Avec une plus grande rigueur budgétaire, une meilleure gouvernance, un changement de cap de la politique économique actuelle, avec un baril entre 60/70 dollars, l’Algérie peut faire face à la crise financière actuelle. C’est le constat établi par le professeur Abderrahmane Mebtoul qui analyse les raisons de la baisse des prix du pétrole ainsi que ses conséquences sur les économies des pays producteurs comme l’Algérie.
« Pour cela, l’Algérie a besoin enfin d’une nouvelle stratégie, s’adaptant au nouveau monde fondée sur l’économie de la connaissance, de la confiance et du dialogue productif, de rassembler au lieu de diviser, pour sécuriser son avenir fin de s’éloigner des aléas de l’autoritarisme des années 1970 largement dépassé reposant sur le dictat bureaucratique et la mentalité rentière », estime MMebtoul.
Selon lui, le cours du Brent après avoir atteint le 3 octobre un pic de 86,74 dollars le Brent, entre les 07/08 décembre 2018 a été coté à 61,54 pour le Brent et à 52,48 dollars le Wit, très légère hausse, après que l’Opep et ses alliés dont la Russie ont décidé une baisse commune de leur production de 1,2 million de barils par jour (mbj) à hauteur de 800.000 barils/j par les quatorze pays de l’Opep et de 400.000 par ses dix partenaires dont la Russie, environ 1% de la production mondiale.
Face à cette baisse décidée à Vienne, ajoute-t-il, les facteurs géostratégiques futurs échappant à l’OPEP, ne représentant seulement 35% de la production commercialisée mondiale avec la dominance de l’Arabie Saoudite, 33% de la production, avec deux poids lourds hors OPEP les USA et la Russie. Quelle sera l’attitude future de cette organisation ? s’interroge-t-il. Pour lui, en plus de l’annonce du 03 décembre 2018 du retrait du Qatar de l’OPEP à compter du 01 janvier 2019, bien que la production soient limitée, mais impacte la cohésion de l’organisation. Toutes ces décisions ont un impact sur l’économie algérienne dont les recettes en devises proviennent à plus de 98% des hydrocarbures et dérivées, pour ne pas recourir au financement non conventionnel et ne pas diminuer les réserves de change, selon le FMI, le prix du baril devrait être de 95/100 dollars.
Les autres raisons de la baisse des cours du brut concernent selon MMebtoul, l’existence des divergences sur le juste prix d’équilibre, entre petits producteurs à fortes population préconisant 75/80 dollars comme l’Algérie et le Venezuela, d’autres gros producteurs 65/70 dollars comme la Russie( 65 dollar) et l’Arabie Saoudite(70 dollars) et les USA/Chine/Inde et Europe un prix entre 50/60 dollars, le prix d’équilibre souhaitable étant autour de 70 dollars, étant une utopie de prévoir un cours supérieur à 80/90 dollars sauf très grave conflit au Moyen Orient.
«Le cours actuel s ‘explique également par le fait que plusieurs pays OPEP et non OPEP dont la Russie, n’ont pas respecté le quota décidé en décembre 2016 à Vienne », précise-t-il.
Quel sera l’impact du retrait du Qatar de l’OPEP ? Ce retrait aura un impact relativement faible puisque ne produisant que 648.000 barils/j et son quota à Vienne ayant été réduit à 618.000 barils/j , soit une différence seulement de 58620 barils/j , montant physique faible, explique M. Mebtoul.