Le Haut Conseil islamique (HCI) a suggéré récemment à la Banque d’Algérie un projet relatif aux mécanismes pratiques concernant une instance nationale religieuse pour l’encadrement de la Finance islamique et ce afin d’unifier la jurisprudence suite à l’approbation, par le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC) en novembre dernier, d’un règlement définissant les règles applicables aux produits de la finance islamique, a indiqué lundi l’expert international en économie et finances islamiques et membre du HCI, Mohamed Boudjellal.
S’exprimant lors du premier colloque international sur les modes opératoires de la finance islamique (Mofi) tenu à Alger, M. Boudjellal a mis l’accent sur l’impératif de mettre en place les mécanismes pratiques de l’instance nationale religieuse devant encadrer la Finance islamique comme le stipule le règlement 18/2 sans avoir défini davantage de détails, affirmant que le HCI est l’organe chargé de définir ces mécanismes et que le projet a été mis en place et remis à la Banque d’Algérie.
Soulignant qu’à travers le règlement 18/2, le CMC a permis la création de guichets opérant par le principe « finance participative (islamique) » spécifiques aux produits financiers conformes à la Charia, M. Boudjellal a fait savoir que la principale mission de cette instance nationale religieuse est de réaliser l’harmonisation et d’unifier l’opinion juridique concernant les produits financiers.
Il a souligné que la mise en place de guichets dédiés à la finance participative devrait s’articuler autour de trois (3) principes fondamentaux, à savoir « la graduation dans l’application, la consultation dans l’élaboration et l’inclusion de l’ensemble des acteurs économiques et sociaux ».
De son coté, le président de l’instance religieuse de la Banque Al Baraka, Maamoun Gacemi a indiqué que le règlement 18/02, qui définit les règles applicables aux produits dits participatifs ne donnant pas lieu à perception ou versement d’intérêt, énonce les catégories de ces produits, à savoir la Mourabaha, Moucharaka, Moudaraba, Ijara, Istisna’a, Salam ainsi que les dépôts en comptes d’investissement.
Cette nouvelle règlementation est susceptible d’attirer un grand nombre de citoyens désirant faire des transactions financières conformes aux principes de la Sharia, a-t-il ajouté.
Il a relevé en outre la nécessité pour chaque banque, disposant de guichets offrant des produits financiers islamiques, d’avoir une instance interne de contrôle en vue de garantir l’adéquation de ces produits avec la Sharia, et ce pour acquérir la confiance des clients, ainsi qu’une instance nationale extérieure exerçant le contrôle en général.
Pour M. El Kassimi, le succès de la finance islamique réside dans la formation des cadres en la matière avant le lancement des guichets.
A ce titre, M. Boudjellal a indiqué qu’il avait supervisé, le 29 décembre dernier, le déroulement des examens au profit de 47 fonctionnaires supérieurs appartenant au secteur bancaire en vue de l’obtention d’un certificat de Financier islamique agréé, ajoutant qu’un examen pareil se déroulerait le 26 janvier afin de permettre la qualification des cadres supérieurs des banques dans le domaine de la finance islamique.
Par ailleurs, le Directeur général d’Al Salam Bank, Nasser Haider a indiqué que les transactions financières participatives désignaient le partage et la participation en termes de risques, de responsabilités, d’avantages et de contraintes relatives aux transactions financières, économiques et commerciales.
Les guichets de la finance islamique sont indépendants financièrement des guichets traditionnels, outre l’obligation d’un auditeur interne assurant la conformité de leur produits avec les principes de la Charia, a-t-il ajouté.
Le président du Haut Conseil islamique (HCI), Bouabdallah Ghlamallah a souligné, pour sa part, que « la finance islamique permettra aux citoyens d’épargner leur argent sans aucun souci concernant les intérêts usuraires ».
Organisé par le Centre des études et de veille informationnel en technologies de l’information et de la communication, ce colloque intervient « pour renforcer les efforts des pouvoirs publics visant à mettre en place des mécanismes juridiques, financiers et informationnels en vue d’accélérer le processus d’intégration financière au profit des citoyens et des opérateurs économiques.
Cette rencontre vise également l’accompagnement des efforts de modernisation du système bancaire, notamment à travers le parachèvement des réformes bancaires et financières en vue d’améliorer leur efficacité et leur caractère concurrentiel.