Les cours du pétrole ont grimpé au premier trimestre comme ils ne l’avaient plus fait depuis 14 ans, ignorant les inquiétudes sur la croissance mondiale pour se focaliser sur l’Opep et les sanctions américaines qui visent les exportations du Venezuela et de l’Iran.
Vendredi vers 11H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de mer du Nord pour livraison en mai s’échangeait pour 68,55 dollars à Londres, en hausse de 73 cents par rapport à la clôture de la veille et en hausse de 26,16% depuis le début de l’année.
Le WTI référence américaine, pour livraison le même mois gagnait 74 cents à 60,04 dollars, s’envolant de 29,13% sur les trois premiers mois de l’année.
Le marché de l’or noir, d’habitude assoupi au premier trimestre, n’avait pas connu un aussi bon début d’année depuis 2005. « Les prix se sont rétablis après le plongeon de la fin de l’année dernière, ils ont profité des baisses de production de l’OPEP et de ses partenaires« , a expliqué à l’AFP Giovanni Staunovo, analyste chez UBS.
Début décembre, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses partenaires, dont la Russie, ont décidé de durcir leur accord de limitation de la production pour faire remonter les cours. Les investisseurs n’ont pas apprécié d’emblée cette annonce, et les prix ont continué de fondre en décembre
Déterminé à voir les cours remonter car un pétrole peu cher pèse lourdement sur sa trésorerie, l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial, a multiplié ses efforts, ce qui a permis aux cours de fortement rebondir en ce début d’année. Mais le royaume « fera attention à éviter que les prix ne grimpent trop pour ne pas mettre sous pression les États-Unis et les autres grands consommateurs« , a estimé Dan Smith, analyste chez Oxford Economics.
Le président américain Donald Trump n’hésite d’ailleurs pas à critiquer l’OPEP et ses baisses de production, accusant l’Organisation d’être responsable du niveau élevé des prix du pétrole, et donc du carburant. Il a ainsi demandé jeudi à l’OPEP d’augmenter sa production.
Mais après une baisse momentanée des cours du brut après l’intervention du président américain, « les cours se sont ressaisis quand il est apparu que les destinataires du message allaient faire la sourde oreille« , a commenté vendredi Stephen Brennock, analyste chez PVM.
A la mi-2018, l’OPEP et ses partenaires avaient adopté une tactique opposée face à la colère du président américain quand ils avaient accepté d’assouplir leur accord avant que les États-Unis n’appliquent des sanctions sur les exportations de pétrole de l’Iran.
Mais les États-Unis, à la dernière minute, avaient accordé des exemptions à certains importateurs, et les prix de l’or noir avaient lourdement chuté au quatrième trimestre (-35% pour le Brent et -38% pour le WTI.
Depuis, l’OPEP a durci les termes de son accord, et Washington a pris pour cible l’industrie pétrolière d’un autre de ses membres, le Venezuela.
Le marché scrute désormais la décision à venir de Washington sur une possible extension des exemptions pour les importateurs de pétrole iranien. « Cela va dépendre des prix« , a commenté Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB, qui estime que s’ils sont trop élevés « pour le président Trump, il pourrait renouveler les extensions pour protéger les consommateurs américains« .
Cependant, le boom du pétrole de schiste ces dernières années a fait des États-Unis le premier producteur mondial, et a redonné au secteur un rôle crucial pour l’économie américaine. « Ce qui est négatif pour les consommateurs est bon pour les producteurs, en quelque sorte, les États-Unis commencent à ressembler à l’OPEP« , a remarqué M. Schieldrop.
Afp