Premier président élu démocratiquement au suffrage universel en Tunisi, Béji Caïd Essebsi a annoncé, samedi 6 avril, qu’il ne souhaitait pas être candidat à l’élection présidentielle du 17 novembre. « En toute honnêteté, je ne pense pas que je vais me représenter » car il faut « ouvrir la porte aux jeunes », a fait savoir M. Essebsi, 92 ans et en poste depuis 2014, à l’ouverture d’un congrès à Monastir de son parti, Nidaa Tounès. Son parti l’avait pourtant présenté à plusieurs reprises comme le meilleur candidat possible.
Son discours intervient quatre jours après l’annonce de la démission du président algérien Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, après un mois et demi de manifestations en Algérie, pays voisin de la Tunisie. Dans la salle, certains militants ont lancé : « Le peuple veut à nouveau Béji. »
Fondé par M. Essebsi en 2012, le parti Nidaa Tounès peine à rassembler après des conflits internes entre le fils de M. Essebsi, Hafedh Caïd Essebsi, et l’ex-dauphin du président, le premier ministre Youssef Chahed. Hafedh Caïd Essebsi a depuis pris la tête de Nidaa Tounès, tandis que M. Chahed, écarté de Nidaa, a formé un parti concurrent, Tahia Tounès.
Ce parti est devenu la deuxième force politique au Parlement, derrière le parti d’inspiration islamiste Ennahdha et devant la formation présidentielle. M. Essebsi a demandé samedi au parti de « réintégrer » M. Chahed, tandis que son fils, présent dans la salle, est resté silencieux. Il faut que Nidaa Tounès « rassemble toutes les forces centristes », a souhaité le président.
Aucun des principaux partis du pays n’a encore annoncé de candidat pour l’élection présidentielle du 17 novembre. Des élections législatives se tiendront également le 6 octobre. La Tunisie, qui peine à répondre aux attentes sociales de sa population touchée par une inflation et un chômage persistants, est le seul pays à continuer sur la voie de la démocratisation après les soulèvements intervenus dans plusieurs pays arabes en 2011
Afp