Les cours du pétrole sont restés moroses vendredi, poursuivant leur dégringolade sur fond de craintes persistantes de surproduction.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a cédé 53 cents pour finir à 53,82 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, son plus bas niveau depuis septembre 2017. Il a perdu 10,7% sur l’ensemble de la semaine.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de WTI pour la même échéance a perdu 29 cents pour terminer à 45,59 dollars, un niveau plus vu depuis juillet 2017. Il a plongé de 11,4% sur la semaine.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), dominée par l’Arabie saoudite, et ses partenaires sont pourtant convenus au début du mois de réduire leurs extractions d’environ 1,2 million de barils par jour (mbj) à partir de janvier afin d’enrayer la chute des prix, le Brent et le WTI ayant respectivement perdu environ 35% et 40% depuis début octobre. Jeudi, l’organisation a signalé qu’elle détaillerait l’ampleur des réductions que chacun des pays devra mettre en place, alors que seul le chiffre global a jusqu’à présent été diffusé. « Ceci est perçu comme une tentative de dissiper les doutes autour de la capacité du cartel à réduire sa production. Mais cela semble être tombé dans l’oreille d’un sourd« , a constaté Stephen Brennock, analyste chez PVM.
Les investisseurs sont d’autant plus méfiants que les extractions restent à un niveau très élevé aux États-Unis et que la Russie a fait état cette semaine d’une production record en décembre. Ces deux pays constituent avec l’Arabie saoudite les principaux producteurs de pétrole du monde.
Parallèlement à ces signaux d’une production très abondante se multiplient les signes d’un ralentissement de l’économie mondiale, qui pourrait se traduire par une baisse de la demande en énergie. « Les investisseurs les plus optimistes pour l’évolution des cours du pétrole semblent hiberner et ne devraient pas revenir avant le Nouvel An« , a prévenu M. Brennock. « La semaine prochaine pourrait être chaotique« , a estimé de son côté Kyle Cooper de Ion Energy.
Nombre de courtiers, échaudés par la chute des cours de plus de 30 dollars le baril en deux mois, ont déjà fermé leurs positions pour l’année selon lui. Dans ce contexte de très faibles liquidités, « le moindre ordre passé peut créer des mouvements disproportionnés« , a-t-il avancé.
La dernière vague de ventes sur le marché du pétrole, jeudi et vendredi, a accompagné la déroute des marchés boursiers. Les investisseurs ont été particulièrement ébranlés par la décision mercredi de la banque centrale américaine (Fed) de prévoir encore deux hausses de son taux directeur l’an prochain, malgré les nuages qui s’amoncellent sur la croissance américaine et l’économie mondiale. A cette source d’inquiétudes s’est ajoutée aux États-Unis la menace de la paralysie des administrations fédérales à partir de samedi matin, le président Donald Trump se disant prêt à un « très long » blocage pour obtenir le financement pour un mur à la frontière avec le Mexique.
Afp