Seddik Chihab, évincé du RND par le SG du parti Ahmed Ouyahia, a accusé, ce jeudi 11 avril 2019, ce dernier d’être l’exécuteur des forces non-constitutionnelles qui se sont accaparées du pouvoir.
Seddik Chihab a visé également sans le nommer, Saïd Bouteflika, le frère du président démissionnaire Abdelaziz Bouteflika, qu’il a accusé de s’être octroyer le pouvoir et d’exercer illégalement une influence, a-t-il déclaré dans un entretien accordé au journal El Khabar.
« Je visait par mes propos tous ceux qui monopolisaient le pouvoir sans statut et qui exerçaient une grande influence. Je l’ai dit lors dans une interview télévisée, j’ai bien ciblé le frère de l’ex-président, qui n’avait aucune compétence pour se donner toute son influence », a-t-il confié à El Khabar.
Pour rappel, sur le plateau de la chaîne El Bilad, Seddik Chihab alors porte-parole du RND avait déclaré que « ces 5 à 7 dernières années (le dernier mandat de Bouteflika NDLR), l’Algérie était gérée par des forces non-constitutionnelles, non structurées et qui sont partout« . Le lendemain de ces déclarations, Seddik Chihab a été recadré par son parti en affirmant que ses propos étaient tenus sous l’effet de l’émotion.
« J’ai accepté la sanction d’Ouyahia qui a pris l’initiative de corriger ce que j’avais dit aux médias au sujet de ces forces non-constitutionnelles et que notre soutien au cinquième mandat de Bouteflika était une erreur », a-t-il fait savoir.
Seddik Chihab a ajouté qu’Ouyahia l’avait poignardé dans le dos en disant que « j’ai agi sous l’effet de l’émotion, même si je l’avais consulté sur le contenu de mes propos et il a accepté ».
Chihab a expliqué qu’il a importuné Ouyahia sur sa position concernant ce qu’il avait déclaré à propos des forces non-constitutionnelles, et Ouyahia lui avait répondu qu’il ne pouvait pas laisser ses déclarations passer ainsi. « J’ai alors compris qu’il avait reçu des ordres pour qu’il agisse avec moi de cette façon. Le mouvement populaire a montré un fait important, c’est qu’Ouyahia était l’exécuteur de toutes les décisions et actions des forces non-constitutionnelles qui ont monopolisé le pouvoir au cours des dernières années », a-t-il affirmé.
A une question si ces ordres émanaient de Saïd Bouteflika, Chihab a expliqué que « je ne connais pas exactement de quelle partie émanent-ils, mais, je connais très bien comment réfléchis Ouyahia. Il n’agit que s’il est ordonné d’une partie supérieure. »
Sur les relations d’Ahmed Ouyahia avec Saïd Bouteflika, l’ex-porte-parole du RND a dit ne pas en connaître les détails «mais il se plaignait parfois de pressions, dira-t-il, et ces pressions s’accentuaient lorsqu’il était attaqué par certains ministres, apparaissant ainsi comme un Premier ministre sans autorité, ni influence». Ce qui a mis, selon lui, le parti et ses militants dans une position «délicate».
«Nos militants étaient humiliés à chaque rendez-vous électoral, alors que le secrétaire général ne les a jamais défendu, mais au contraire, il ignorait les appels des militants et les évitait. Le mouvement populaire est venu nous libérer de ces pratiques et de l’humiliation que nous avions subis.» Pour Chihab, il fallait que le parti s’aligne du côté du peuple juste après sa révolte contre l’ex-président.