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Désinformation : l’UE accentue la pression sur les géants d’internet

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A quatre mois des élections européennes, Bruxelles a sommé mardi Facebook, Twitter et Google d' »intensifier » leurs efforts pour lutter contre la désinformation en ligne, agitant la menace de mesures contraignantes en cas de résultats insatisfaisants.

Ce haussement de ton traduit un sentiment d’urgence croissant. La Commission européenne avait déjà exhorté les autorités des pays de l’Union européenne à partager leurs données « en temps réel » sur d’éventuelles campagnes de fausses informations, venant notamment de Russie.

S’adressant cette fois aux grands acteurs d’internet, elle leur a demandé d' »accélérer la cadence » des mesures qu’ils envisagent avant les élections de mai pour éviter qu’elles puissent être influencées par des acteurs malveillants. « Le temps des bonnes paroles est révolu », a insisté devant la presse la commissaire Mariya Gabriel, chargée de l’économie numérique. « Nous devons aller plus loin et plus vite avant mai », a renchéri son collègue Julian King, responsable des questions liées à la sécurité.

Les deux commissaires présentaient un premier bilan du « Code de conduite » non contraignant, signé à l’automne 2018 par Facebook, Google, Twitter et Mozilla (créateur du navigateur Firefox). Ils s’y engageaient, sur une base volontaire, à distinguer clairement contenus publicitaires et informations, ainsi qu’à fermer plus rapidement de faux comptes actifs. « Certains progrès ont été réalisés, notamment en ce qui concerne la suppression des faux comptes et la limitation de la visibilité des sites qui promeuvent la désinformation », a reconnu mardi l’exécutif européen.

Mais « des mesures supplémentaires sont nécessaires pour garantir la transparence totale des publicités politiques d’ici le début de la campagne pour les élections européennes dans tous les Etats membres de l’UE », a-t-il ajouté.

La Commission demande aussi que les plateformes internet permettent un « accès approprié » à leurs données. « Des grands chercheurs européens ont dit qu’il leur avait été impossible d’accéder aux données de Facebook », a déploré M. King.

Concernant les entreprises du monde de la publicité, l’exécutif européen a regretté qu’aucune d’entre elles n’ait signé le « Code de conduite », qui n’a été endossé que par des fédérations professionnelles du secteur.

Des rapports seront désormais publiés chaque mois par la Commission qui « effectuera une évaluation complète » de l’application du « Code de conduite » d’ici la fin de l’année. « Si les résultats s’avèrent insatisfaisants, la Commission pourrait proposer d’autres actions, y compris de nature réglementaire », a-t-elle mis en garde, c’est-à-dire en abandonnant le caractère volontaire de la démarche et en imposant des obligations législatives aux acteurs d’internet. Facebook avait pris les devants lundi en annonçant depuis Bruxelles le lancement de « nouveaux outils » pour lutter contre les « interférences » dans les élections européennes, et « rendre la publicité politique plus transparente ».

Le réseau social américain est particulièrement sous pression, accusé de ne pas avoir détecté des campagnes de manipulation de l’électorat américain, attribuées à la Russie, lors de la présidentielle de 2016. La diffusion organisée de fausses nouvelles a aussi été pointée du doigt par certains lors de la campagne en faveur du Brexit au Royaume-Uni.

Malgré ses nouvelles promesses, Facebook doit encore « clarifier la manière dont il va déployer ses outils » et « renforcer la coopération avec les +fact checkers+ (vérificateurs de faits) et la communauté des chercheurs dans l’ensemble de l’UE », a insisté mardi la Commission. Quant à Google, ses outils d’amélioration de la transparence « ne sont disponibles que dans un petit nombre d’Etats membres », a regretté l’exécutif européen. Le réseau social Twitter de son côté a été invité à donner « plus d’informations » sur comment il va concrètement empêcher les « producteurs de désinformation de faire la promotion de leurs tweets ».

L’ONG Avaaz a reproché aux grands acteurs d’internet de ne pas prendre la mesure de leurs responsabilités. « L’Europe est en feu, et les plateformes de médias sociaux apportent des pistolets à eau pour combattre les flammes », a accusé un responsable, Christoph Schott, dans un communiqué. « C’est maintenant à la Commission européenne de faire ce qu’elle menace de faire depuis un an : légiférer. Ils ont 4 mois pour le faire », a-t-il lancé

Afp

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