Des importateurs de poudre de lait destinée à la fabrication du lait en sachet et subventionnée par le gouvernement algérien dans le cadre du mécanisme de soutien aux produits de premières nécessité, surfacturent la marchandise importée et détournent le surplus d’argent qu’ils cachent à Genève en Suisse, rapporte, ce mercredi 5 septembre 2018, swissinfo.ch
Pour rappel, l’Algérie recourt depuis des années à la poudre de lait importée pour pallier au déficit de la production locale de produit. Un marché qui fait bien les affaires des barons de l’importation par le moyen de la surfacturation
Selon swissinfo.ch «deux arrêts des tribunaux fédéraux suisses ont révélé cet été qu’une partie de leurs bénéfices sont séquestrés à Genève, tandis qu’à Alger, l’enquête est toujours en cours».
A ce propos, le même site a cité le fabricant algérien de lait en sachets Zoubir Bererhi, dont le nom est apparu pour la première fois dans la presse en 2016, à l’occasion des Panama Papers, dont «les documents de la firme panaméenne Mossack Fonseca analysés à l’époque par le collectif de journalistes ICIJ révélaient que cet homme d’affaires algérien de 75 ans avait gonflé les factures du lait en poudre qu’il importait dans son pays», a précisé la même source.
Cet importateur, aurait constitué plusieurs sociétés offshores avec «l’aide de Mossack Fonseca, afin de pouvoir surfacturer le lait déshydraté en toute discrétion», d’après l’enquête de l’ICIJ, qui a révélé que «Zoubir Bererhi acquérait les tonnes de lait lyophilisé en passant par une société détenue en secret. Puis il rachetait cette même marchandise, cette fois officiellement, via sa laiterie algérienne. Entre temps, la facture avait mystérieusement pris l’ascenseur pour atteindre jusqu’au double du prix du marché. En Algérie, c’est l’Etat qui payait le surplus. Et l’entrepreneur encaissait les profits à l’étranger».
Selon la même enquête, la surfacturation de l’importation du lait en poudre lui aurait permis d’empocher 1.2 millions de Dollars par mois entre 2007 et 2009.
Selon la même source, alors que l’enquête se poursuit en Algérie depuis plus de dix ans, le Tribunal pénal fédéral suisse a été saisi, en juillet de l’année passée, par le juge d’instruction du pôle spécialisé du Tribunal de Sidi M’hammed pour requérir la coopération de la justice suisse.
«L’enquête est diligentée des chefs d’organisation d’association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux dans le cadre d’une organisation criminelle», ont précisé les juges de Bellinzone, cité par le même média, qui a jouté que, selon le résumé des faits inclus dans leur arrêt, le 25 août 2017, «le Ministère public genevois a ordonné le séquestre de plusieurs comptes dans deux banques du canton».
Toutefois, le même journal a précisé que, Zoubir Bererhi n’est pas le seul impliqué dans cette affaire. Puisque, son fils et son beau-frère, qui possédaient des comptes en leur nom en Suisse, figurent parmi les personnes visées par la requête algérienne.
Les Bererhi ont naturellement tenté de bloquer la procédure, qui, selon swissinfo.ch leur demande est d’abord allée au Tribunal pénal fédéral de Bellinzone qui a ete rejetée, puis, une seconde fois par les juges du tribunal fédéral.
La même source a indiqué que le Ministère public de Genève, interrogé par Gotham City, a confirmé ainsi, que les informations liées aux comptes des Bererhi en Suisse, ont été transmises à Alger. Mais, le parquet n’a pas souhaité donner plus de détails, sur «d’éventuelles procédures en Suisse».