Le nouveau vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères Ramtane Lamamra s’est expliqué, ce mercredi 13 mars 2019 sur les ondes de la radio Chaîne 3, sur le report de l’élection présidentielle considéré par plus d’une voix comme un enfreint à la Constitution.
Lamamra n’a pas nié ce dépassement, mais a préféré le justifier par un besoin de résolution de crises. «Les choses ne peuvent pas être prises isolément. C’est en réponse à une demande pressante que le Président Bouteflika a décidé que si l’échéance électorale provoquerait déchirement, elle ne devait pas être observée. Les gouvernants ne doivent pas considérer le Droit comme un obstacle, mais comme un outil, au sens noble du terme, pour transcender les défis auxquels font face leurs nations».
«Il s’agit de garantir la stabilité afin que nous puissions réaliser ensemble le changement. Certains observateurs ont souligné qu’une élection tenue pour réformer la Constitution succédant à l’élection du 18 avril serait redondante. La responsabilité du président de la République, dans la Constitution, envers la permanence de l’État constitue un impératif», a-t-il expliqué.
Sur le retrait de Bouteflika, il a rappelé que l’ancien président de la république Liamine Zeroual a démissionné sans se baser sur aucune loi de la Constitution. Ce qui est faux, l’article 88 de la Constitution de 1996 le lui permettant.
S’agissant des contradictions dans les messages de Bouteflika du 3 et 11 mars, le vice-ministre a expliqué qu’ «certains disent qu’il y a des contradictions entre le message du 3 mars et sa dernière lettre dans laquelle il a renoncé à sa candidature. Dans son message du 3 mas, il avait clairement dit qu’il ne terminera pas son mandat s’il est réélu. Donc, il n’y pas de contradiction».
Lamamra a indiqué que «le Président de la République a indiqué dans son message à la Nation, que toutes les institutions continueraient à fonctionner, y compris le parlement».
La conférence nationale le plus tôt possible
Sur la conférence nationale, le vice-ministre a indiqué qu’elle réunira toutes les parties de la société. Lamamra a indiqué que les partis de l’opposition et la société civile sont conviés à participer à cette conférence. «Nous souhaitons que la Conférence nationale représente équitablement la démographie de la société algérienne avec ses fortes composantes jeune et féminine», a-t-il précisé.
Selon Lamamra «le Président souhaite que la Conférence nationale soit tenue le plus tôt possible», et d’ajouter qu’«il y aura plusieurs blocs à la Conférence nationale : un bloc représentant la mouvance, la majorité, présidentielle, le deuxième bloc représentant l’opposition et le troisième la société civile».
Lamamra ne voit qu’une différence entre l’Assemblée constituante et la Conférence nationale. Selon lui «dans la première, y siégeraient des représentants élus alors que dans la seconde, tout le monde pourra s’y exprimer». «Par le jeu de l’élection, il y a un risque que la Conférence nationale ne soit pas représentative de la majorité des Algériens», a-t-il estimé.
«Nous ferons tout ce qui est humainement possible pour appeler la totalité des Algériens à adhérer à cette grande idée de former un nouveau contrat pour l’Algérie », a-t-il affirmé, en ajoutant que «le Président a indiqué qu’à la fin 2019, la Conférence devait s’efforcer de terminer ses travaux. Plus tôt elle se formera, le mieux elle pourra amorcer ses travaux en respectant les exigences d’efficacité et de représentativité».
Lamamra qui s’est longuement exprimé sur la conférence nationale, a ajouté qu’elle débouchera sur des réformes politiques, institutionnelles, économiques et sociales qui seront consacrées par la Constitution pour certaines. Selon le vice-premier ministre «le Président Bouteflika a précisé de façon très restrictive ce qui ne devrait pas être revu par la Conférence : une République démocratique avec ses trois composantes musulmane, arabe et amazighe».
Concernant la durée de la période de transition, que beaucoup craignent voir s’allonger dans le temps, Lamamra a indiqué qu’il comprend parfaitement ces craintes. Mais cette durée dépendra des efforts que consentiront toutes les parties. Selon lui, tant qu’on travaillera davantage et rapidement, on avancera rapidement. «La conférence nationale pourrait durer 3 à 4 mois, et organiser un référendum sur la nouvelle Constitution et l’organisation de l’élection présidentielle, directement après. Ces étapes pourraient se terminer avant fin 2019», a-t-il précisé.
Commentant les manifestations qui ont eu lieu à travers le pays, notamment, après la candidature du président Bouteflika pour un cinquième mandat et après son renoncement et le report des élections, Lamamra a indiqué que «les centaines de milliers de manifestants sont parfaitement respectables. Nous sommes même admiratifs de leur niveau d’organisation et leur caractère pacifique».
Concernant le nouveau gouvernement à sa tête Noureddine Bedoui, Lamamra a affirmé qu’il se composera de nouveaux visages, dont des femmes et de jeunes, et prendra des décisions importantes. Quant à savoir si des ministres pourraient être issus de l’opposition dans le nouveau gouvernement, Lamamra a indiqué que « c’était souhaitable ».