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Scrutin présidentiel : le poids considérable des hommes d’affaires

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Apparus sur la scène nationale à l’aune des réformes des années 90, bon nombre d’hommes d’affaires algériens sont aujourd’hui assis sur des fortunes colossales. Environ 4500 d’entre eux seraient millionnaires en dollars selon la très sérieuse agence internationale de classement des fortunes le « New World Wealth » et, sans doute, beaucoup plus de fortunés en dinars. Un pouvoir de l’argent qui a permis aux plus ambitieux d’entre eux de rentrer de plain pieds dans le territoire dangereux, mais ô combien gratifiant, du pouvoir politique.

Le financement des campagnes électorales par de richissimes  hommes d’affaires et les mandats électifs (députés, sénateurs, maires) obtenus par bon nombre de nouveaux riches, ont mis en évidence pour la première fois dans Algérie post socialiste, l’existence d’une oligarchie qui, non seulement, existe mais se renforce au gré du temps. Si son influence sur le cour des événements politiques remonte aux toutes premières années de l’ouverture des années 80 avec notamment le soutien financier qu’ils ont apportés aux premiers partis politiques agréés, c’est avec l’arrivée au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika en 1999, que leur intrusion dans le champs politique, sera le plus apparent mais cette fois avec un soutien exclusivement réservé au pouvoir en place. Une poignée d’oligarques manifesteront en effet ouvertement leur  soutien à la figure emblématique de ce pouvoir, en collectant une part non négligeable des fonds qui serviront à ses campagnes électorales. On se souvient tout particulièrement du tour de table organisé à la veille du 4é mandat par une douzaine de puissants oligarques qui avaient ainsi pu collecter une vingtaine de milliards de dinars en faveur du candidat à sa propre succession.  S’il venait à être officialisé, le 5é mandat qui se jouera en avril prochain, promet de collecter encore davantage de fonds, tant l’engouement des hommes d’affaires en quête de stabilité et de protection, est grand.

La notion d’oligarque est, de ce fait, étroitement liée au pouvoir en place qui encourage son existence et attend en retour un soutien financier sans faille. C’est une réalité qui n’est évidemment pas propre à l’Algérie, puisque partout dans le monde les candidats aux élections font appels à des lobbies financiers pour les aider à mener leurs campagnes électorales, au risque de perdre une part de leur souveraineté. Tous les pays démocratiques sans exception y ont recours et l’on voit même, le phénomène prendre une importance démesurée dans certaines contrées du monde à l’instar des pays de l’ex bloc soviétique, où les nouveaux riches, qualifiés d’oligarques, sont légions. La classe politique russe au pouvoir a, à titre d’exemple, fait du recours à l’argent des oligarques un usage courant. Ces derniers s’adonnent volontiers à ce « sponsoring » politique pour garder leur proximité du pouvoir. Ils savent pertinemment que le refus d’accepter cette règle du jeu pourrait leur valoir les foudres des autorités en place.

A la tête de grosses fortunes accumulées à la faveur du boum sans précédent  des importations, l’oligarchie algérienne est depuis les quatre dernières investitures présidentielles, une pièce essentielle dans l’échiquier de la gouvernance politique actuelle. Plus important encore, elle constitue un élément structurant de la stabilité politique et sociale du pays. Tous les connaisseurs de la scène politique algérienne reconnaissent aujourd’hui que nos oligarques sont si riches et si puissants qu’aucun gouvernement ne peut aujourd’hui se passer de son soutien multiforme et, notamment, financier. Ils sont là, de plus en plus nombreux et riches et ne pas en tenir compte serait suicidaire pour nos gouvernants qui auraient plutôt intérêt à en faire des partenaires plutôt que des alliés de camps politiques adverses. Les dirigeants politiques ont en effet intérêt à avoir les avoir de leur côté, tant leurs pouvoirs de régulation, mais aussi et surtout, de nuisances politique et sociale, sont grands.

Devant la prolifération de richissimes hommes d’affaires, les autorités politiques algériennes n’ont en réalité aucun autre choix que celui de pactiser avec eux, en accordant aux plus accommodants d’entre eux des parcelles de plus en plus larges de pouvoirs et de sources d’enrichissement au moyen des marchés publics. Les oligarques qui n’adhèrent pas à cette démarche sont, pour les plus vulnérables, torpillés sans aucun état d’âme, ou soumis à rudes épreuves si leur notoriété n’autorise pas ce genre de traitement. C’est le cas du patron de Cévital, mais il n’est malheureusement pas le seul, à qui on a voulu faire payer son rejet des intrigues politiques, par toutes sortes de blocages.

Si les oligarques sont aujourd’hui largement présents dans les grandes institutions parlementaires avec des mandats de députés ou sénateurs des voix commencent déjà à s’élever pour réclamer leur présence en tant que ministres dans le gouvernement. S’il y a effectivement volonté de tenir les oligarques loin de l’exécutif gouvernemental qui n’ont jamais pu accéder au rang de ministre, l’hypothèse n’est pas du tout à écarter dans le court ou moyen terme, tant leur poids politique et l’importance des enjeux financiers que ces nouveaux riches véhiculent, seront déterminants dans le choix des prochains leaders politiques du pays.

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