L’ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour a estimé, samedi, que la mission et devoir de l’Armée est de remettre le pouvoir au peuple.
« Aujourd’hui, sous sommes toujours dans un cinquième mandat sans le candidat habituel, or que la première réclamation de la population quand elle est sortie dans la rue était non à un cinquième mandat », a indiqué M. Benbitour lors de son passage, dans l’émission « Actuel » de la radio Chaîne III.
Il a ajouté que « C’est vrai que ce n’est plus le même candidat, mais, si on continue dans ce processus des élections jusqu’au 4 juillet, on sera toujours dans un cinquième mandat sans le candidat habituel ».
« Il faut bien garder dans l’esprit que, depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui, tous les chefs de l’Etat ont été désignés par l’Armée et non pas élus par le peuple. S’il y a quelque chose à laquelle il faut tenir, c’est que nous espérons que, cette fois-ci, ce ne sera pas l’Armée qui va désigner celui qui va être le candidat à la présidence de la République, et qu’on aura vraiment des élections et non pas une désignation », a-t-il dit.
L’ancien chef du Gouvernement a estimé que « si on reste dans la perspective de l’élection du 4 juillet, dans moins de deux mois, c’est fatalement une désignation et non pas des élections », ajoutant qu’il y a le système de pouvoir et la rue, il y a un rapport de force, a-t-il dit. « pour moi le système de pouvoir c’est le chef d’Etat plus le chef d’Etat-major qui sont clairement dans la façade. le chef de l’Etat c’est lui le premier responsable et il faut qu’il assume ses responsabilités, or, ce que nous avons vu dans son dernier discours, ce n’était pas quelque chose qui permettait de croire un quelque instant que nous sommes en train d’aller vers une solution », a expliqué M. Benbitour.
Selon lui, « il faut bien comprendre que, sans passer par une période de transition, qui permette de mettre en place les conditions nécessaires pour des élections présidentielles correctes, et puis surtout, qui émette une feuille de route pour le programme de sauvegarde de la patrie, parce qu’elle est en grand danger, pour que les candidats à l’élection présidentielle auront une image de ce qu’il faudrait faire, et la population aura un programme de référence pour faire la sélection qu’il faut ».
« Il faut bien comprendre que, si nous continuons comme ça, en 2021, nous serons dans une situation extrêmement difficile », a-t-il averti.
Pour Benbitour, « la mission de l’Armée et son devoir est de remettre le pouvoir au peuple », a-t-il déclaré. « La nécessité de changement du système de gouvernance est absolument indispensable. On ne peut pas y échapper. Si on reste dans l’élection présidentielle du 4 juillet, on va aller vers la catastrophe, nécessairement et fatalement, malheureusement », a-t-il estimé.
Il a expliqué que « nous sommes dans un nouveau rapport de force depuis le 22 février. On avait tablé peut-être sur que la population soit fatiguée, et jusqu’à maintenant, elle se maintient, elle très bien organisée et très bien mobilisée, et ce serait grave et dangereux qu’on attende que le rapport de force en termes de pouvoir devienne un rapport de force en termes de violence. Il faudrait que les tenants du pouvoir comprennent que c’est dans leur intérêt mais surtout dans l’intérêt du pays qu’on en arrive pas sur la violence », estimant que « si ça continue comme ça, fatalement on va tomber dans la violence ».
Au sujet de l’incarcération de la secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, M. Benbitour a refusé de la commenter et s’est contenté de rappeler qu' »il y a une règle fondamentale dans la justice, c’est que lorsque, un dossier est entre les mains d’un magistrat, seuls le magistrat et les avocats ont le droit de parler de ce sujet-là ».