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Fatiha Benabou : «En 44 ans de droit je n’ai jamais vu un décret présidentiel qui retire la convocation du corps électoral»

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La professeure et spécialiste en droit constitutionnel, Mme Fatiha Benabou, est revenue, ce dimanche 24 mars 2019, sur le report de l’élection présidentielle par le président Abdelaziz Bouteflika qui a signé un décret annulant la convocation du corps électoral, et le prolongement de son 4e mandat.

«En 44 ans de droit je n’ai jamais vu un décret présidentiel qui retire la convocation du corps électoral. La Constitution ne donne aucunement le droit d’annuler la convocation du corps électoral», a-t-elle affirmé lors d’une conférence tenue à Algérie conjointement avec l’ancien ministre Abdelaziz Rahabi.

Mme Benabou a estimé que «le retrait du décret présidentiel convoquant le corps électoral est une erreur», et que «le président a outrepassé ses prérogatives. Nous sommes face à un feuilleton de violations de la Constitution».

Selon elle la première violation de la Constitution est «cette idée de 5e mandat qui est anticonstitutionnelle», et la deuxième est «le départ du président pour Genève sans déposer son dossier de candidature».

«La loi électorale est claire et dit que le candidat vient déclarer sa candidature, le règlement intérieur du Conseil constitutionnel est aussi clair, le candidat doit présenter son dossier de candidature», a-t-elle rappelé, en ajoutant que «le directeur de campagne de Bouteflika (Abdelghani Zaalane) n’avait pas le droit d’avoir une procuration du président pour déposer sa candidature, la procuration n’est valable que pour l’électeur».

Elle a expliqué que «le peuple s’est exprimé en toute souveraineté, 20 millions d’algériens ont manifesté c’est la totalité du corps électoral. Sur quelle base Bouteflika reste encore au pouvoir ?»

«Il y’a usurpation de fonction, ces gens-là risquent tous la prison, cet homme malade sans légitimité et sans forces politiques se repose alors sur une force militaire», a-t-elle précisé.

Selon elle «ils (le pouvoir) attendent la moindre étincelle pour déclarer l’état de siège et la loi martiale et suspendre les libertés fondamentales, quelque part nous ne devons pas tomber dans le piège du pouvoir», a-t-elle conseillé.

«Ils veulent nous traîner sur le terrain de la politique et de la violence, la meilleure manière est de les tirer sur le terrain du droit», a-t-elle conseillé, en ajoutant que «notre force est de nous accrocher à la Constitution et à la loi, le président a de tout temps violé la Constitution, un feuilleton de violences contre la Constitution».

«M. le Président démissionnez si vous avez une once d’amour pour l’Algérie», a-t-elle déclaré.

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