L’Algérie prospecte pour exporter de l’électricité vers la Libye, a annoncé mardi à Alger le ministre de l’Energie Mustapha Guitouni.
Le ministre s’exprimait en marge de la signature d’un protocole d’accord entre le groupe Sonelgaz et la société libyenne General Electricity Company Of Lybia (GECOL) portant sur une « coopération durable » dans la production de l’électricité en Libye.
« L’Algérie et la Libye sont liées par des liens de fraternité exceptionnels, des liens que nous tenons à renforcer en continu de façon à servir les intérêts des peuples des deux pays (…). Notre volonté est sincère pour renforcer la coopération bilatérale et travailler ensemble pour développer nos relations économiques dans le domaine de l’énergie à travers des projets de partenariat », a affirmé M. Guitouni.
« C’est dans ce sens que nous travaillons pour exporter de l’énergie électrique vers la Libye », a-t-il poursuivi.
Le protocole signé entre les deux sociétés permettra, selon le ministre, de renforcer la coopération entre les deux pays dans le domaine de l’énergie.
Selon lui, l’accord, à long terme, permet aux filiales de Sonelgaz de fournir leurs prestations à GECOL dans tous les domaines liés à la production de l’électricité.
Il s’agit notamment, a-t-il poursuivi, de la maintenance et le développement des centrales électriques, la fourniture des équipements, la participation dans l’assemblage de nouvelles centrales, la formation des travailleurs des centrales relevant de GECOL, mais aussi la contribution directe dans l’exécution de projets de centrales électrique.
De son côté, le P-dg de Sonelgaz, Mohamed Arkab, a précisé que la coopération bilatérale prévue dans ce cadre devrait commencer par la formation des cadres et travailleurs de Gecol par les cadres des filiales de Sonelgaz et la maintenance des centrales libyennes en activité, avant de passer à la seconde étape portant sur l’investissement direct dans la production.
« Ça fait une année et demie que nous sommes en train de négocier avec notre partenaire libyen pour créer ensemble un partenariat dans la production de l’électricité en Libye et surtout pour ce qui concerne la maintenance, la réparation de la pièce de rechange, dont les pièces nobles dans les turbines à gaz et turbines à vapeur et aussi la mise en service de centrales électriques », a-t-il détaillé.
Toutes ces chaines de valeur « sont maîtrisées par le groupe Sonelgaz à travers ses sociétés. Le but recherché avec nos frères libyens est de mettre en place un partenariat gagnant-gagnant qui va nous permettre aussi de transférer notre technologie. Nous allons commencer par la formation et la maintenance. Ensuite nous allons passer vers d’autres horizons tel que la réalisation des centrales, la réalisation de réseaux de haute tension et de très haute tension ainsi que la distribution de l’énergie électrique », a-t-il poursuivi.
Ainsi, Sonelgaz pourrait investir dans la réalisation de centrales combinées et de centrales rapides réalisables sur un mois ou 45 jours pour répondre à des besoins urgents en Libye, selon M. Arkab.
Interrogé pour savoir si la situation sécuritaire dans ce pays voisin ne rendait pas difficile un tel partenariat, il a répondu par la négation. « La situation sécuritaire (en Libye) est bien étudiée, nous travaillons dans le cadre de la coordination existant entre les deux pays », a-t-il dit.
Quant aux montants qui y seront investis, le premier responsable de la Sonelgaz a estimé qu’il était « encore prématuré de parler de montants. Nous allons commencer par un premier contrat dans la maintenance dont le montant sera connu prochainement. Cette après-midi, nous allons justement aborder les détails du protocole d’accord qui sera suivi par la signature de plusieurs accords », a-t-il répondu à une question de l’APS.
Interrogé sur le projet d’exportation de l’électricité vers la Libye, il a indiqué que la question fait l’objet actuellement d’études techniques et commerciales visant à évaluer la faisabilité de « l’installation de lignes électriques de 400 kilos voltes entre l’Algérie et la Libye qui vont porter la distribution globale à 2000 kilos voltes d’électricité ».
Une fois validé, ce projet se fera en partenariat avec les libyens, a-t-il ajouté.
Pour sa part, le P-dg de Gecol, Abdelmadjid Mohamed Hamza, a salué la signature de ce protocole d’accord qui « marque le début d’une coopération durable entre Gecol et Sonelgaz ».
Reconnaissant la réticence des investisseurs européens et américains vis-à-vis de la Libye « sous prétexte de l’insécurité », dit-il, M. Hamza a assuré que Sonelgaz profitera d’un « traitement privilégié » une fois qu’elle aura investi en Libye.
« Nous avons recouru à l’Algérie en raison de la similitude du processus de génération d’électricité dans les deux pays, parce que les Algériens sont arrivés à un niveau très élevé en termes de maintenance et de production de pièces de rechange des unités de production d’électricité, pour profiter de l’expérience algérienne et parce que les étrangers refusent, dans la plupart des cas, de venir en Lybie sous prétexte de l’insécurité », a-t-il confié.
« C’est sûr que la priorité (en matière d’investissements) sera donnée à nos partenaires algériens, vus les liens de fraternité qui nous relient, la proximité géographique et la performance dans les prestations de Sonelgaz », a-t-il soutenu.
Il a avancé que la coopération bilatérale devrait s’élargir davantage dans le future pour englober le créneau du transport d’électricité. « D’ailleurs, cette après-midi nous allons discuter des moyens de connecter le réseau électrique libyen avec le réseau algérien », a-t-il dit.