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Les places financières africaines ne sont pas toutes situées en Afrique : tour d’horizon

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Pour le commun des opinions publiques africaines, la connaissance des marchés financiers se limite à ce qui se passe directement dans leurs pays ou leur sous-région, voire en Afrique du Sud, sans conteste le marché financier le plus important du continent. Les bourses du Nigéria, de l’Egypte, du Maroc ou encore du Kenya font également parler d’elles. Mais il existe aussi, depuis des décennies, des places financières africaines importantes situées en dehors de l’Afrique…

L’Afrique a mis du temps à s’intégrer dans la modernité des marchés financiers, mais elle y est aujourd’hui bien présente. Plusieurs pays de la région disposent de marchés financiers dynamiques, dont le plus important tant en termes de valorisation et de volume des transactions est le Johannesburg Stock Exchange, le marché financier sud-africain.

Aussi, ces dernières années, l’Afrique est entrée progressivement dans le portefeuille des investisseurs internationaux à travers plusieurs stratégies. On retrouve ainsi des fonds d’investissement spécialisés sur les marchés frontières et émergents, qui comptent en leur sein, des entreprises africaines cotées de référence. Les marchés principalement ciblés sont ceux de l’Afrique du sud, le Maroc, l’Egypte, le Kenya et le Nigéria. Quelques entreprises de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilière de l’UEMOA attire aussi des institutionnels non-africains. Les engagements se font de manière directe ou, de plus en plus, via des Fonds Indiciels Cotés (ETF). 

Londres, la deuxième place financière africaine après Johannesburg : Mais l’intégration africaine sur le marché financier international va désormais au-delà de la région. Plusieurs places financières abritent aujourd’hui des centaines d’entreprises, dont le principal lieu des opérations est le « continent noir ». C’est le London Stock Exchange, le marché financier britannique, qui incarne le plus cette réalité.  Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’arrivée de la première entreprise africaine sur ce marché financier a été explosive. En 1930, la société sud-africaine African Explosives & Industries a décidé de faire le pas. Elle est toujours présente sur le London Stock Exchange et elle est la pionnière d’une série d’initiatives qui se poursuivent jusqu’à nos jours.

L’une des dernières introductions boursières africaines sur ce marché financier est celle de Rainbow Rare Earths, une société opérant majoritairement au Burundi et qui est spécialisée dans l’exploitation des terres rares. En 2017, elle est parvenue à rentrer sur la cote principale du London Stock Exchange, levant au passage 8 millions $, qui ont servi au financement de ses opérations en Afrique. Une telle opération n’aurait pu être possible au Burundi qui ne dispose pas d’un marché financier.

Certaines autres entreprises africaines arrivent sur le marché financier londonien, pour mobiliser des ressources en vue de soutenir leur expansion. C’est le cas de la compagnie nigériane Seplat Petroleum qui, en 2014, est parvenue à mobiliser jusqu’à 500 millions $. Les statistiques sont aujourd’hui sans équivoque. Londres est devenue la deuxième bourse africaine, juste après l’Afrique du Sud. A la fin de l’année 2017, les 111 sociétés africaines qui y sont cotées était valorisées à près de 150 milliards $. Aussi, rien que sur les 12 dernières années, les ressources mobilisées par ces entreprises ont frôlé les 30 milliards $.

Toronto Stock Exchange, le paradis des juniors minières africaines : L’autre place financière africaine de poids située à l’étranger, c’est le Toronto Stock Exchange, le marché financier canadien. La révolution de ce marché par rapport à l’Afrique est surtout venue avec l’émergence des juniors minières. Ces entreprises de petites tailles sont présentes dans beaucoup de pays africains, en quête de potentiel minier à développer et à vendre ensuite à de plus gros acteurs.

Le secteur minier est en effet la plus importante source d’investissements privés étrangers sur le continent africain, et les investisseurs canadiens sont depuis longtemps, au cœur de ce boom. Plusieurs facteurs ont présidé à l’émergence des sociétés minières canadiennes en Afrique : le secteur minier a l’avantage d’offrir des occasions d’affaires facilement identifiables et mesurables.  Aussi, pour un produit de qualité supérieure, les coûts de production et d’exploitation sont moindres en Afrique qu’au Canada. Enfin, la rentabilité des sites canadiens, dont les réserves ont beaucoup diminué, était en baisse et, pour assurer leur survie, les entreprises canadiennes ont dû explorer de nouveaux gisements.

En 2016, on retrouvait près de 96 entreprises minière canadiennes, dont une majorité était cotées sur le Toronto Stock Exchange. Dans une récente étude publiée par la firme de consulting et d’audit PwC, on a pu apprendre, qu’en 2017, les valorisations dans ces petites entreprises minières ont augmenté pour la deuxième année consécutive. On notera cependant, que même si elles ont mobilisé un volume important de ressources, les juniors minières canadiennes ont été moins portées vers les investissements. Les analystes de PwC pensent qu’elles ont tiré les leçons du passé, quand elles ont perdu beaucoup d’argent après avoir investi dans des actifs dont la rentabilité a baissé.

Une présence aussi marquée sur le marché international des obligations : L’Afrique se trouve également présente sur le marché international de la dette. Les Etats sont de gros acteurs de ce segment. Plusieurs raisons les ont poussés à recourir au marché international des capitaux. Dans des pays comme le Ghana, la principale raison avancée était le besoin de financer des infrastructures nécessaires pour sa transformation structurelle. Le Nigéria quant à lui a expliqué son arrivée sur le marché international de la dette, par le besoin d’établir des cours de référence pour ses obligations. Cette arrivée des gouvernements africains sur le marché international des capitaux est assez récente. Avant 2009, l’émission d’obligations souveraines (internationales) pour les pays de l’Afrique subsaharienne était négligeable. Cette tendance s’est inversée à partir de 2008, lorsqu’est survenue la crise financière internationale qui a eu l’effet inattendu de pousser les investisseurs rechercher des titres à hauts rendements. Entre 2010 et 2012, les émissions étaient modérées, avec des émissions annuelles comprises entre 1,5 et 2,5 milliards de dollars. Toutefois, en 2013 et 2014, elles ont encore augmenté, dépassant respectivement 5,1 et 6,25 milliards de dollars.

En plus des Etats, les entreprises ont également investit le marché international de dette. Entre 2013 et 2017, on compte au moins 102 sollicitations du marché international de la dette par des entreprises africaines, pour un total de près de 31,4 milliards $, selon des données fournies par PwC. Ce volume a été soutenu par de gros émetteurs comme les géant sud-africain Nasper et Simbanye Stillwater, qui en 2017 ont mobilisé chacun 1 milliards $. Le groupe bancaire américain Citi, lors d’une récente rencontre avec la presse et les ONG à Dubaï, a révélé que le potentiel de croissance des émissions internationales africaines demeure intact. A seulement 49,8 milliards $, le stock de la dette africaine demeure encore soutenable.

Ecofin

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