Le célèbre réseau social a lancé mardi une toute nouvelle version de son application, qui perd sa célèbre couleur bleue au passage. Elle mettra les « communautés » et « groupes » au « centre« , au même titre que les « amis« , a expliqué le PDG Mark Zuckerberg lors de sa conférence annuelle des développeurs.
Ces changements font écho aux annonces récentes du créateur du réseau social, qui a promis en mars un virage fondamental vers une plateforme plus soucieuse de l’intimité, censée répondre à deux enjeux: le goût croissant des internautes pour les interactions plus restreintes que le traditionnel « fil d’actualités« , mais aussi les inquiétudes liées à la gestion des données personnelles. « A mesure que le monde (…) devient plus connecté, nous avons besoin de ressentir de l’intimité plus que jamais« , a-t-il déclaré. « C’est pourquoi je pense que l’avenir est privé« , a-t-il lancé, en forme de nouveau mantra pour son groupe tant critiqué pour sa gestion – jugée laxiste et opaque – des données personnelles. Il a redit toutefois que ce changement de stratégie prendrait des années pour être entièrement mené à bien au sein de l’entreprise.
Encourager les rencontres : L’application a donc été revue pour placer les groupes au centre de « l’expérience » Facebook et encourager les internautes à se rencontrer en chair et en os, via des centres d’intérêt communs ou des rencontres amoureuses. Côté cœur, Facebook a décidé d’étendre géographiquement sa fonction « Rencontres« , désormais proposée dans une vingtaine de pays (mais pas en Europe ni aux Etats-Unis), et d’y ajouter la fonction « Secret Crush » (béguin secret), qui permet de sélectionner des « amis » que l’on aimerait mieux connaître et de le leur faire savoir discrètement…
Les groupes, dont il existe « des dizaines de millions« , seront plus facilement visibles, grâce à une nouvelle présentation de l’application, et leur accès sera encouragé via par exemple des recommandations basées sur les centres d’intérêt ou les « événements« .
Même si cela peut sembler contre-intuitif, Facebook pense que les groupes peuvent aider à interagir avec des gens qui n’ont pas les mêmes idées politiques, alors que les utilisateurs des réseaux sociaux ont tendance à être enfermés dans ce que l’on nomme la « filter bubble » (littéralement, la « bulle de filtrage« ), car n’interagissant qu’avec des personnes ou organisations ayant des opinions proches des leurs.
Parce que leurs algorithmes priorisent les contenus en fonction des goûts des usagers, les réseaux sociaux sont accusés d’entretenir et d’amplifier cette « bulle« , qui peut devenir un prisme idéologique déformant. « Les groupes peuvent créer des liens malgré les divisions« , estime Fidgi Simo, à la tête de l’application Facebook. Ainsi, « si vous êtes amateur de chiens, vous trouverez d’autres amateurs de chiens malgré des divergences, politiques ou autres« , ajoute-t-elle, précisant que plus de 400 millions d’utilisateurs appartiennent à des groupes.
Facebook, toujours incontournable : Facebook revendique 2,37 milliards d’utilisateurs mensuels. Les changements annoncés mardi concerneront d’abord la version mobile, puis d’ici quelques mois la version site internet.
Le groupe est depuis plus de deux ans aux prises avec des controverses à répétition, de la manipulation du réseau à des fins politiques par des pays étrangers à la gestion des données de ses utilisateurs, qui constituent le fondement de son modèle économique.
Elus et régulateurs tirent à boulets rouges sur le groupe, qui fait l’objet de poursuites et d’enquêtes tous azimuts dans plusieurs pays, dont les Etats-Unis.
Afp