Alors que la répression des manifestants et des militants se poursuit, notamment, illustrée avec la dérive des BRI de ce mercredi qui a fait irruption dans une université à Alger. Le Gouvernement dément avoir donné aux services de sécurité pour réprimer les manifestants et les militants.
Tout le monde s’en lave les mains et personnes n’assume. Après les démentis de la DGSN quant à toutes velléités répressives de la marche de vendredi 12 avril, et le mauvais traitement à l’égard de quatre femmes dans un commissariat à Alger, c’est au tour du Gouvernement de s’en laver les mains.
Ce mercredi, le ministre de la Communication et Porte-parole du Gouvernement, Hassane Rabehi a affirmé que les services de sécurité «n’ont reçu aucune instruction» de réprimer les marches populaires appelant au changement et à la rupture avec le régime en place, rapporte l’agence officielle.
«J’atteste que les services de sécurité n’ont reçu aucune instruction de la part du gouvernement ni des cercles dirigeants, à l’effet de réprimer les marches», a-t-il souligné, lors d’une conférence de presse animée à l’issue de la réunion du conseil de Gouvernement, en réponse à une question relative à «la répression» des marches populaires et à un mauvais traitement qu’auraient subi, dans un centre de police, des citoyennes ayant participé à ces marches.
Rabehi a même défendu les services de sécurité. «Nous avons des services de sécurité et une Armée républicaine qui ne se donneront jamais le droit ou la liberté d’utiliser la force contre les citoyens», a-t-il poursuivi, saluant ces marches exprimant «l’amour de l’Algérie».
Depuis le mardi 9 avril, la machine répressive de la police s’est remise en marche, notamment par la répression de la marche des étudiants, suivis par la répression de la marche du 8ème vendredi à Alger, ayant notamment, causée plusieurs blessés parmi les manifestants (enfants, femmes, vieux et vieilles) et la police.
Cette dernière a tiré massivement des grenades lacrymogènes, surtout dans le tunnel des facultés, et des balles en caoutchouc contre les manifestants.
Place Maurice Audin au centre d’#Alger pic.twitter.com/djLvT3xIEX
— Khaled Drareni (@khaleddrareni) 12 avril 2019
Samedi 13 avril, des militants du MDS et de RAJ, parmi eux quatre femmes, ont été interpellés à Alger Centre par la police, et ont été transférés dans un commissariat à Baraki dans la banlieue d’Alger, où les femmes ont été déshabillées, ce qui a créé un tollé de réactions de dénonciations.
La police qui a tenté de justifier son acte abjecte par une procédure sécuritaire préventive, n’a réussi à convaincre personne. Les témoignages des femmes victimes de cette humiliation ont mis à mal la version de la sûreté de wilaya d’Alger.
Et aujourd’hui, c’est la violation des franchises universitaires qui est mise en avant. En effet, les éléments de la BRI (Brigade de recherche et d’investigation, unité d’élite de la police), se sont introduits dans l’université de droit de Saïd Hamdine à Alger, où ils ont interpellé des étudiants.
L’Armée a promis de protéger les citoyens !
Dans son discours de mardi, le Général de corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, a accusé ouvertement et nommément l’ex-chef du DRS le général Toufik de comploter contre la volonté du peuple en lui lançant un dernier avertissement avant que des mesures légales soient prises contre lui.
Gaïd Salah a assuré que l’armée a donné des instructions claires et sans équivoques pour protéger les citoyens notamment lors des marches.
Les mises en garde de l’Armée semblent ne pas avoir eu d’écho. Ainsi, on se demande qui est derrière ses ordres et instructions. De plus, ces répressions interviennent au moment où plusieurs changements ont été effectués au sein de la DGSN.
Cependant, les répressions des services de sécurité à l’égard des manifestants et des militants, renseignent sur le malaise et le cafouillage qui règnent au sein des institutions de l’Etat. Ils renseignent également sur la panique au sein du système, chamboulé par le mouvement populaire enclenché depuis le 22 février dernier.
Le FFS, la LADDH, le CNES et RAJ dénoncent l’irruption des BRI à l’université de droit
Le FFS, la LADDH et RAJ ont dénoncé l’intervention des BRI à l’intérieur de l’université de droit.
«Le FFS dénonce avec force l’irruption de la BRI dans l’enceinte même de la faculté de droit « Benyoucef Benkhedda » situé à Alger. Nous dénonçons cette opération musclée qui vise à intimider et à traumatiser des étudiants», a réagi le parti dans un communiqué.
De son côté, la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), a dénoncé «l’opération coup de poing menée par les éléments de la police BRI à la faculté de droit d’Alger pour arrêter des étudiants en violation des libertés et franchises universitaires. L’amphithéâtre où se sont déroulées les interpellations et la confiscation de la feuille de présence et de téléphones abritait une rencontre débat entre enseignants et étudiants pour apporter leurs contributions au Hirak.»
L’association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) a dénoncé quant à elle la violation des franchises universitaires, par les services de sécurité. « Ces dépassements condamnables, indignes et intolérables visent à casser, à contenir la dynamique et la formidable mobilisation des étudiants.ès, et leur implication massive dans le mouvement populaire », a estimé RAJ, qui a appelé la communauté universitaire à la vigilance et à maintenir la mobilisation pacifique.
Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a dénoncé dans un communiqué diffusé mercredi soir, l’irruption des services de sécurité connues ou inconnues dans l’enceinte de l’université. Le syndicat a appelé les parties concernées à ouvrir une enquête immédiate sur ces dépassements.