Les organisations internationales, avec l’appui des trois géants du numérique, lancent le Famine Action Mechanism (FAM), premier mécanisme mondial destiné à prévenir la famine. La riposte à ces fléaux, qui intervient souvent lorsque de nombreuses vies ont déjà été perdues, est en effet trop tardive et fort onéreuse. Le nouveau dispositif entend y remédier en s’attachant à anticiper les famines, à s’y préparer et à intervenir rapidement, soit autant de mesures qui peuvent sauver davantage de vies et réduire les coûts humanitaires de près de 30 %. L’initiative utilisera le pouvoir prédictif des données pour débloquer des fonds grâce à des instruments de financement appropriés, en collaborant étroitement avec les systèmes existants.
En 2017, plus de 20 millions de personnes dans le Nord-Est du Nigéria, en Somalie, au Soudan du Sud et au Yémen ont été confrontées à la famine ou à une situation proche de la famine sous l’effet conjugué des conflits, de la pauvreté, du changement climatique et du prix des denrées alimentaires. Ces facteurs persistent dans de nombreuses régions du monde, au risque d’anéantir les acquis du développement durement obtenus dans les pays en situation de pauvreté chronique. Aujourd’hui, 124 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire critique et ne pourront survivre sans une aide humanitaire d’urgence. Plus de la moitié d’entre elles vivent dans des zones de conflit. « Le Mécanisme de lutte contre la famine (FAM) est un nouvel outil important qui aidera à prédire et donc à prévenir l’insécurité alimentaire et la famine avant qu’elles n’aient une chance de s’installer. La prévention des crises sauve des vies. Avec ce dispositif, nous renouvelons notre engagement à éradiquer la famine et l’insécurité alimentaire aiguë », a déclaré le secrétaire général de l’ONU António Guterres. « Le fait que des millions de personnes, dont de nombreux enfants, souffrent encore de malnutrition sévère et de la faim au XXIe siècle est une tragédie mondiale, a déclaré le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim. Nous créons une coalition mondiale sans précédent pour dire ʺplus jamais çaʺ. Le Mécanisme de lutte contre la famine (FAM) est une démarche préventive qui combine la haute technologie, un financement rapide et une collaboration étroite sur le terrain. Il nous permettra de déployer toutes nos ressources pour protéger les plus pauvres et les plus vulnérables, en recentrant notre attention collective sur les millions de personnes qui vivent en situation d’insécurité alimentaire chronique. »
« Le CICR œuvre en première ligne à travers le monde et voit les souffrances profondes infligées par la guerre et la violence. La famine est souvent un symptôme dévastateur de situations de conflit prolongé. Nous avons bon espoir que les nouveaux modèles de collaboration comme celui-ci apporteront de nouvelles solutions et permettront de réduire l’insécurité alimentaire dans le monde », a indiqué le président du CICR Peter Maurer.
Le FAM soutiendra des investissements qui s’attaquent aux causes profondes d’une famine dès les premiers signes avant-coureurs. Il aidera à développer des moyens de subsistance, des filets de sécurité et des mécanismes d’adaptation pour les plus vulnérables. La Banque mondiale, qui a investi près de 3 milliards de dollars par an dans des initiatives en faveur de la sécurité alimentaire au cours de la dernière décennie, va s’employer à rechercher de nouveaux moyens d’accroître ces investissements dans le cadre de ses futurs projets et programmes.
Le nouveau dispositif utilisera des technologies de pointe pour créer des systèmes d’alerte précoce en mesure d’indiquer quand une crise alimentaire risque de se transformer en famine. Ces alertes déclencheront des financements et des plans d’action prédéfinis par les bailleurs de fonds, les organismes humanitaires et les gouvernements afin d’intervenir plus rapidement et plus efficacement. « Si nous parvenons à mieux prédire quand et où une famine aura lieu, nous pourrons sauver des vies en intervenant plus rapidement et plus efficacement, a déclaré le président de Microsoft Brad Smith. L’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique sont très prometteurs pour la prévision et la détection des premiers signes de pénurie alimentaire, tels que les mauvaises récoltes, les sécheresses, les catastrophes naturelles et les conflits. Microsoft est fier de se joindre à Amazon et à Google pour trouver des moyens de répondre à ce besoin humanitaire ».
Google, Microsoft, Amazon Web Services et d’autres entreprises technologiques mobilisent leur expertise pour mettre au point une série de modèles d’analyse baptisée « Artemis » qui utilise les technologies de pointe basées sur l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique pour prévoir l’aggravation des crises alimentaires en temps réel. Ces prévisions aideront à guider les décisions pour intervenir plus rapidement. « L’intelligence artificielle et les autres technologies de pointe peuvent être extrêmement utiles au bien commun. Des expériences montrent déjà qu’elles peuvent aider les agriculteurs à détecter les maladies du manioc, à élever du bétail plus productif et en meilleure santé, et à intégrer tous les secours. Google est fier de s’associer à la Banque mondiale dans le cadre du Mécanisme de lutte contre la famine [FAM] et de contribuer ainsi à la prévention des famines à travers le monde », a déclaré Kent Walker, premier vice-président pour les relations internationales et chef des services juridiques de Google. « Nous sommes fiers de participer au FAM et de collaborer à la résolution de l’un des défis les plus pressants du monde, a déclaré Teresa Carlson, vice-présidente d’Amazon Web Services en charge du secteur public. Un partenariat public-privé comme celui-ci nous permet de mettre les technologies de pointe au service des grands organismes humanitaires en leur offrant des outils novateurs pour prédire et prévenir les famines et, à terme, sauver des vies. »
Le FAM s’appuie sur l’expérience de la Banque mondiale et son engagement à mieux prédire les risques et à prévenir les crises de tous ordres avant qu’elles n’éclatent. En juillet, les Administrateurs du Groupe de la Banque mondiale ont approuvé la création d’un nouveau dispositif visant à mettre en évidence les risques avant qu’ils ne se transforment en véritables crises. La Plateforme mondiale contre le risque de crise (Global Crisis Risk Platform) intègre la prévention et la préparation aux crises dans les stratégies de développement des pays. Elle est utilisée pour anticiper des crises mondiales telles que la famine, l’épidémie d’Ebola et d’autres catastrophes naturelles ou d’origine humaine.
Le FAM s’inscrit également dans la continuité des actions menées par l’ONU pour prioriser la prévention et assurer une prise en compte systématique des risques. Il est également conforme aux dispositions de la résolution 2417 (2018) récemment adoptée par le Conseil de sécurité, qui concerne le lien entre l’insécurité alimentaire provoquée par les conflits et le risque de famine. Le FAM sera initialement déployé dans un petit groupe de pays vulnérables, avec l’objectif à terme d’assurer une couverture mondiale. Le 13 octobre, les dirigeants participant à cette initiative se réuniront dans le cadre des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale pour examiner plus avant sa mise en œuvre.
Source WBANK