Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé lundi à l’occasion de la journée nationale du chahid, un message dont voici la traduction de l’APS:
Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux,
Prière et paix sur Son messager, les siens et ses compagnons jusqu’au jour du jugement dernier,
Mesdames, Messieurs,
Nous nous recueillons, aujourd’hui, avec dévotion et déférence à la mémoire de nos valeureux martyrs, les chouhada de la Glorieuse révolution de Novembre, qui a été le couronnement du combat libérateur de notre peuple et un phare éclairant la voie pour nombre de peuple, de par le monde, dans leur combat pour le recouvrement de leur indépendance.
En effet, l’Algérie se devait de consacrer une journée nationale au chahid, étant une terre abreuvée du sang pur de ses martyrs, « une terre dont chaque rocher cache les restes d’un de nos héroïques martyrs », comme l’a si bien dit l’un des leaders de notre Révolution.
En célébrant cette journée particulière dans la ville de Tiaret, citadelle des Hauts Plateaux, nous ne pouvons ne pas évoquer, entre autres meilleurs de ses enfants tombés en martyr pour l’indépendance, le Commandant Si Zoubir, l’un des lions de l’Armée de Libération Nationale (ALN), ou encore le Chahid Amrani Adda, guillotiné par le colonisateur barbare.
Force est de constater que l’histoire de la Glorieuse révolution de Novembre est l’œuvre de nos valeureux chouhada et de ses vaillants moudjahidine et moudjahidate, mes compagnons d’armes.
En cette commémoration, je tiens à adresser mes salutations et à exprimer ma considération aux moudjahidine et moudjahidate encore en vie et à m’incliner avec ferveur à la mémoire de ceux qui nous ont devancé pour la dernière demeure, dont ici à Tiaret, mon frère et compagnon, le Commandant Ahmed Kaïd, dit Si Slimane, un symbole de l’ALN et l’un des artisans de la grande bataille, celle de l’édification de l’Algérie indépendante.
Mesdames, Messieurs,
En parlant de la grande bataille qui avait pour objectif, aux termes de la Proclamation du 1er Novembre, l’édification d’une Algérie indépendante démocratique et sociale dans le cadre des principes de l’Islam, notre sainte religion, nous pouvons affirmer, fièrement et solennellement, que le sang de nos glorieux Chouhada n’a pas été versé en vain.
Oui, notre lutte héroïque durant la Glorieuse révolution de Novembre, dont le prix a été pour nous un million et demi de Chahid, a été le couronnement de l’épopée de la Résistance nationale à travers laquelle notre brave peuple a démontré son rejet catégorique, tout au long des siècles, de tout ce qui a trait au colonialisme, à l’asservissement et à la tyrannie, ainsi que sa détermination inébranlable pour le recouvrement de sa liberté, la réappropriation de son identité et l’instauration de sa pleine souveraineté sur toutes les contrées de l’Algérie.
En effet, la résistance héroïque déclenchée, les derniers mois de notre Glorieuse révolution dans le Sahara algérien, a été une autre preuve de cette détermination à obtenir l’indépendance de l’Algérie dans son intégralité et à mettre en échec les manœuvres de la dernière heure de l’implacable colonisateur.
Aussi, pouvons- nous, au vu des réalisations de l’Algérie indépendante en matière de progrès économique et de promotion sociale et au regard de sa voix retentissante dans le concert des Nations au service des causes justes et pour la défense d’un monde de paix et de sécurité, réaffirmer que le sang pur de nos martyrs n’aura pas été vainement versé.
Certes, l’Algérie indépendante a été fortement ébranlée durant la tragédie nationale, mais elle est restée attachée aux préceptes de notre sainte religion et au message de nos vaillants chouhada, qui ont préféré la patrie à la vie. Et grâce à la bravoure et à la résistance du peuple algérien, qui a donné à travers les générations successives, naissance à tant de vaillants patriotes, l’Algérie a su dépasser sa tragédie nationale, d’abord par la Concorde civile, puis par la Réconciliation nationale, deux bénédictions dont Allah nous a gratifié.
