Deux ans après la mise en œuvre de la planche à billets et l’impression de plus de 6 550 milliards de dinars, la Banque d’Algérie s’en lave les mains.
Dans un point de situation sur le financement non conventionnel établi le 1er avril 2019 et publié sur le site de la Banque d’Algérie, cette dernière dit avoir été contre le recours à la planche à billets.
« En Algérie, la situation est loin de présenter des similarités avec les cas exposés dans la note (Etats-Unis, Europe, Japon) qui seraient susceptibles de justifier le recours au financement non conventionnel, dans notre Pays », indique la Banque d’Algérie dans la même note.
L’institution monétaire explique que « les instruments conventionnels de politique monétaire n’ont pas atteint leurs limites. A ce stade, les banques ne présentent au refinancement, par la Banque d’Algérie, (opérations d’open market et réescompte) que des titres publics », précisant que « la matérialisation de l’importante part d’effets privés qu’elles détiennent dans leurs portefeuilles leur permettrait de disposer de liquidités substantielles, via le refinancement de ces effets, auprès de la Banque d’Algérie ».
Risque inflationniste soulevé par la Banque d’Algérie
Dans sa note, la Banque d’Algérie, revenant sur les circonstances de la mise en œuvre du financement non conventionnel, affirme avoir soulevé le caractère « inflationniste » de ce genre de financements.
« La Banque d’Algérie ne peut pas intervenir directement sur le marché primaire des émissions d’obligations du Trésor, via des opérations de quantitative easing. Cela reviendrait à créer de la monnaie ex-nihilo (en d’autres termes, recourir à la « planche à billets ») pour le financement du déficit du Trésor. Une telle option risque d’entraîner l’économie dans une spirale inflationniste et de dépréciation de la monnaie nationale, fortement dommageables ».
« La Banque d’Algérie avait suggéré, dans sa réponse, entre autres, des démarches alternatives, telle que l’instrumentation, dans la phase intermédiaire, de l’article 53 de l’Ordonnance relative à la monnaie et au crédit, prévoyant la possibilité de placer une partie de ses fonds propres, en titres émis ou garantis par l’Etat », lit-on dans la même note.
3441.8 Milliards DA sur les 6.556,2 milliards DA imprimés restent encore non utilisés
La Banque d’Algérie indique, dans la même note, qu’ « au total, sur le montant global mobilisé à ce jour, de 6.556,2 milliards de DA, seul un montant de 3.114,4 milliards de DA, a été injecté dans l’économie ».
L’institution monétaire explique que « le principal défi étant de continuer à assurer la stabilité des prix dans un environnement de surplus de liquidités substantiels et persistants, les instruments adéquats pour la gestion de la liquidité, à la disposition de la Banque d’Algérie, ont été mis en œuvre. L’utilisation appropriée de ces instruments a permis de stériliser l’excédent de liquidité induit par le programme de financement monétaire ».
La Banque d’Algérie précise que sur les 6.556,2 milliards de DA mobilisé par le Trésor, auprès de la Banque d’Algérie, au titre de la mise en œuvre du financement non conventionnel, un montant de 2.470 milliards de DA, a servi au financement du déficit du Trésor, au titre des années 2017 et 2018 et partiellement, au titre de l’exercice 2019, un montant de 1.813 milliards de DA, a contribué au remboursement de la dette publique à l’égard des entreprises nationales, Sonatrach et Sonelgaz, ainsi qu’au financement du remboursement de l’emprunt obligataire pour la croissance, un montant de 500 milliards de DA, destiné à la Caisse Nationale de Retraite (CNR) pour le refinancement de sa dette à l’égard de la CNAS, un montant de 1.773,2 milliards de DA, destiné au Fonds National d’Investissement pour les opérations de financement des programmes AADL, du déficit de la CNR et de projets structurants.
Sur l’encours global de 6.556,2 milliards de dinars, la BA affirme qu’un solde de 945,1 milliards de DA, est abrité au compte de Trésor auprès de la Banque d’Algérie, et donc non encore injecté dans l’économie, un montant de 656,7 milliards de DA, est logé dans le compte du FNI auprès du Trésor dans la perspective de son utilisation, en fonction des besoins avérés, et enfin un montant de 1.830 milliards de DA, fait l’objet d’une stérilisation par la Banque d’Algérie, à travers ses différents instruments.