Le groupe bancaire Crédit Agricole est revenu sur la situation politique du pays, dans le dernier numéro de Perspectives, publié avant-hier sous le titre « Algérie : la purge ‘politique’ commence étrangement par les milieux d’affaire ».
« Sous la pression toujours forte des manifestations de rue et des demandes du peuple algérien pour une transformation radicale du régime politique, les événements accélèrent en Algérie, mais prennent aussi une tournure inattendue et probablement préoccupante », a indiqué la banque française, selon la même publication.
Le groupe bancaire estime que « cette évolution, si elle se confirme au fil des semaines, devrait renforcer l’attentisme des investisseurs étrangers. Effectivement, au titre de la loi 49%-51%, ces derniers doivent trouver un partenaire local détenteur majoritaire à 51% de la filiale algérienne ».
Pour la banque française, « c’est un signe assez défavorable qui est adressé aux milieux d’affaires à un moment où l’Algérie a tant besoin de capitaux domestiques ou extérieurs pour assurer une transition de l’économie vers plus de diversification et de développement de l’entreprise privée ».
Le crédit Agricole a par ailleurs indiqué qu’ « en quelques jours, les milieux d’affaires qui ont le plus profité des années Bouteflika se sont retrouvés dans la tourmente de ce qui semble être une opération anti-corruption ».
La liste des hommes d’affaires emprisonnés s’allonge, citant Ali Haddad (BTP), les frères Kouninef (KouGC, équipement), Issad Rebrab (Cevital, industrie), à laquelle il faut ajouter le limogeage de Ould Kaddour, le patron de Sonatrach. « Si certains ont bénéficié des marchés publics attribués par clientélisme, cela ne semble pas être le cas de tous », précise le Crédit Agricole.
Le groupe bancaire a également évoqué, dans la même publication, la chute des réserves de change. « Fin 2018, les réserves en devises de l’Algérie sont tombées à 80 Mds USD, leur plus bas niveau depuis douze ans. Début 2014, elles atteignaient presque 200 Mds USD. Elles représentent encore le niveau confortable de 47% du PIB. Après avoir baissé de respectivement de 19% et de 21% en 2015 et 2016, la chute s’était un peu atténué à 15% en 2017 à la faveur de la remontée des cours du pétrole », précise la banque française.
La Banque a relevé la corrélation entre prix des hydrocarbures et déficits budgétaires et courants reste très forte début 2019, expliquant que « le pays n’a pas encore procédé à des ajustements budgétaires significatifs. Compte tenu des cours à 65 dollars le baril au premier trimestre 2019, la baisse ne va s’atténuer significativement dans les prochains mois ».
Évoquant les prévisions de croissance du PIB pour l’année 2019, le Crédit Agricoles estime qu’elles « pourraient être revues légèrement à la baisse, c’est-à-dire à 2,1%, notamment en raison de l’entrée en récession du secteur de la construction, à 6% en moyenne annuelle ».
A ce propos, le groupe bancaire explique que « ce secteur est l’un des principaux relais de croissance, lorsque la rente des hydrocarbures est en panne, et il est désormais affecté par la baisse des commandes publiques », ajoutant qu’ « en 2019, les déficits budgétaire et courant devraient rester élevés à plus de 7% du PIB chacun, ce qui continuera à faire peser sur les réserves en devises une forte pression à la baisse ».