Après trois semaines et quatre vendredi de mobilisation générale des algériens face au système, en rejetant dans la foulée les décisions du président Abdelaziz Bouteflika, de prolonger son 4e mandat, de reporter l’élection présidentielle, d’organiser une conférence nationale et proposant une période de transition.
Toutes les catégories composant la société se sont élevées d’une seule voix pour réclamer le changement radical et le départ du système. La réponse aux propositions de ce dernier pour une sortie de crise était cinglante. Jeunes et vieux, hommes et femmes, magistrats, avocats, enseignants, étudiants, élèves, médecins, travailleurs de tous les secteurs d’activités ont manifesté pacifiquement contre le système en place.
Cependant, aucune proposition de sortie de crise n’a été concrètement formulée, soit de la part du régime qui s’entête dans ses propositions de conférence nationale inclusive et une période de transition attribuées au président Bouteflika qu’il propose de gérer lui-même, en nommant un nouveau premier ministre Noureddine Bedoui et un vice-premier ministre Ramtane Lamamra pour diriger cette période et, dont la dernière sortie médiatique a démontré que les deux hommes mêmes n’y croient pas à cette solution.
Lors de la conférence inédite tenue au CIC d’Alger, Bedoui et Lamamra n’ont répondu à aucune des questions du parterre de journalistes présents et de facto aux attentes des algériens.
Mis à part la promesse d’un gouvernement jeune, composé de femmes et d’hommes de compétences, l’invitation de l’opposition et de la société à faire partie de ce gouvernement, aucune annonce qui prélude à une volonté de changement n’a été formulée.
En face, le peuple algérien, qui accentue sa mobilisation sans tête pour un changement radical du système.
La question qui reste posée est : comment arriver à amorcer ce changement et assurer cette transition vite et dans le calme ?
Juges et avocats face à une mission historique
Dans une synthèse faite par notre confrère journaliste Nordine Grim, qui a recueilli lors de la marche du vendredi 15 mars à Alger, des propositions de quelques universitaires (sans les citer nommément) qui ont manifesté ce jour-là, ces derniers pensent unanimement que «les hommes de lois (juges et avocats) qui ont rejoint le mouvement sont tout indiqués pour organiser le prochain scrutin présidentiel».
Car, selon eux, tout prédispose les hommes de lois à cette mission historique: «le savoir-faire juridique, leur ancrage dans toutes les régions du pays, l’autonomie d’action retrouvée et la légitimité que les manifestants leur ont accordée».
La coordination doit être confiée à un homme de loi de consensus
Pour ce faire, les universitaires approchés par Nordine Grim estiment que «ces hommes de lois devront former le plus rapidement possible une structure de travail constituée de magistrats et avocats élus par leurs pairs et dont la coordination pourrait être confiée au doyen des juges ou à un homme de loi faisant consensus».
Les universitaires ont expliqué que «cette structure œuvrera notamment, à la mise à plat du fichier électoral, à la constitution d’une commission d’organisation et de contrôle des élections indépendante, à la création d’une instance habilitée à valider les candidatures et à rendre le verdict des urnes».
Selon eux, «elle mettra également en place une commission chargée de veiller à l’équité des médias lors des campagnes électorales».
Les universitaires interrogés étaient, également, nombreux à recommander que cette structure, qui pourrait prendre le nom de commission, de Conseil, instance ou autre, «soit autant que nécessaire élargie à un certain nombre de personnalités crédibles issues de divers horizons (universités, arts et culture, médias, représentants des femmes, de la jeunesse, de l’émigration etc.)».
Une structure d’une centaine de personne pour gérer la transition dès le 29 avril
Pour ces universitaires, cette structure composée d’une centaine de personnes, «sera officiellement chargée de gérer la transition dès le 29 avril prochain, date d’expiration du mandat d’Abdelaziz Bouteflika».
«Ces personnalité rapidement réunies en assemblée élective désigneront leur président et porte-parole, qui aura la légitimité de porter la voix du peuple algérien en Algérie et à l’étranger, durant toute la période transition qui commencera immédiatement après l’extinction du mandat de Bouteflika», ont-t-ils précisé.
Ensuite, explique-t-ils, le président de cette structure, et après consultation des hommes de lois chargés de la préparation des élections, rendra publique «la date du prochain scrutin présidentiel en veillant à ce qu’elle soit la plus rapprochée possible».
Démission des ministres, walis… dès l’expiration du mandat de Bouteflika
Par ailleurs, les universitaires approchés par notre confrère, exigent la démission «des ministres, des walis et autres présidents des institutions publiques, dès l’extinction du mandat de Bouteflika, mais, ces dernières devront continuer à fonctionner normalement sous les ordres de leurs secrétaires généraux».