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M. Abderahmane Benkhalfa, « l’attractivité de notre économie est faible »

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Le budget du projet de loi de finances 2019 ne prévoit pas d’autres rentrées nouvelles en dehors des rentrées fiscales, ce qui nous fait revenir à la dépendance à la dépense publique, a estimé l’ancien ministre des finances, M. Abderahmane Benkhalfa, lors de son passage à la Radio Chaîne 3.

La dépense publique alimente la vie économie et les entreprises publiques en dépendent encore, puisque, selon lui, « nous sommes retournés à des budgets d’équipement importants », précisant qu’«entre 2015 et 2017, nous étions en période de contraction budgétaire ».

L’ancien ministre juge« acceptables» les dépenses budgétaires prévues dans le projet de loi de finances 2019 qui s’élèvent à 8.500 milliards de dinars, et estime que dans la situation actuelle, on se demande si, à l’avenir, elles seraient soutenables.

Élaboré sur la base d’un prix du pétrole à 50 dollars le baril, ce projet de loi prévoit 6.508 milliards de dinars de recettes budgétaires, dont 2.714 milliards de dinars de fiscalité pétrolière et  8.557 milliards de dinars de dépenses budgétaires. A ce propos, M. Benkhalfa a indiqué que « ce déficit budgétaire, sur la base d’un baril à 50 dollars, n’est pas conforme aux normes ». Cependant, il se réjouit de la hausse de la fiscalité pétrolière, « nous en bénéficions tous », a-t-il souligné.

S’agissant de la fiscalité ordinaire, l’intervenant explique qu’elle souffre d’un problème d’assiette qui « n’évolue pas ». Il déplore également l’absence, dans la loi de finances 209, de signaux économiques, notamment sur le plan des ajustements structurels.

Le gouvernement a révisé à la baisse la croissance économique pour 2019 à 2,6% contre 4,5% prévue, alors qu’elle reste encore tirée par la dépense publique. A ce propos, M. Benkhalfa a indiqué qu’on n’avait pas suffisamment d’investissements économiques, qui selon lui, sont concentrés sur l’Etat. «Nous n’avons pas un marché financier », a-t-il renchérit.

L’ancien ministre a rappelé au passage que « les opérations d’inclusion bancaire et financière, l’emprunt obligataire et les ressources non budgétaires, ne sont pas mobilisés au rythme souhaité, ainsi que l’élargissement de l’assiette fiscale», ajoutant que « le retour à un budgétaire salutaire, alimenté par la fiscalité pétrolière, n’est pas souhaitable à moyen terme et la dynamique économie s’adosse aux revenus pétroliers ».

Interrogé sur l’investissement privé, M. Benkhalfa plaide pour une ouverture aux investissements directs étrangers et pour une réforme du régime de change, précisant que « de ce point de vue, l’attractivité de notre économie est faible ».

M. Benkhalfa craint un retour à la situation d’avant 2014, avec une loi de finance trop forte et une commande publique qui renaît. Ce projet de loi ne porte « aucun signal sur le plan de la transformation de l’économie », a-t-il souligné.

Le solde globale du Trésor public devra afficher un déficit de près de 2.200 milliards de dinars en 2019. A ce propos, l’ancien ministre a indiqué qu’il faut le financer et qu’on est obligé de nous endetter auprès de la Banque centrale, précisant que « ce déficit sera mieux comblé », en raison d’un baril de pétrole qui « tourne autour de 80 dollars ».

Il espère qu’on aurait moins de financement non conventionnel qui reste, selon lui, un « financement exceptionnel », rappelant que la Banque d’Algérie finance ce déficit par un endettement interne, mais il met en garde contre l’inflation créée par le financement monétaire.

M. Benkhalfa se dit inquiet par le marché de l’immobilier qui reste distributif et spéculatif, en rappelant la construction de 90.000 logements AADL prévus dans le projet de loi de finances 2019. Il se dit également alerté par une bonification à 100% des crédits bancaires prévue dans ce cadre.

Interrogé sur les secteurs qui devraient tirer la croissance, M. Benkhalfa cite « l’économie des services, les TIC le tourisme le secteur bancaire et financier », précisant que « l’économie des services est en décalage ».

Il a rappelé que « l’année dernière, nous avons d’importants excédents en agriculture et en l’absence d’une politique d’exportation, on aura des retours ingérables », soulignant que « l’économie des services est l’élément qui va nous permettre à l’avenir de retourner à une croissance saine ».

M. Bnekhalfa estime qu’« il ne faut pas continuer à subventionner les entreprises publiques », tout en plaidant pour une révision du « financement des entreprises publiques, ainsi que leur niveau de services mais aussi l’ouverture de leurs capitaux », ajoutant que « nous avons maintenant assez de moyens pour ouvrir le capital des entreprises publiques, avec des partenaires étrangers de référence ou sur la Bourse d’Alger ».

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