Selon un nouveau rapport de l’OCDE, le financement extérieur à destination des pays pauvres est en baisse, en dépit de l’engagement souscrit il y a trois ans par la communauté internationale d’accroître les apports financiers à l’appui du développement, notamment sous la forme d’investissements privés.
Selon les Perspectives mondiales du financement du développement durable 2019, le financement extérieur global a chuté de 12 % sur la période 2013-2016, un recul qui jette de sérieux doutes sur la capacité de la communauté internationale à atteindre les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
Parmi des données sur le financement extérieur qui sont disponibles au-delà de 2016, il ressort de la publication que l’investissement direct étranger à destination des pays en développement a chuté de 30 % sur la période 2016-2017 et le financement de projets a baissé de 30 % au premier trimestre de 2018. L’aide publique au développement (APD) des économies avancées est stable mais reste inférieure aux objectifs, tandis que d’autres apports tels que les envois de fonds et la finance philanthropique, bien qu’en augmentation, demeurent comparativement modestes.
Cette baisse survient alors même que les besoins de financement à l’appui du développement durable augmentent sous l’effet de la croissance démographique, des conflits ou de la dégradation de l’environnement. La communauté internationale s’est engagée à la Conférence des Nations Unies d’Addis-Abeba en 2015 à accroître le financement du développement, en se servant de l’investissement privé comme levier. « Les pays donateurs n’ont pas honoré la promesse faite en 2015 d’accroître les flux financiers à l’appui du développement », a déclaré le Directeur de la coopération pour le développement de l’OCDE, M. Jorge Moreira da Silva, lors du lancement du rapport au Forum de Paris sur la paix. « Le financement du développement n’est pas un coût mais un investissement, qui nous aidera à instaurer la paix et la prospérité à l’échelle mondiale, ce qui est la finalité des Objectifs mondiaux. »
Le rapport appelle à intensifier les efforts pour la mobilisation des ressources intérieures, qui sont au moins aussi importantes que les apports extérieurs pour le développement durable. Par exemple, les recettes fiscales sont de loin la ressource financière la plus importante pour les pays pauvres. Pourtant, dans les pays à faible revenu et les pays les moins avancés, les recettes fiscales s’établissent en moyenne à tout juste 14 % du PIB, soit moins de la moitié de ce qu’elles représentent dans les pays de l’OCDE (34 %) et moins que les 15 % qui constituent le seuil minimum recommandé pour un bon fonctionnement de l’État.
Autre exemple, les coûts de transaction relatifs aux envois de fonds des émigrés à leur famille dans les pays en développement peuvent atteindre pas moins de 14 à 20 %. Selon le rapport, un abaissement des coûts de transfert de seulement 1 % augmenterait de 30 milliards USD la valeur du total des envois de fonds des émigrés (qui s’établissaient à 466 milliards USD en 2017) – soit l’équivalent d’un quart du total des apports de l’APD.
Le rapport préconise une refonte du système de financement du développement dans le but de renforcer la transparence, de définir des normes internationales claires et de donner aux pays destinataires les moyens de procéder à des choix optimaux. Il appelle également à faire plus pour mesurer l’impact, et non plus seulement le volume, du financement du développement, et à permettre une interaction plus stratégique entre les fournisseurs, les intermédiaires et les bénéficiaires de sorte que chaque dollar dépensé produise le maximum d’impact.
S’agissant des ressources propres, la communauté internationale devrait soutenir les échanges et le développement du secteur privé, recenser et éliminer les obstacles à l’investissement, renforcer les capacités de mobilisation des recettes fiscales et aider les pays en développement à prévenir l’évasion et la fraude fiscales.
Source : OCDE