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Le Zimbabwe aux urnes pour les premières élections post-Mugabe

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Les Zimbabwéens votaient lundi lors des premières élections générales depuis la chute du président Robert Mugabe en novembre après trente-sept ans de pouvoir, des scrutins historiques organisés dans un climat de suspicion de fraude. Un total de 23 candidats – un record – sont en lice pour la présidentielle, organisée en même temps que les législatives et les municipales.

La course pour la fonction suprême se joue entre l’actuel chef de l’Etat Emmerson Mnangagwa, patron de la Zanu-PF, le parti au pouvoir depuis l’indépendance du Zimbabwe en 1980, et l’opposant Nelson Chamisa, leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC).

De longues files d’attente se sont formées, très tôt lundi matin, devant de nombreux bureaux de vote à Harare. « J’espère un nouveau Zimbabwe », qui « offre des opportunités égales pour tous », a déclaré Lalita Mtetwa, une diplômée de 30 ans au chômage. « On a des millions de personnes éduquées sans emploi et vivant dans la pauvreté, seuls les riches sont dans une meilleure position », a-t-elle fulminé.

« Donnons sa chance » à Emmerson Mnangagwa, a lui estimé Paddington Mujeyi, un vendeur de parfum de 30 ans. « Depuis quelques mois, nous avons vu des changements côté liberté. On n’est pas harcelés comme du temps de Mugabe ». Il a été remplacé par son ancien bras droit, M. Mnangagwa, qu’il avait démis quelques semaines plus tôt de ses fonctions de vice-président. Ce dernier, âgé de 75 ans, cherche désormais à obtenir par les urnes la légitimé du pouvoir. Celui qui est surnommé « le crocodile » affirme avoir tiré un trait sur son passé de cacique du régime Mugabe, et a promis de rétablir la démocratie et de remettre sur les rails une économie aux abois.

Le président Mugabe, nonagénaire, a dirigé d’une main de fer le pays pendant près de quatre décennies. Il a été contraint à la démission en novembre, poussé vers la sortie par l’armée et par son propre parti, la Zanu-PF, qui ont refusé que sa fantasque et ambitieuse épouse Grace Mugabe lui succède le moment venu.

Nelson Chamisa, 40 ans, a voté lundi matin à Harare, dans un bureau de vote du quartier de Kuwadzana où des centaines d’électeurs attendaient calmement leur tour. « Je n’ai aucun doute que d’ici la fin de la journée, nous devrions avoir une voix catégorique pour le changement, pour le renouveau, pour la jeunesse que je représente », a-t-il lancé, avant de soulever une fois de plus la question de fraudes possibles, alors que les élections sous Mugabe ont été régulièrement entachées d’irrégularités et de violences. « Dans les régions rurales, (…) si les élections sont justes (…), la victoire est certaine pour le peuple », a-t-il ajouté.

La veille, il avait le reçu le soutien, inattendu et embarrassant pour lui, de l’ancien président Mugabe. Lors d’une conférence de presse surprise, l’ex-homme fort du pays a appelé les électeurs à faire chuter la Zanu-PF. « J’espère que le vote de demain (lundi) va faire tomber la forme militaire de gouvernement » actuel, a-t-il lancé depuis sa luxueuse résidence de Blue Roof à Harare. « Je ne peux pas voter pour ceux qui m’ont mal traité », a-t-il poursuivi, avant de sous-entendre qu’il donnerait sa voix à M. Chamisa, dont il a toujours combattu la formation.

M. Mnangagwa reste toutefois favori de la présidentielle, mais l’écart avec son principal adversaire s’est récemment réduit dans les sondages. Le premier est crédité de 40% des suffrages, contre 37% pour le second, selon un sondage publié il y a dix jours par le groupe Afrobarometer. Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue, un second tour sera organisé le 8 septembre.

Tout au long de la campagne, le président Mnangagwa a promis l’apogée d’une « nouvelle démocratie » et des milliards de dollars d’investissement pour remettre sur pied une économie ruinée par les réformes catastrophiques de son prédécesseur.

Le pays manque cruellement de liquidités, obligeant la population à faire la queue des heures devant les banques pour obtenir quelques dizaines de dollars en liquide, tandis qu’une écrasante majorité de la population est au chômage. M. Mnangagwa s’est également engagé à la tenue d’élections libres et transparentes, à rebours des fraudes et des violences qui ont largement entaché les scrutins de l’ère Mugabe.

La Zanu-PF « doit maintenir un semblant d’élections libres et justes pour pouvoir attirer des investissement étrangers », a estimé le cabinet EXX Africa, basé à Londres. « Cependant, il reste de graves inquiétudes sur la crédibilité du vote », a-t-il ajouté.

L’ONU s’est- elle inquiétée des « intimidations » et « menaces de violences et de harcèlement » d’électeurs avant les scrutins, mais elle a aussi salué « l’élargissement de l’espace démocratique au Zimbabwe« . Pour la première fois depuis seize ans, des observateurs occidentaux ont été invités à surveiller le vote lundi.

Afp

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