord à une élection présidentielle pour laisser, ensuite, au futur chef d’Etat le soin de conduire la phase transitoire. Cette opération capitale pour notre destin serait faite avec l’attelage constitutionnel actuel qui octroie au chef de l’exécutif des pouvoirs quasi-monarchiques », précisant que « deux risques évidents apparaissent dans cette démarche ».
« Par inclination personnelle d’abus de pouvoir, le futur élu pourra user de cette aubaine pour rétablir un règne oligarchique. Les cercles occultes, qui ne disparaîtront pas du jour au lendemain, peuvent activer ces prérogatives exorbitantes pour faire pression sur le futur président en vue d’avoir la main sur une gestion autoritaire et hors de contrôle. Dans tous les cas de figure, la présidentielle, organisée dans ces conditions, conduira inévitablement à un détournement voire un reniement de la Révolution avec les conséquences délétères que peut engendrer un tel dépit dans le pays et sur toute la région nord-africaine », a-t-il souligné.
Saïd Sadi estime que « comme dans tout processus révolutionnaire, il y a un agenda et des priorités. Au risque d’être redondant, il faut rappeler les évidences. La logique du combat actuel veut que la constitution garantisse avant toute chose un régime équilibré adossé aux grands principes démocratiques qui doivent fonder la cité de demain ».
Les tentations contre-révolutionnaires
L’ancien président du RCD a par ailleurs critiqué « les tentations contre-révolutionnaires » visant à déstabiliser la révolution du 22 février. « On assiste à des irruptions de sources politiciennes qui assurent vouloir sincèrement contribuer à la sortie de crise. Ces interventions parlent de changement « de régimes » et non « de système » ; ce qui limite les responsabilités devant l’impasse actuelle aux prédations commises par le chef de l’Etat déchu et à son entourage. Nul ne pense à dédouaner ce clan de son sombre bilan. Mais ignorer que c’est la confiscation de l’indépendance qui a constitué le lit de ces dérives s’assimile à une volonté de dissimuler les causes profondes du drame national et, au final, d’en égarer la recherche de solutions idoines », a-t-il indiqué.
M. Sadi estime que les élites doivent « comprendre la profondeur de l’aspiration du peuple et sont sollicitées pour explorer, sans calculs ni autocensure, les perspectives nécessairement nouvelles qu’ouvre cette période de magie politico-sociale inespérée. Cela suppose une grande humilité, une disponibilité permanente et autant, sinon plus, d’inventivité. Les conséquences pratiques de ce vaste chantier sont importantes et immédiates ».