Le modèle et l’expérience sud-africaine dans le développement et le déploiement des énergies renouvelables, pourraient inspirer l’Algérie dans ce domaine. C’est ce qu’a recommandé hier (samedi) M. Eyl Mazzega Marc Antoine, Directeur du Centre Energie de l’IFRI (Institut français des relations internationales).
S’exprimant lors d’un panel intitulé «Energies renouvelables : Des opportunités pour l’entreprise algérienne» à l’occasion de la 4ème université d’été du Forum des chefs d’entreprises organisée à El Oued, M. Eyl Mazzega a présenté l’expérience sud-africaine dans le domaine des ENR.
De prime abord, il a rappelé que l’Algérie a deux grandes richesses que sont le gaz et le pétrole. Mais, selon lui «l’Algérie a d’autres richesses qui sont tout aussi potentiellement valorisantes et valorisables, et probablement pourraient créer plus d’emplois, c’est le solaire et l’efficacité énergétique, qui est l’énergie qui n’est pas consommée».
«J’aimerai attirer votre attention sur cet enjeu vraiment essentiel. C’est-à-dire, l’intensité de l’énergie algérienne est croissante ces dernières années. Alors que, la tendance globale dans les autres pays émergents y compris ceux de la région (Afrique du Nord), on voit cette intensité énergétique décroître, parce qu’il y a eu des politiques d’efficacité énergétique qui ont été mises en œuvre», a-t-il analysé, en expliquant que «l’efficacité énergétique concerne le secteur résidentiel, le secteur industriel et celui des transports».
M. Eyl Mazzega a indiqué que «l’Algérie est capable de relever le défi énergétique auquel elle fait face, et puis pour s’en servir comme une base de développement ici en Algérie mais aussi, surtout au niveau du sous-continent africain».
Selon lui, il y a une vraie opportunité pour le développement des ENR en Algérie, «c’est la forte baisse des coûts du solaire». Dans ce sens, il a tenu a cité l’exemple de l’Afrique du Sud et son programme en la matière. «Aujourd’hui en Afrique du Sud, il est beaucoup moins cher de construire des centrales photovoltaïques par rapport à des centrales à gaz. Et il est beaucoup moins cher de produire de l’électricité à partir de centrales photovoltaïques par rapport à des centrales à gaz», a-t-il indiqué.
Pour Eyl Mazzega, l’Afrique du Sud en est arrivé là, parce qu’«il y a eu un écosystème en conjonction avec différents facteurs qui ont permis à l’Afrique du Sud en l’espace de 6 ans d’attirer 15 milliards de Dollars d’investissements privés». Et d’ajouter que «l’investissement privé est absolument essentiel pour permettre deux choses : d’abord un déploiement efficace et surtout assurer un déploiement de ces renouvelables à moindre coût».
L’expérience sud-africaine est aussi un succès, parce qu’ils ont eu un secteur bancaire extrêmement liquide, a-t-il rappelé. «L’accès au financement c’est clé. Parce qu’ils ont eu aussi une volonté politique claire, c’est-à-dire que les investisseurs que le cadre réglementaire est comme ça et qu’il ne bougera pas, il y avait une vraie prévisibilité. C’est de ça dont les investisseurs ont besoin», a-t-il souligné, en affirmant que c’est dû aussi au fait qu’«il y avait zéro corruption dans le mécanisme d’appels d’offres. C’est pour cela que, parmi les 15 milliards de Dollars d’investissements, 80% sont des capitaux étrangers».
«Le Gouvernement sud-africain, parce qu’il a une vision, a pu mettre en œuvre des contrats de localisation des équipements qui étaient à coûts très élevés. Mais, les entreprises ont décidé d’investir dans la localisation en Afrique du Sud pour créer de l’emploi, parce qu’ils savaient vu les objectifs, que cela allait être rentable. Aujourd’hui, l’Afrique du Sud sert de base de développement pour le solaire et l’éolien dans toute la sous-région», a expliqué encore le Directeur du centre énergie de l’IFRI.
M. Eyl Mazzega a estimé que «c’est le modèle que l’Algérie pourrait tout à fait reproduire et, s’il faut le faire c’est maintenant. Et pourquoi maintenant ? Parce que, le changement climatique avance beaucoup plus rapidement qu’on le croit. D’où l’idée impérative de renforcer, d’accélérer ces efforts maintenant».
Pour développer l’efficacité énergétique et les ENR il faut réformer les subventions des prix
Par ailleurs, le panéliste, tout en estimant qu’«en Algérie il y a une ressource gazière vraiment extraordinaire, relève que les exportations qui rapportent de l’argent ont été limitées par l’accroissement de la demande intérieure». Pour y remédier, a-t-il analysé «il faut soit limiter la demande intérieure soit augmenter la production. Mais, les deux sont évidemment, compliquées».
Selon M. Eyl Mazzega «Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que, partout dans le monde où le développement de l’efficacité énergétique et du solaire ont progressé, ce sont des pays où il y a eu une réforme des prix et des subventions des prix». Et pour lui «le succès d’une réforme pour les subventions des prix, repose sur un ensemble d’élements : Il faut que ce soit étalé dans le temps, il faut que les consommateurs perçoivent leurs intérêts réels, et ressentent une amélioration du service, il faut qu’il y est une transparence dans la gestion des revenus supplémentaires qui sont engrangés».
Enfin, il conseillé de ne pas penser au solaire sans l’efficacité énergétique. «Les deux doivent être composées et surtout, l’efficacité énergétique va permettre de réduire la pression sur les factures. Parce que, si les prix augmentent, si vous consommez moins la pression sera moindre», a-t-il encore expliqué.