Un présentateur du journal de la télévision publique algérienne A3 a été écarté pour son rôle dans le mouvement de protestation des journalistes de ce média en faveur d’un audiovisuel public libre, a appris l’AFP jeudi auprès d’un de ses collègues.
Abderrezak Siah, qui présentait le JT de 17h et de 20h «a été écarté du journal par la direction de A3», a indiqué à l’AFP, Abdelmadjid Benkaci, journaliste à la chaîne publique Canal Algérie. Cette décision a été notifiée à Siah le 4 mai, a-t-il précisé. Contacté par l’AFP, le journaliste n’était pas joignable dans l’immédiat.
Selon Benkaci, il est reproché à ce présentateur d’avoir sévèrement critiqué la télévision publique dans une interview accordée à Berbère télévision, en marge d’une sit-in hebdomadaire des journalistes de la télévision le 29 avril. «La télévision publique n’était pas le porte-parole de l’Etat mais le porte-parole de la corruption», avait déclaré Siah. «Notre principale mission consiste à assurer le service public. J’appelle tous les journalistes de la télévision et les jeunes du Hirak (mouvement de contestation) à soutenir pacifiquement notre combat», a ajouté le présentateur.
Les manifestations massives, dont l’Algérie est le théâtre depuis le 22 février, ont permis aux journalistes algériens, notamment de médias publics, de faire reculer la censure, mais le travail de la presse reste compliqué et régulièrement contesté. Les salariés de la télévision et de la radio publiques avaient dénoncé en mars des «pressions» de leur hiérarchie qui les a contraints à initialement passer sous silence ces manifestations inédites, puis à en faire état mais en atténuant les mots d’ordre. Une rédactrice en chef de la radio nationale et une présentatrice du journal de la télévision publique ont quitté leurs fonctions depuis le début des manifestations pour protester contre ces pressions.
AFP