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Amar Saadani dénonce l’«Etat profond» et accuse Ouyahia d’être son représentant

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L’ancien président de l’APN et ex SG du FLN, Amar Saadani, est sorti de son silence pour s’exprimer dans un entretien accordé dimanche à TSA sur les dossiers chauds de l’actualité nationale, notamment, le mouvement populaire, le président Abdelaziz Bouteflika, l’affaire de cocaïne, ainsi que la crise qui secoue le vieux parti.

Amar Saadani a dénoncé ce qu’il a appelé l’«Etat profond» d’être derrière tous les maux que vit l’Algérie actuellement, et il a accusé Ahmed Ouyahia le SG du RND d’être son représentant. «L’État profond s’est infiltré à la Présidence à travers Ahmed Ouyahia. C’est leur représentant. Tout le monde se souvient de ce que j’ai dit à l’époque à propos de cet homme, indésirable à mes yeux. Ils m’ont demandé de constituer un gouvernement avec lui, le FLN, le MSP et le RND, j’ai refusé. A chaque fois que cet homme débarque dans un endroit, il le détériore», a-t-il accusé.

C’est Ouyahia qui a écrit les lettres de Bouteflika

Amar Saadani a remis en cause la paternité des lettres adressées par Bouteflika à la Nation, en accusant Ouyahia de les avoir écrites. «C’est Ouyahia qui a écrit les lettres (du président) avec son secrétaire. C’est lui qui se charge de l’envoi du parapheur et de son retour. Il décide comme il l’entend, nomme, met fin aux fonctions, fait la promotion. Ce n’est donc pas le président qui est responsable», a-t-il lancé.

Et d’ajouter : «Le président est kidnappé, on ne le voit pas. On fait faire au président des choses qu’il n’accepte pas lui-même. Ils disent que le président a envoyé une lettre alors qu’il ne peut pas écrire, a désigné des responsables alors qu’il ne peut pas le faire. Les lettres sortaient de chez Ahmed Ouyahia signées par lui. Il les faisait entrer à la Présidence pour les faire sortir ensuite».

Saadani a estimé que, la seule lettre dont il ne doutait pas est «celle du 11 mars 2019 où il a annoncé qu’il ne s’est pas présenté pour un cinquième mandat et qu’il n’avait pas l’intention de se porter candidat. Sa candidature est venue de l’État profond».

Même le FLN est contrôlé par l’Etat profond, a ajouté Amar Saadani. «Le FLN est dirigé par un groupe de hors la loi, désigné par l’État profond. Ouyahia a une main dans la désignation de ce groupe. Cela s’est fait en dehors des statuts et du règlement intérieur. (…) Ils ne sont même pas membres du Comité central (CC) et osent diriger le parti ! Le CC est la haute instance du FLN (entre deux congrès). Le CC n’existe plus, c’est pourtant lui qui a désigné le président du parti (Bouteflika). Donc, le poste de président du parti n’existe plus aussi. Ils ne peuvent pas prétendre que le président a envoyé une instruction pour organiser un congrès extraordinaire. Tout est illégal actuellement au FLN», a-t-il dénoncé.

Par ailleurs, il a accusé Ouyahia d’avoir jeté des propositions qu’il a formulées dans les tiroirs pour qu’il continue de gérer les affaires de l’État comme il l’entend. «A l’époque, nous avons soumis des propositions lors des consultations sur la Constitution menées par Abdelkader Bensalah, reprises ensuite par L’État profond avec la nomination d’Ahmed Ouyahia. Le FLN était le dernier parti à participer aux consultations. Nous avons proposé l’indépendance de la justice. Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ne doit pas être présidé par le Chef de l’État qui n’a jamais assisté à ses réunions. Le CSM doit être dirigé par un magistrat élu par ses pairs. A lui revient la tâche de nommer les juges, de les muter, de les promouvoir ou de les sanctionner…», a-t-il rappelé.

Bouteflika partira le 28 avril… Son rêve est d’inaugurer la grande mosquée d’Alger

«Après un mois, le président ne va pas refaire son mandat. Laissez-le donc terminer ce mois et partir après. Le rêve du président est d’inaugurer la grande Mosquée (d’Alger), y rester ne serait-ce qu’un instant», a estimé Amar Saadani.

Saadani a indiqué qu’il n’était pas pour un 5e mandat de Bouteflika, parce qu’il était malade et qu’il n’en voulait pas. «L’une des raisons de mon retrait du secrétariat général du FLN est mon refus d’un cinquième mandat pour Bouteflika. Je me suis retiré avant l’heure. Je savais que le cinquième mandat était contre les intérêts du président. Le président n’en voulait pas», a-t-il expliqué.

L’Etat profond cible le contrôle les institutions de la République (Présidence, MDN, FLN)

«Il s’agit de personnes agitées par l’État profond qui cherchent à cibler des institutions de la République dans le but de se recycler. C’est là où réside le danger. Elles ciblent la Présidence de la République, le ministère de la Défense et le FLN. Dès que le chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Ahmed Gaid Salah a pris la parole, ils ont commencé à crier en disant qu’il est contre les manifestants. Gaid Salah a pourtant dit que l’armée reste aux côtés de la population mais contre les infiltrés, les chargés de mission. Ils ont alors réagi en prétendant que Gaid Salah était contre le peuple», a estimé Saadani.

Selon lui «l’institution militaire a confirmé son caractère républicain puisqu’elle n’est pas intervenue dans le Hirak, a empêché l’étranger de s’ingérer dans nos affaires et a protégé le pays des troubles. Le chef de l’état-major de l’ANP aurait pu écarter le président de la République en cinq minutes. Il ne l’a pas fait parce que l’armée est une institution républicaine qui va laisser le président terminer sa mission comme cela est prévu dans la Constitution».

Il a estimé que l’affaire de saisie des 701 kilos de cocaïne au port d’Oran était montée de toutes pièces contre l’institution militaire depuis l’étranger avec des complicités internes, dans le but de salaire l’armée. «L’enquête a prouvé que les officiers incriminés étaient tous innocents. Leur mise à l’écart n’était pas une accusation contre eux, mais une manière d’innocenter l’armée et d’éloigner le doute. (…)Un gardien d’APC a été arrêté parce qu’il avait obtenu un passeport de Hadj de la part d’El Bouchi. C’est tout ce qu’ils ont trouvé (…), a-t-il indiqué.

Pour Saadani, le mouvement populaire est composé de trois groupes : le grand groupe qui est le peuple, le deuxième groupe composé qui sont les partis politiques qui veulent avoir des acquis, et le troisième sont les infiltrés (l’Etat profond).

Par ailleurs, Saadani a proposé Abdelmadjid Tebboune, Abdelaziz Belkhadem et Mouloud Hamrouche comme trois potentiels candidats pour mener la période de transition. Il a considéré que Hamrouche est le mieux placé pour cela.

Saadani a tiré en outre sur les anciens soutiens de Bouteflika durant les 20 dernières années et qui lui ont tourné le dos alors qu’il est malade. «Je regrette que les soutiens et l’entourage du président de la République fassent preuve d’ingratitude alors qu’ils ont été à l’origine de la situation actuelle. Ils s’éloignent aujourd’hui du président alors qu’ils portent son burnous depuis vingt ans. Cela concerne plusieurs catégories d’entre eux», il a cité les responsables des Zaouïas, les imams, les anciens diplomates, les anciens ministres.

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