Drapeaux espagnols au vent, des centaines de sympathisants du parti d’extrême droite espagnol Vox ont salué dimanche la « révolution des gens normaux » provoquée par l’entrée du parti au Parlement espagnol, malgré un résultat qu’ils jugent décevant.
Sur la place Margaret Thatcher dans le centre de Madrid, des « Viva España » ont fusé à l’annonce de l’entrée, avec 10% des voix et 24 élus sur 350, du parti à la chambre des députés. Une percée spectaculaire pour une formation ultranationaliste qui, fondée en 2013, était encore pratiquement absente du paysage politique il y a six mois. Mais le résultat du parti, moins bon que celui prévu par les sondages, a déçu les électeurs de Vox qui s’attendaient à créer la surprise dans un pays où l’extrême droite était marginale depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.
Les sondages créditaient Vox d’environ 12% des voix et une trentaine de députés. Mais plusieurs analystes tablaient sur un « vote caché », sous les radars des sondeurs, pour le parti au virulent discours anti-immigration et antiféministe, qui comptait parmi ses candidats des généraux à la retraite défenseurs du franquisme, et qui s’oppose également au mariage homosexuel ou à l’avortement. Mais les partisans de Vox se rassuraient avec l’entrée de leur parti au parlement. « C’est le début d’une révolution, une révolution des gens normaux, des jeunes, des familles », assurait Ricardo Manuel Diaz Pereira, ouvrier de 41 ans, un drapeau de l’Espagne sur le torse. « Il n’y a que des mensonges sur Vox. Ils disent qu’ils sont franquistes, c’est faux, c’est la seule chose qu’ils pouvaient dire pour que Vox ne gagne pas », ajoutait-il, avant d’entonner avec ses amis le chant: « je suis espagnol, espagnol, espagnol ». « Vox est le seul parti qui défend l’unité de l’Espagne et les valeurs de la famille traditionnelle », défendait également Gonzalo Rodriguez, étudiant de 18 ans qui votait pour la première fois.
Très applaudi, le président de Vox Santiago Abascal s’est montré combatif depuis son pupitre. « Bienvenue à la résistance! On continue, on continue sans peur, de rien ni de personne, on continue pour l’Espagne ». Autour, la foule chantait « L’Espagne, unie, ne sera jamais vaincue », « L’Espagne chrétienne, jamais musulmane » et « Puigdemont en prison », en référence à l’ancien président de la Catalogne poursuivi par la justice pour avoir tenté de faire sécession en 2017.
Notons que c’est les socialistes ont emporté dimanche les élections législatives sans atteindre la majorité absolue, après le dépouillement de plus de la moitié des bulletins tandis que l’extrême droite se prépare à entrer au parlement, plus de 40 ans après la fin de la dictature de Francisco Franco.
Le scrutin pourrait donc déboucher sur une poursuite de l’instabilité qui marque la politique espagnole depuis la fin du bipartisme conservateurs-socialistes en 2015, avec un parlement fragmenté et des divisions exacerbées par la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.
Après le dépouillement de la quasi totalité des bulletins de vote, le Parti socialiste de M. Sanchez recueillait 29,45 % des voix et 124 députés, nettement plus que les 85 remportés aux législatives de 2016, mais loin de la majorité absolue de 176 sur 350 à la chambre. Il sera donc obligé de bâtir une coalition hétérogène pour continuer à gouverner.
Afp