Les intervenants au Forum national sur le phénomène de la « harga » (émigration clandestine) ont plaidé, samedi à Alger, en faveur de l’inclusion de la donne migratoire dans les politiques de développement national et local.
A cet effet, le spécialiste Mohamed Saïb Musette, qui intervenait sur les « modes opératoires de la harga », a insisté sur l’intégration du phénomène de l’émigration clandestine dans « tous les programmes de développement aussi bien national que local ».
« Les pouvoirs publics doivent élaborer une stratégie avec pour objectif de mettre à la disposition des jeunes de tous les moyens et les chances, notamment en ce qui concerne la formation professionnelle et l’acquisition de compétences et d’apprentissage », a-t-il ajouté, estimant que cela « doit passer nécessairement par la mise en place d’un système d’informations statistiques et documentaires tendant vers la collecte, le traitement et la diffusion des données relatives à ce phénomène ».
Il a appelé, à ce propos, à l’institutionnalisation d’un « cadre national pour la concertation et l’implication de tous les acteurs intervenant dans la gestion des flux migratoires ».
Pour sa part, l’économiste Ait Ali Ferhat, a souligné la nécessité de « remédier au phénomène de l’émigration irrégulière dans le cadre d’une stratégie multidimensionnelle qui met en avant les aspects socioéconomiques, psychologiques et sécuritaires, et facilite l’accès des jeunes au monde de l’emploi et de la formation ».
Il a estimé, par ailleurs, que « l’imposition de visas et de restrictions de déplacements par les pays cibles de cette émigration, n’est en fait pas étrangère à l’explosion de ce phénomène dans notre pays où le gros des harragas souffre plus de cette interdiction d’entrée dans des territoires avec lesquels ils entretiennent des contacts psychologiques mythifiés de par l’émigration déjà implantée dans ces pays ».
« Le problème immédiat étant de juguler autant que possible le phénomène en lui-même, du moins à partir des côtes algériennes, surtout pour les drames maritimes qui endeuillent régulièrement des familles algériennes », a-t-il soutenu, appelant au tarissement des moyens logistiques, comme les embarcations de pêche et artisanales.
De son côté, le professeur Mohamed Laagab, qui intervenait sur le rôle des réseaux sociaux dans la prolifération du phénomène, a expliqué que l’émigration clandestine, qui existait depuis un certain nombre d’années en Algérie, a été « amplifiée » par la « démocratisation » des moyens technologiques comme les smartphones et les réseaux sociaux.
Il a relevé que les réseaux sociaux, utilisés largement par les passeurs, ont contribué à l’amplification du phénomène en Algérie, notamment à travers l’application Viber et autre Messanger (moyens de communication directe et en ligne), appelant à faire barrage à ceux qui utilisent des pages web pour inciter les gens à quitter par des moyens illicites et dangereux leur pays.