Le RCD a accusé, ce samedi 18 mai 2019, les nouveaux donneurs d’ordres d’avoir « entrainé l’appareil judicaire dans une opération de chasse aux sorcières », sous prétexte de protéger le mouvement populaire.
« Le Secrétariat national du RCD s’est réuni le vendredi 17 mai 2019, à Alger, pour examiner la situation politique nationale et faire le point sur les activités du parti à la lumière de la mobilisation exceptionnelle du peuple algérien et des menées contre–révolutionnaires des chapelles et des clientèles qui ont prospéré autour de l’ex chef de l’Etat », a indiqué le parti dans un communiqué.
Selon la même source « le Secrétariat national du Rassemblement tient à saluer le haut degré de conscience et de maturité du peuple Algérien en révolte qui force l’admiration du monde entier, en particulier la jeunesse et les étudiants. Par son attachement viscéral et salutaire au caractère pacifique de ses actions, il a su déjouer les nombreuses tentatives de division et de diversion, ce qui renforce son unité et entretient l’espérance d’un nouveau départ pour le pays. Les débats publics animés par les jeunes dans les quartiers des villes et dans les villages ont été les meilleurs remparts contre la désinformation, le retour de “la menace de la main de l’étranger“et la peur de l’inconnu agités par le biais de l’instrumentalisation flagrante des médias lourds.La constitution, par le pouvoir, d’armées d’internautes dénommées « mouches électroniques »par les citoyens, chargés de semer les haines, de polluer le débat, d’invectiver ou de menacer toute personne hostile à la normalisation entreprise sous la houlette de l’Etat Major de l’Arméen’ont pas eu d’effet sur la détermination des populations à reprendre en main leur destin. »
« De glissement en glissement et sous prétexte de protéger le mouvement, les nouveaux donneurs d’ordre ont, rapidement, entrainé l’appareil judicaire dans une opération de chasse aux sorcières dont eux seuls connaissent les tenants et les aboutissants. Pire encore, alors que ceux qui ont mis le pays à genoux sont en liberté et pour certains aux commandes, un opérateur économique qui a subit les entraves du système Bouteflika est mis sous mandat de dépôt pour un simple litige commercial et une responsable politique est jetée en pâture avant même sa comparution devant la justice militaire », a dénoncé le RCD.
Le RCD condamne avec la plus grande vigueur « ces agissements qui relèvent d’une politique de règlements de comptes et de provocations destinée à détourner la révolution en cours de son cours. Il réitère son refus d’instruire le procès du régime et de ses clients par une justice aux ordres. Seule une justice indépendante, dans un État de droit libérée par une phase de transition démocratique disposera de la légitimité pour traiter un tel dossier. De ce point de vue l’empressement manifesté et entrepris par le pouvoir de fait pour instruire la justice est plus que suspect, d’autant plus que tout est fait pour éluder les réponses aux revendications essentielles du mouvement : l’organisation d’une phase de transition démocratique pilotée par un personnel non compromis avec l’ancien régime. »
» En effet, l’entêtement à vouloir organiser une présidentielle, le 04 juillet 2019, pilotée de bout en bout par un personnel politique passé maître de la fraude électorale ne relève pas d’unsimple passage en force pour désigner un nouveau président ou d’un déni ordinaire de la réalité, mais participe d’une stratégie de reprise en main par une partie du système de la décision par un agenda caché. L’instrumentalisation de la justice, la reprise en main déjà en cours des médias publics et assimilés dénotent de cette volonté de ne rien “lâcher ” ou de “lâcher ” le moins possible devant le mouvement citoyen. Le pouvoir de fait veut être le maître des horloges pour s’imposer à la mobilisation populaire », a estimé le parti.
Selon la même source « Cette posture n’est point à vérifier. Aucune proposition venant d’autres acteurs de la scène nationale ne trouve grâce y compris celles qui viennent de ceux qui affichent leur disponibilité à “dialoguer” avec les nouveaux décideurs. »
« Faudra-t-il alors désespérer et s’engouffrer dans une voie qui consiste à doter le mouvement d’une forme de direction ? », s’est interrogé le parti dirigé par Mohcine Belabbas, en rappelant que « depuis le début, des appels directs ou indirects pour doter le mouvement d’une direction émanent d’acteurs travaillant au compte du système politique en place. Les mises en garde de la plupart des acteurs politiques acquis au changement du système et à l’option démocratique ont, jusque-là, épargné le mouvement d’une telle dérive. »
Le RCD a estimé que » ni la nature du mouvement, ni l’état des institutions ne plaident pour une telle démarche qui ouvre la voie aux pressions et manipulations, voire à une dualité de pouvoirs aussi improductive que dangereuse. »
Pour le RCD, » le peuple algérien a désormais son avenir entre ses mains en maintenant la mobilisation multiforme (marches, rassemblements, débats citoyens publics, mobilisationssectorielles…) contre toute élection ou transition pilotée par les résidus du système via les débris d’une constitution faite sur mesure pour un autocrate autoproclamé et piétinée déjà à maintes reprises. L’heure n’est ni à la peur, ni aux petits calculs encore moins aux découragements ou aux renoncements. Aucune manœuvre d’intimidation ou de division et aucun scénario ne peut venir à bout durablement d’une détermination qui prend racine de la soif de liberté, de justice et d’affirmation de notre jeunesse et des profondeurs de la société. »