Sonatrach s’apprête à signer avec une entreprise chinoise un contrat de 6 milliards de dollars pour la réalisation d’une usine de production de dérivés du phosphate, d’une centrale photovoltaïque et d’un complexe de propylène à Arzew. A cela s’ajoute l’acquisition de la raffinerie d’Augusta en Italie.
A ce propos, M. Abdelmajid Attar, ancien ministre et ancien PDG du groupe Sonatrach, a indiqué ce lundi, lors de son passage à la Radio Algérienne, « ce n’est pas la diversification qui va permettre à Sonatrach de sortir de la dépendance au pétrole et au gaz. C’est simplement une diversification en termes de valorisation ».
L’exploitation de certains gisements miniers, tels que le phosphate, qui va générer 2 milliards de dollars, permettront des nouvelles rentrées en devises, mais selon cela « ne va pas remplacer l’exploitation du pétrole et du gaz ».
Évoquant les énergies renouvelables dans lesquels Sonatrach s’est investie, M. Attar a rappelé que Sonatrach poursuit ses activités d’exploration de nouveaux gisements pétroliers et gaziers, mais « elle prévoit de développer les énergies non conventionnelles, notamment le gaz de schiste, dont l’Algérie renferme des ressources extrêmement importantes qui mettent l’Algérie à la troisième place derrière la Chine et l’Argentine ».
Constatant que le pays consomme une bonne partie de l’énergie qu’il produit, M. Attar a indiqué qu’ «il va falloir arbitrer entre les besoins du marché intérieur et la rente ».
Relevant que les recettes pétrolières représentent 97% des exportations, 60% des recettes budgétaires de l’Etat et le tiers du PIB de l’Algérie, l’intervenant estime que cet arbitrage passera soit par l’économie d’énergie en rationalisant la consommation, soit en développant à grande échelle les énergies renouvelables.
Interrogé sur la révision des prix du gaz indexés sur ceux du pétrole, M. Attar plaide pour la fin de cette indexation, arguant que les prix du pétrole ont du mal à se stabiliser et que le secteur des hydrocarbures est en panique. « Il y a une véritable panique sur le marché pétrolier ».
Abordant la tenue de la prochaine réunion de l’OPEP, prévue le 5 décembre, M. Attar déclare ne pas souhaiter que le prix du pétrole baisse au-delà de son niveau actuel. Cela entraînerait, selon lui, une récession mondiale et le retour en force de l’exploitation du charbon. Mais si le prix du pétrole se stabilise autour des 70 dollars, ce serait alors « un miracle », a-t-il précisé.
M. Attar estime que les facteurs géopolitiques, tels que les sanctions américaines contre l’Iran, l’embargo sur la Russie et la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, contribuent à créer la panique et le désordre sur le marché pétrolier. A cela s’ajoute les récentes frictions entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, le plus grand producteur, qui se trouve aujourd’hui en position de faiblesse au sein de l’OPEP.
A ce propos, l’intervenant pense que l’Arabie Saoudite va se soumettre aux orientations du président américain, Donald Trump, qui est, selon lui, le nouveau facteur qui définit les prix à l’avenir. « Nous avons en face de nous tous les pays de l’OCDE qui veulent une baisse des prix, sous les 50 dollars le baril », a-t-il souligné, en citant la France qui connait ces derniers jours un mouvement de protestation les « gilets jaunes » contre la hausse des prix des carburants.