Les prix du pétrole restent orientés à la hausse, en atteignant leur niveau le plus élevé depuis novembre 2014 après la décision de l’Opep et ses partenaires de maintenir la production pétrolière malgré les pressions du président américain Donald Trump.
Beaucoup d’analystes évoquent ouvertement la possibilité d’un baril de pétrole à 100 dollars d’ici la fin de l’année ou au début de 2019 avec l’entrée en vigueur des sanctions américaines contre l’Iran. Le marché semble confirmer ses prévisions, puisque le cours du Brent, référence du marché mondial, a repassé lundi le cap des 80 dollars pour remonter à son meilleur niveau depuis mai dernier.
Cette nouvelle donne du marché pétrolière avec une perspective d’un baril à 100 dollars va-t-elle donner au gouvernement algérien une marge de manœuvre pour équilibrer les comptes de l’Etat ? Le gouvernement va-t-il annuler le financement non conventionnel ?
A ce propos, M. Souhil Meddah, directeur général du cabinet RMG Consulting, une société spécialisée dans les services financiers, explique que « l’émission monétaire non conventionnelle est actionnée dans des situations de besoin précis, depuis le mois de janvier dernier 1.400 milliards de dinars ont été émis ».
Il a souligné que « ce financement intervient pour compenser un déficit à chaque fois qu’il y a un déficit ou qu’il n’est pas recouvrable ailleurs, on l’actionne à partir du financement non conventionnel, du fait que le Fonds de régulation des recettes n’existe plus et que les autres ressources ne sont pas actionnées dans le cadre de mobilisation de l’épargne ou de l’emprunt national, tel qu’il a été prescrit en 2016 ».
M. Meddah pense que le gouvernent va maintenir la planche à billet, « on ne va pas annuler le recours à la planche à billets, on est parti pour cinq ans, mais les niveaux pourraient être allégés ».
S’agissant de la question du financement non conventionnel, M. Meddah explique qu’« on se focalisera toujours sur le déficit budgétaire, avec deux facteurs qui restent déterminent : le prix du baril et la fluctuation du dinar », soulignant que si on dévalue le dinar, on sollicitera moins la planche à billets.
Concernant la balance commerciale, notre interlocuteur pense qu’elle restera globalement déficitaire : « on estime le niveau des exportations à environ 35 milliards de dollars contre 40 à 45 milliards de dollars d’importations, il y’aura donc toujours un déficit commercial maintenant. Il reste à déterminer quelle relation bilatérale nous voulons avoir avec nos partenaires commerciaux », citant l’exemple de la Chine avec qui nous sommes très déficitaires.
Il a précisé que « la balance des paiements a une relation avec le déficit commerciale, ainsi que les autres transactions, comme les IDE et les transferts de dividendes. On sera déficitaire dans les trois paramètres, vu que notre point d’équilibre est à 108 dollars le baril ».
Notre interlocuteur reste toutefois prudent sur l’impact de la hausse des prix de l’or noir, notamment depuis la dernière réunion des producteurs à Alger, en rappelant que si demain le marché pétrolier chute, les données vont changer du jour au lendemain.
M. Meddah juge une éventuelle levée des suspensions des importations comme « possible », expliquant que « la suspension tarifaire est un modèle qui n’a jamais fonctionné, c’est un modèle mercantiliste. La suspension tarifaire reste une décision administrative qui ne peut pas durer dans le temps et les mesures tarifaires vont se griffer sur un marché bien précis », ajoutant « il vaut mieux rester sur la gestion des coûts que la suspension physique des produits, la gestion des coûts des importations devra se maintenir dans le temps, quelque soient les indicateurs macroéconomiques qui existent ».