Le général-Major à la retraite et candidat potentiel à l’élection présidentielle d’avril 2019, Ali Ghediri, a promis, ce mardi 5 février, que s’il est élu président de la république, il procèdera à une large consultation du peuple sur le système de gouvernance et de pouvoir.
Interrogé sur le système de gouvernance qu’il entend instaurer s’il est élu président, il a répondu que ce sera au peuple de choisir ce qu’il veut : un système parlementaire, présidentiel…ect. «Il y aura une large consultation du peuple sur le système de gouvernance», a-t-il promis.
Accueilli ce matin sur TSA Direct, Ali Ghediri envisage également de réviser la constitution. «Tout ce qui est contenu dans la constitution sera objet de débat populaire», a-t-il ajouté.
Sur le concept de «Rupture» qu’il prône et qui est le noyau de son programme, M. Ghediri a expliqué qu’il s’agit de rompre avec la corruption, les institutions non démocratiques…etc. «C’est la rupture avec tout ce que freine l’Algérie et sème le désespoir au sein des algériens», a-t-il précisé.
«Je ne suis pas un procureur pour juger les gens ou les mettre en prison. Je suis venu pour solutionner les problèmes du pays, et répondre à ce que le peuple demande et ce qu’il veut, pour réduire la distance existante entre le peuple et le Gouvernement», a-t-il ajouté.
«Un pays comme l’Algérie ne devrait pas arriver à une telle situation»
Sur le plan économique, Ali Ghediri a estimé qu’«un pays comme l’Algérie ne devrait pas arriver à une telle situation» de crise économique. Il a rappelé que «le problème en Algérie n’est pas économique, mais, politique».
«Si nous réussissons à restructurer les entreprises et que nous arrivions à revoir la philosophie de gouvernance en Algérie, le pays possède des ressources qui lui permettront de sortir de la crise la tête haute», a-t-il estimé.
Le candidat au prochain scrutin s’est dit pour une « économie national», en estimant que les entreprises publiques ne peuvent pas à elles seules développer l’économie du pays, de même pour les entreprises privées. «Pour moi, le capital national, c’est le capital privé plus le capital public, et j’ajouterai productif, fonctionnant conformément aux lois de l’Etat, en payant les impôts, en créant de la plus-value et des emplois. Il n’y a pas de différence entre le public et le privé», a précisé M. Ghediri.
«Le jeune, si on ne lui assure pas de l’emploi, la liberté de vivre, et que le climat actuel ne lui permet pas de vivre pleinement sa jeunesse, il ne lui restera comme solution que de fuir», a-t-il répondu à une question sur le phénomène de l’émigration clandestine.
Sur la dernière déclaration du premier ministre Ahmed Ouyahia qui a estimé que samedi dernier que «90% des harraga algériens vont pour récolter des tomates et des oranges dans les pays européens». Ali Ghediri a répondu en indiquant que «si vous leurs assurez toutes les conditions nécessaires, ils vont récolter ici, vos raisins, vos tomates et oranges, et n’iront pas récolter celles de l’Espagne».
«Quand on écoute le discours officiel, on dirait que c’est une faveur que le système fait au peuple», a déclaré M. Ghediri en réponse à une question sur les transferts sociaux et la politique sociale du pays. Il a rappelé que dans la déclaration de 1er novembre 1954, l’Algérie est un Etat social. Il s’est dit qu’à partir de ce principe, il est pour un Etat Social.
«Aucune institution et aucun secteur n’échappera aux réformes, y compris l’armée»
«Je viens pour réformer. Aucune institution et aucun secteur n’échappera aux réformes, y compris l’armée. Le moment venu j’en parlerai, il s’agira de débattre le programme point par point lors de la campagne électorale», a répondu M. Ghediri à une question sur le budget de l’Etat et la part de lion que prend l’armée estimé à 11 milliards de Dollars.
«Je dirai aux jeunes, que les mesures que je prendrai dans le volet du service national, dépassent tout ce qu’ils imaginent», a-t-il fait savoir à propos des réformes qu’il entend sur la question du service national.
En outre, sur la politique extérieur qu’il entend mener, M. Ghediri a indiqué que «je perçois l’Algérie comme une puissance régionale, et j’œuvrerai pour qu’elle le soit. Et c’est sur cette base-là que sera bâtie notre politique».
«les gens en tendance à se focaliser sur l’armement, qui n’est qu’un aspect de la puissance», a-t-il estimé. «Mais, quelle puissance avons-nous, si, on importe 90% de nos besoins de l’étranger», a-t-il ajouté.
Il a expliqué qu’«il faudrait qu’on puisse exporter ce qu’on produit en Algérie. Il faut qu’on cesse d’exporter un seul produit brut (les hydrocarbures). Il faut asseoir une industrie de transformation digne de ce nom, une économie de connaissance, pour engendrer de la plus-value conséquente, au lieu, de vendre les produits en l’état».
«La candidature de Bouteflika ne m’intéresse pas»
Sur l’éventuelle candidature du président Bouteflika malgré son état de santé, Ali Ghediri a estimé que la question devrait être posée pour ceux qui l’ont porté candidat. «Sa candidature ne m’intéresse pas, je ne me suis pas porté candidat pour défier Bouteflika, mais, je suis venu avec un projet», a-t-il expliqué.
Questionné sur ce qu’il pense du bilan du président sortant pour les 20 années qu’il a passé à la tête du pays, M. Ghediri a rappelé son slogan «Djazaïr El Izza wa Al Karama», en estimant où est cette Algérie-là ? «Sur le plan économique, on n’a pas de commentaire à faire là-dessus. La planche à billet c’est elle qui fait marcher tout», a-t-il indiqué, en ajoutant que «y-a-t-il des réalisations économiques importantes, ou bien, avons-nous produit autre chose que le pétrole et nous l’avons exporté ?», s’est-il interrogé.