Les membres du Forum des chefs d’entreprises (FCE) se tirent à boulets rouges, pendant que l’organisation sombre dans la crise.
Ce mercredi 10 avril 2019, le torchon brûle entre l’ancien président de l’organisation patronale Réda Hemiani et le Groupe ETRHB, propriété de l’ex-président du FCE Ali Haddad, qui a démissionné le 28 mars dernier.
Le sujet des accusations de part et d’autre concernent la surpolitisation du conglomérat d’entreprises sous la présidence d’Ali Haddad et le soutien du FCE au 5ème mandat de l’ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
Réda Hemiani accuse Ali Haddad d’avoir trop politisé le FCE
Réda Hemiani, dans un entretien accordé aujourd’hui à TSA, a accusé Ali Haddad d’avoir trop politisé le FCE, à travers notamment le soutien affiché au 5e mandat de Bouteflika.
« Le FCE s’est politisé à l’excès sous l’ère du président démissionnaire, ce qui n’est pas son rôle (…) », a déclaré Réda Hemiani. Il a poursuivi en disant : « Le FCE devrait redevenir apolitique. On a vu au sein de l’organisation un mélange des genres, on n’aurait jamais dû nous mêler dans le soutien d’un candidat, une politique ou un parti. Le FCE s’exprime sur les politiques économiques, et sur les résultats économiques enregistrés. L’organisation patronale n’a rien à voir dans les tribunes politiques et dans des acceptations comme des chèques en blanc d’une politique économique qui ne donne aucun résultat. Le FCE devrait retrouver son rôle en tant que partenaire économique représentant la partie de la population qui investit et prend des risques et pas un syndicat ou un parti politique. C’est un mélange des genres qui a été extrêmement négatif pour le devenir et le développement de cette organisation patronale qui était leader dans cette fonction de représentation. »
« J’étais le premier à m’étonner de cette dérive consistant à mener une politique de proximité avec le pouvoir jusqu’à en devenir un des principaux satellites dans un mode de fonctionnement plus ou moins opaque et clientéliste s’agissant de contreparties et de privilèges que le président distribuait à ses affidés du premier cercle. C’est pourquoi j’ai pris mes distances avec notre organisation en refusant de participer aux différentes réunions sans pour autant démissionner car je restais persuadé que cette période n’allait pas durer », a-t-il expliqué.
Et d’ajouter: « Le glissement s’est opéré sous la houlette du président sortant (Ali Haddad, NDLR) brisant l’unité des patrons, leur cohésion et surtout leur engagement. Concrètement, le FCE est passé du statut de partenaire économique attentif à la mise en œuvre des politiques économiques en gardant des marges de manœuvres critiques au statut de satellite de la galaxie gouvernementale, invité à applaudir des discours partisans représentant une fuite en avant face aux difficultés économiques (politique de la planche à billets). »
Le Groupe ETRHB défend Ali Haddad et répond à Réda Hamiani
Au cours de la même journée, le Groupe ETRHB appartenant à l’homme d’affaires Ali Haddad et ex-président du FCE, a répondu dans un communiqué à Réda Hemiani, tout en prenant la défense de Haddad. Le groupe ETRHB a rappelé à Réda Hemiani que le FCE avait également, sous sa présidence, soutenu la candidature de Bouteflika.
«Ex-ministre et ancien président du FCE, monsieur Réda Hamiani semble avoir la mémoire sélective, croyant, qu’il suffit d’affirmer que le FCE était trop politisé sous la présidence d’Ali Haddad et donc très proche du pouvoir politique, pour se faire passer pour le chantre des libertés et de l’autonomie de réflexion et décision», a réagi l’ETRHB, en expliquant à l’ancien président du FCE que « La chose économique étant, par excellence, intimement liée au politique, monsieur Hamiani n’est pas sans savoir, qu’aucune organisation patronale, de part le monde, ne peut prétendre être totalement apolitique. »