Dans cet entretien, le président du syndicat national des pharmaciens d’officines (Snapo) MBelambri revient sur les différents points discutés lors des journées pharmaceutiques organisées par l’Unop et décortique aussi les recommandations des experts.
Algérie-Eco : Le Snapo a pris part aux deuxièmes journées pharmaceutiques industrielles organisées par l’Unop le 7 et 8 décembre 2018. Peut-on connaitre les points essentiels retenus par le syndicat lors de cet événement ?
MBelambri : Ce qui a été retenu, et discuté, ce sont les dernières déclarations du ministre de la santé qui a annoncé qu’il y a actuellement 352 projets d’usine en réalisation, dont plus de 120 sont destinés au médicament, et 10 aux bio-similaires et médicaments innovants. Selon le ministre l’actuelle loi sanitaire 18-11 encourage et protège la production nationale dans son article 206
Mais, les experts attestent que dans l’état actuel des choses, le problème entre l’interchangeabilité entre bio-similaires et médicaments classiques pose un réel problème, car le ministère interdit aux médecins de mettre les anciens malades sous les nouveaux traitements bio-similaires, ainsi les nouveaux médicaments ne pourront être utilisés que pour les nouveaux malades.
L’Unop insiste sur le maintien des mesures incitatives en faveur de la production nationale. Est-ce que vous partagez cet avis ?
Oui. Il faut savoir que la croissance de l’industrie pharmaceutique en Algérie, est très forte et l’une des plus élevées au monde: 17.3%/année et 70% des recettes des laboratoires Hindous (de l’Inde) proviennent de leurs exportations.
Il faut savoir également que 35% de la matière première utilisée en France provient de chine et d’inde et la durée de stabilité des médicaments (péremption) dépend de la qualité des matières utilisées pour sa fabrication, plus les ingrédients sont de qualité, plus la durée de vie sera prolongée, mais le cout sera plus élevé.
Pour la dispensation au niveau de l’officine, on parle également de qualité: présence du pharmacien, niveau de formation et de qualification du personnel employé, identification officielle des produits conseil (liste officielle).
Sur ce point, tous les experts s’accordent à dire que la production locale tend vers la saturation et qu’il y va de l’intérêt des industriels algériens à s’orienter vers l’export et profiter de la demande et de la croissance des pays voisins, zone mena, et africains. Le marché américain (USA) est le marché le plus grand au monde et les prix du médicament sont trés élevés.
L’Algérie est classée par les experts internationaux comme pays émergeant en matière d’industrie pharmaceutique. Les laboratoires moyens comme Abott et Hikma explorent par l’investissement de nouveaux marchés dans le monde et investissent par exemple en Russie, en Inde, et en Egypte mais les grands labos comme Sanofi, s’orientent désormais vers la recherche et les médicaments innovants, ils ont même abandonné et vendu leurs filiales génériques. Aussi, les grands labos, ne veulent plus investir à l’externe, ils se consacrent de plus en plus a la recherche.
Par exemple Hikma a augmenté son activité et son chiffre d’affaire aux USA car les prix du médicament sont élevés, et la marge aussi est élevée, et les formes injectables sont celles qui ont généré le plus de profit a ce laboratoire. Hikma a même réussi à racheter une grande compagnie de médicaments aux USA.
Comment peut-on encourager les firmes pharmaceutiques à exporter ?
La mesure principale pouvant encourager les firmes pharmaceutiques a exporter, c’est un soutien de l’Etat, est le principale soutien c’est l’élaboration d’une réglementation favorable à l’export. Les experts s’accordent à dire qu’il y a un grand déficit en la matière actuellement en Algérie, et que les textes actuels ne sont guère favorables pour l’exportation du médicament actuellement pour enregistrer un nouveau médicament auprès du ministère de la sante, il y a des délais d’attente de plus de 08 mois, les operateurs demandent à ce que ce délai soit ramené à 04 mois comme le stipule l’arrête ministériel 138 du 18/10/2018. La chine est le 2e plus grand marché mondial après les USA. Le marché algérien est grand comparativement a certains pays, mais pas assez pour absorber la future production des 352 unités en projet et celles activant actuellement (plus de 85). L’Arabie saoudite et l’Égypte sont les plus grands marchés de la zone MENA (moyen orient et Afrique du nord) des pays comme: les Emirats arabes unies, Turquie, Jordanie, arabe saoudite: fabriquent la matière première des médicaments, et ils sont bien classés sur le plan international.
Il faut savoir aussi que le plus grand exportateur de médicament au monde est l’Irlande suivi de : Inde, Chine, puis pour les pays qui nous intéressent: Turquie, Jordanie, Saudia, Emirates, Egypte, Tunisie…
Les plus grands acteurs mondiaux du médicament sont la Chine et l’Inde et les plus avancés en matière de recherche et développement: France et Singapour (pole de biotec) alors que les meilleurs en exportation : Irlande et Jordanie et ceux qui arrivent en force sur tous les plans avec vitesse grand V (rapidité de développement du secteur pharma): Emirats arabes et Turquie. Les chinois commencent à s’orienter ver l’externe et achètent actuellement beaucoup d’usines et de labos a l’étranger pour conquérir le monde. La FDA (USA) accorde plus de 300 autorisations par année à l’Inde: expression d’une garantie sur leurs produits et signe de qualité et de fiabilité des médicaments hindous. Le marché interne de la Jordanie est évalué à 600 millions de dollars, et à l’export à 700 millions de dollars !!!
les OTC, étaient initialement dans le projet de loi sanitaire (Algérie), mais la loi a finalement été adoptée sans cet article (il n’y a pas que l’article du monopole de l’officine qui a été supprimé à l’APN ! )…
En conclusion je dirai que les experts algériens recommandent au ministère de la santé d’enregistrer les médicaments importés en DA et non plus en dollars ou en Euro. Mais une question se pose aussi, est ce que c’est dans notre intérêt ?