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Smaïl Lalmas, économiste : «Le DAPS sera inutile, si en parallèle, on ne développe pas notre économie»

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Destiné à réguler et réduire la facture des importations, décourager les surfacturations opérées par certains importateurs, et encourager la production nationale, le Droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) décidé par le gouvernement, est entré en vigueur depuis mardi 29 janvier 2019.

En effet, l’arrêté ministériel fixant la liste des marchandises soumises à ces taxes allant de 30 à 200% a été publié au journal officiel. Le nombre de produits concernés est de 1095.

Ainsi, le Gouvernement, après trois années de blocage des importations, en instaurant en 2016 les licences d’importation, remplacées en 2018, par une liste de produits interdits d’entrée en Algérie. Ces deux dispositifs ont été abandonnés et remplacés par le DAPS, une taxe qui ne sera que conjoncturelle.

Les licences d’importations et la liste des 850 produits inefficaces

De l’avis de l’économiste et président de l’Association Algérie Conseil Export, M. Smaïl Lalmas, qui dit être d’accord avec la nouvelle mesure du DAPS instaurée par le Gouvernement, celui-ci, est censé remplacer la liste des 850 produits interdits à l’importation, qui a été instaurée après l’annulation de licences d’importation, a-t-il rappelé. «Ces dispositifs n’avaient rien de technique, ils avaient encouragé plus le marché informel et la corruption, que la régulation des importations», a-t-il estimé.

Pour M. Lalmas, «malgré la mise en place de ces deux dispositifs, on constate que la facture des importations n’a pas été réduite. Et finalement, ces mesures n’avaient pas atteints les objectifs tracés».

Dans ce sens, M. Lalmas a rappelé qu’il avait préconisé de mettre en place «des taxes intelligentes», afin « de réguler les importations et réduire leur facture, protéger la production nationale, en donnant une marge de manœuvre aux producteurs nationaux pour consolider un peu leur compétitivité par rapport aux produits étrangers, et également, pour décourager la surfacturation opérée par certains importateurs».

«L’application du DAPS ne peut être qu’une solution conjoncturelle»

Avec l’application du DAPS, estime l’économiste, qu’il est difficile, actuellement, de réguler les choses, car, «la taxe aura un impact sur les produits qui connaîtront une flambée», sauf si, elle «est exploitée dans le sens de structurer l’activité de l’import, et à encourager les importateurs à créer ce qu’on appelle «des groupements d’achats», pour négocier le prix par rapport aux quantités».

«L’application du DAPS ne peut être qu’une solution conjoncturelle et non pas une solution durable. C’est une histoire d’une année à deux années maximum», a indiqué M. Lalmas, qui précise que «nous avons des accords avec des partenaires étrangers, notamment, avec l’Union Européenne, la Zone arabe de libre-échange (GZALE)…etc.». «Il y a pas mal d’accords qui nous obligent à s’ouvrir», poursuit-il.

Dans le même ordre d’idées, M. Lalmas explique que «le DAPS ne peut pas être appliqué seul. C’est une étape pour passer à l’application et à la mise en place de barrières non-tarifaires et les barrières qualitatives», en rappelant que l’Algérie «est le seul pays où les produits entrent sans vraiment un contrôle efficace».

Selon lui, «aujourd’hui, nous avons besoin de mettre en place une politique de qualité qui va nous permettre filtrer ces produits qui rentrent sur le territoire national». Et ce afin de : «premièrement, protéger la production nationale, deuxièmement, protéger le consommateur et troisièmement, réguler et réduire la facture des importations, sachant qu’on importe n’importe où et n’importe comment», précise-t-il.

A ce propos, notre interlocuteur précise que «cette politique de qualité, va être mise en place par grâce aux différents laboratoires installés au niveau des postes de partage et postes frontaliers, et ces établissements doivent être efficaces», et pour être efficace, ajoute-t-il «il faudrait qu’ils soient accrédités».

Il explique que «nous devons travailler avec Algerac, l’organisme d’accréditation en Algérie, pour accréditer les laboratoires et leurs donner plus de crédibilité afin d’effectuer leurs missions de contrôle et de mise en application des normes algériennes à mettre en place».

«Le DAPS sera inutile, si en parallèle, on ne développe pas notre économie»

«Le DAPS devrait être accompagné par l’ouverture de l’investissement et la production. Cette taxe additionnelle ne servira à rien, si en, parallèle on ne s’ouvre pas à l’international et qu’on n’ouvre pas notre économie, et qu’on n’encourage pas l’investissement local, et qu’on n’attire pas les investissements étrangers», a estimé M. Lalmas.

Pour lui, le DAPS et les barrières qualitatives seront efficaces si en parallèle on développe notre économie. Par contre, estime-t-il, «tous ces dispositifs seront inutiles, si en parallèle on ne développe pas notre économie», a-t-il insisté.

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