Nous remercions Dieu pour cette bénédiction et pour toutes les réalisations de l’Algérie dans le cadre de la paix, de la sérénité et de la fraternité.
Cette cérémonie de commémoration et de recueillement même si elle ne se veut pas, fondamentalement, une halte pour l’évaluation des réalisations de l’Algérie indépendante, il n’en demeure pas moins que le rappel de certaines réalités est un devoir en reconnaissance aux artisans de notre liberté, dont l’édification de l’Algérie était le rêve et l’objectif suprême de leur sacrifice.
Aujourd’hui, nous pouvons assurer à nos glorieux chouhada que l’Algérie a consacré à leurs petits-enfants la scolarisation totale, partout où qu’ils se trouvent, et que l’analphabétisme et la privation du savoir contre lesquels ils se sont élevés n’ont plus d’existence en terre algérienne, qui compte à présent près de dix millions d’élèves et d’étudiants, dont presque la moitié sont des filles.
Oui, Mesdames et Messieurs, en cette journée commémorative, nous pouvons affirmer à nos glorieux chouhada que le bannissement affligé à leur peuple, l’extrême pauvreté et la privation des enfants de l’Algérie des richesses de leur terre, c’est-à-dire les raisons pour lesquelles ils se sont révoltés contre le colonialisme abject, ont constitué, également, le moteur de l’essor de l’Algérie, qui a garanti à ses enfants, en peu de temps, des millions de logements et des millions de postes d’emploi en plus d’une solidarité nationale et d’une protection sociale de haut niveau.
Oui, Mesdames et Messieurs, nous pouvons dire à nos glorieux chouhada que la liberté pour laquelle ils se sont soulevés est aujourd’hui une réalité palpable en terre algérienne, Terre de dignité sous l’emblème national flottant.
Toutes les libertés dont jouissent les peuples développés sont, désormais, une réalité tangible en Algérie, aussi bien en termes de pluralisme politique, de liberté d’expression, de droits de l’Homme que d’égalité homme-femme ainsi que de tout ce dont rêvait notre brave peuple à l’époque de l’obscurantisme et de l’iniquité coloniale.
Mesdames, Messieurs,
S’il était un devoir d’informer nos valeureux chouhada de tout ce qui a été réalisé grâce à leur combat et à leurs sacrifices, nous devons, nous, ne pas oublier que les acquis de cette lutte et sacrifices, ne sauraient être sauvegardés et consolidés sans davantage d’effort et d’unité et même de sacrifice, le cas échéant.
Certes désormais, nous connaissons d’importants progrès dans tous les domaines, fruits de tant d’efforts et de persévérance dans la grande bataille, celle de la construction et de l’édification depuis l’indépendance, mais nous nous devons, aujourd’hui que nous vivons dans un environnement jalonné de menaces et de bouleversements, de veiller à la préservation de ces acquis et de rester mobilisés pour davantage de progrès.
Certes, nous jouissons à présent d’une sécurité affermie grâce aux sacrifices des enfants de l’Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de l’ALN, auxquels j’adresse, en votre nom tous, ainsi qu’à tous les corps de sécurité, officiers, sous-officiers et Djounoud, un hommage pour leur professionnalisme et leurs sacrifices ainsi que pour leur mobilisation contre les résidus du terrorisme et pour la préservation de la paix et de la stabilité de l’Algérie.
Néanmoins, la sécurité de l’Algérie ne suppose pas uniquement la force armée mais également la maturité, l’unité, l’action et le consensus national.
En cette commémoration particulière, j’exhorte, au nom de nos glorieux chouhada et vaillants moudjahidine, l’ensemble des enfants de notre grand peuple à unir leurs forces pour la préservation du serment fait aux chouhada de continuer le combat sur la voie de la construction et l’édification.
De même que je vous exhorte à faire prévaloir l’intérêt suprême du pays sur la diversité des idées chaque fois qu’il est question de la sauvegarde de notre indépendance politique, économique et sécuritaire.
En cette mémorable occasion, je vous exhorte tous à garder vivant, le souvenir du chahid, dans nos coeurs, nos actions et nos efforts pour l’édification d’une Algérie libre, fière et digne.
Gloire à nos martyrs.