Commentant le projet de loi de finances 2019, le professeur Abderrahmane Mebtoul estime que la situation socio-économique actuelle exige une action vigoureuse de redressement national qui doit constituer la principale priorité au vu des tensions géostratégiques au niveau de la région et budgétaires inévitables entre 2018/2020/2025, avec des incidences sur le cours du pétrole, principale source de devises du pays.
« Avec une plus grande rigueur budgétaire, une meilleure gouvernance, un changement de cap de la politique économique actuelle, avec un baril entre 60/70 dollars, l’Algérie peut sens sortir, possédant des atouts avec un endettement extérieur faible, moins de 7 milliards de dollars », a-t-il déclaré.
Selon MMebtoul, du fait du manque de vision stratégique, les principales mesures, la règle des 49/51% instaurée en 2009, le passage du Remdoc au Credoc, les licences d’importation n’ont pas permis de faire baisser sensiblement la facture d’importation de biens et services.
L’amélioration du solde de la balance commerciale entre 2010/2018 est en fonction essentiellement des recettes de Sonatrach à plus de 98%. Argument à l’appui, le professeur cite les dernières statistiques du Centre national des transmissions et du système d’information des Douanes, qui, dans une note d’octobres 2018, entre janvier et fin septembre 2018, indique que les exportations ont grimpé à 30,012 milliards de dollars contre 25,697 milliards sur la même période de 2017,( directement plus avec les dérivées d’hydrocarbures 97/98%) soit une hausse de +4,31 milliards (+16,8%), ce qui donnerait en tendance environ fin 2018, 39/40 milliards de dollars du essentiellement non au volume physique mais à la hausse des prix au niveau international.
Il rappelle aussi les données récentes qui accroit la facture d’importation et donc les sorties de devises de la facture d’importation des collections CKD destinées à l’industrie de montage des véhicules de tourisme s’est établie à plus de 1,83 milliard de dollars sur les huit premiers mois de 2018, contre 936,86 millions de dollars durant la même période de 2017.
Pour MMebtoul, trois paramètres stratégiques déterminent l’avenir de l’économie algérienne : le cours du pétrole, l’évolution des réserves de change et la pression démographique (plus de 50 millions d’habitants en 2030) , devant créer minimum 300.000/400.000 postes de travail nouveaux par an nécessitant un taux de croissance annuel sur plusieurs années de 8/9% en termes réel et le recours à la planche à billets pour financer le déficit budgétaire, non ciblé.
« Certes, la poussée inflationniste n’est pas encore perceptible en 2018, mais les ondes de chocs ne se font sentir qu’après deux à trois années comme au Venezuela », estime-t-il en ajoutant « En ce mois d’octobre et cela depuis des décennies, l’Algérie souffre actuellement d’une crise de gouvernance et non d’une crise financière. Mais cette crise de gouvernance risque de se transformer dans trois années en crise financière, économique et politique avec l’épuisement des réserves de change ».