Baptisé Jefta (Japan-UE free trade agreement), cet accord concerne une zone de libre-échange couvrant près d’un tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial. 85% des produits agroalimentaires de l’UE pourront entrer au Japon sans droits de douane tandis que les Japonais obtiennent de leur côté un libre accès au marché européen pour leur industrie automobile.
L’Union européenne et le Japon ont signé ce mardi un accord de libre-échange couvrant près d’un tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial, présenté comme «historique». À Tokyo, le président du Conseil européen Donald Tusk a évoqué un «message clair» adressé au protectionnisme, faisant allusion aux récents tarifs douaniers décidés par le président américain Donald Trump.
«Nous envoyons un message clair que nous faisons front commun contre le protectionnisme», a lancé Donald Tusk lors d’une conférence de presse après la signature du document. «Nous montrons que nous sommes plus forts et mieux positionnés quand nous travaillons ensemble», a renchéri le président de la Commission Jean-Claude Juncker, aux côtés du premier ministre japonais Shinzo Abe. La rencontre de Tokyo était initialement prévue la semaine dernière à Bruxelles mais le premier ministre japonais a été contraint d’annuler son voyage en raison d’inondations dans l’ouest du pays, qui ont tué plus de 220 habitants.
Le pacte avec le Japon, dont la signature consacre des discussions ouvertes en 2013, est «historique» et constitue l’accord «le plus important jamais négocié par l’Union européenne», selon le porte-parole de la Commission européenne Margaritis Schinas. «À un moment où les mesures protectionnistes gagnent du terrain à travers le monde, la signature aujourd’hui de l’accord UE-Japon montrera au monde une fois de plus notre volonté politique inébranlable de promouvoir le libre-échange», avait pour sa part déclaré mardi le ministre japonais de la Revitalisation économique, Toshimitsu Motegi.
Baptisé Jefta (Japan-UE free trade agreement), cet accord porte sur une zone de libre-échange couvrant près d’un tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial. Il doit être soumis au Parlement européen en vue d’une entrée en vigueur en 2019, si le Parlement japonais le vote lui aussi rapidement.
Côté européen, le secteur agroalimentaire sort grand vainqueur des discussions. Au final, 85% des produits agroalimentaires de l’UE pourront entrer au Japon sans droits de douane, mais parfois à l’issue de périodes de transition. D’autres, comme le bœuf, verront les taxes imposées être progressivement réduites. Le riz, un produit hautement symbolique pour les Japonais, est exclu de l’accord.
Tokyo s’engage par ailleurs à reconnaître plus de 200 indications géographiques comme le Roquefort, le Tiroler Speck autrichien, le Jambon d’Ardenne belge ou la Polska Wódka (vodka polonaise), qui bénéficieront «du même niveau de protection qu’en Europe». Les négociations ont été particulièrement complexes sur les produits laitiers, secteur sensible pour Tokyo. L’accord éliminera les droits de douane très élevés sur plusieurs fromages, mais la période de transition pourra atteindre 15 ans. Les Japonais obtiennent de leur côté un libre accès au marché européen pour leur industrie automobile, mais seulement à l’issue d’une période transitoire de plusieurs années. Cet accord comprend aussi un chapitre sur le développement durable.
Véritable pierre d’achoppement des discussions, la protection des investissements n’est en revanche pas comprise dans l’accord signé ce mardi. La plupart des ententes commerciales du monde laissent la possibilité à une entreprise qui s’estime lésée par la politique d’un État après y avoir investi de l’attaquer pour obtenir réparation. Ces différends sont généralement tranchés via un système d’arbitrage dont les Européens ne veulent plus entendre parler. Du fait de l’absence de cette partie sur la protection des investissements, l’accord ne nécessite pas de passer par les Parlements nationaux, précisent des sources européennes.
Afp